I.2. Justifications du choix du
sujet
Un tel sujet a été motivé par l'adoption
en 2012 du plan communal de développement par la municipalité
d'Abong-Mbang. Ce plan porte la vision de développement communal et
permettrait de réduire de manière significative les écarts
spatiaux entre le centre-ville et les périphéries et de la
même façon porter un véritable coup à l'exode rural
grandissant. Bien que certaines infrastructures aient été
construites, on se rend toujours compte que les villages se vident et le
développement en lui-même semble peu évolutif dans
« l'arrière-pays » de la commune. A titre
d'illustration, seules les écoles du centre urbain ont une connexion
électrique et un point d'eau, sans oublier que sur les trente-quatre
(34) villages, seuls neuf (09) sont alimentés par le réseau
électrique. Aussi, les déplacements vers les villes en termes de
mobilité résidentielle se sont accentués soit 17,6% pour
des raisons de recherche d'emploi si l'on se réfère aux
données de L'Institut National de la Statistique (INS) de 2015. On
pourrait parler ici d'une certaine
« disparité territoriale » (Schoumaker, 1994)
entre les différents territoires communaux. Il devient donc judicieux de
s'appesantir sur les actions de la commune afin de voir comment est-ce
qu'elles participent de la réduction de ces inégalités au
plan de l'aménagement territorial. Notre choix a été
porté vers la commune d'Abong-Mbang en raison du fait que le Plan
Communal de Développement (PCD) de ladite commune est parvenu depuis
2017 à sa première phase d'exécution étant
donné qu'il était un plan quinquennal, il devenait de ce fait
intéressant de pouvoir l'évaluer au regard des problèmes
qu'il soulevait.
II-
PROBLEMATIQUE
La problématique d'une recherche est l'approche ou la
perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ. C'est donc une
manière d'interroger les phénomènes étudiés
en vue d'obtenir de nouvelles informations (Quivy&Campenhoudt, 1995). Elle
consiste à faire un état de la question afin d'en ressortir le
problème sous-jacent.
II.1. Etat de la question
L'aménagement des territoires semble être la
réponse idoine aux questions de lutte contre la pauvreté et
d'amélioration du cadre de vie des populations (Schoumaker, 1994). C'est
dans cette optique quele législateur camerounais a adopté la loi
N°2011/008 du 06 Mai 2011 d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire au Cameroun, qui stipule en son
article 3 (1) que :
l'aménagement et le développement du
territoire consistent en la mise en oeuvre d'une planification physique
corrigeant les disparités naturelles ou celles liées au
développement par la recherche d'une répartition judicieuse,
équilibrée et aussi intégrée que possible des
hommes , des activités de production des infrastructures et des
équipements sur l'ensemble du territoire.
Par cette disposition, il est question de mettre en avant le
principe d'égal accès des citoyens aux équipements et
services de qualité sur l'ensemble du territoire local. Cette
volonté est appuyée par le transfert des compétences et
des ressources appropriées aux Collectivités territoriales
décentralisées (CTD) en matière d'aménagement du
territoire mais aussi à une invite des différentsacteurs locaux
(CTD, organismes publics, acteurs socio-économiques et les
citoyens)à la prise des décisions,à la mise en oeuvre et
à l'évaluation concertées en matière
d'aménagement du territoire. L'Article 7 de la même loi, vient
renforcer ces propos en posant que la politique d'aménagement et de
développement durable du territoire se fonde sur des choix
stratégiques comme l'amélioration des conditions de vies dans les
zones rurales, l'atténuation del'exode rural, le désenclavement
du pays, etc.
À l'observation, par contre, on se rend compte que la
pauvreté de manière générale va grandissante et les
populations rurales, pour l'essentiel, éprouvent des difficultés
à avoir accès aux infrastructures de base. Ainsi, selon les
résultats de la quatrième enquête camerounaise
auprès des Ménages (Ecam4 :2015) de l'INS, le milieu rural
concentre 90% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté, le taux de
pauvreté se situant ici à 56,8%. Toujours selon l'INS,
interrogeant les ménages sur le taux de satisfaction de la politique
étatique de rapprochement de certaines infrastructures de base des
populations, il en ressort que concernant les routes, 29,7% des populations en
milieu rural sont satisfaits, contre 48,9% en milieu urbain ; au plan des
centres de santé nous avons 59% en milieu rural contre 63,2% en milieu
urbain. Bien plus, dans la commune d'Abong-Mbang, sur 34 villages, seuls neuf
(09) sont alimentés par le réseau électrique ENEO.Les
villages se dépeuplent de plus en plus au profit du centre-ville, ceci
sans omettre que les routes desservant les zones rurales, exception faitede la
Nationale N°10, sont en état de délabrement, ce qui entraine
des problèmes de déplacements. Dans cette description, il faut
également mentionner le cas de la route desservant la zone de
Ntimbé 1 en passant par Ankouamb qui est fréquemmentdansun
état de délabrement. A cela, il faut ajouter les villages qui se
trouvent à plusieurs Kilomètres d'un centre de santé, on
voit par là les villages Missoumé,Ntimbé 2. Une situation
qui constitue une difficulté pour les agriculteurs qui doivent vendre
les produits de leurs activités au seul marché des vivres qui se
trouvent au centre-ville. Bien plus encore, le Programme National de
développement participatif (PNDP) a mis sur pied des conseils de
concertation locaux dans le cadre de la valorisation des réponses
endogènes au développement ; une telle mesure vise à
voir émerger des sortes d'instances locales qui traitent des questions
de la localité. Ces instances ont été créées
dans la commune d'Abong-Mbang et encadrées par un chargé des
communautés pour répondre à la question de
l'impératif de développement.
Or malgré tout ces efforts, on se rend compte que les
zones rurales sombrent dans un gouffre de précarité à
travers l'absence d'infrastructures sociales, ce qui questionne le maillage des
actions en faveur de ces zones et met en lumière ce que l'on pourrait
appeler la forte inégalité entre le milieu rural et le milieu
urbain. Ces préoccupations se trouvent au centre de notre étude.
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