2. Appuis politique et renforcement de la
démocratie
Lorsqu'on lit les résolutions du Conseil de
sécurité, notamment les résolutions 2502 (2019), 2478
(2019) et 2463 (2019), l'on remarque que le Conseil de sécurité
souligne généralement la nécessité de
transférer de façon progressive les taches de la MONUSCO au
gouvernement congolais et l'équipe de pays des Nations Unies. Ce projet
de transfert des taches aux acteurs locaux est pensé afin que la Mission
puisse, « moyennant une évolution favorable »,
quitter le pays, selon « un plan de retrait responsable et durable
».
Dans sa résolutions 2463 (2019), le Conseil de
sécurité met un accent particulier sur la sécurité
des communautés et l'amélioration du fonctionnement des
institutions de l'État qui ont un impact sur la sécurité
quotidienne. Les aspects relatifs à l'impunité et au droit de
l'homme en générale, notamment en relation avec les
activités des groupes armes, sont ce que le Conseil cherche à
travailler avec le gouvernement de la République Démocratique du
Congo. Dans le concept d'appui politique, on entend l'idée de
renforcement des institutions de l'État, y compris dans le cadre du
secteur de la sécurité en tant que second pilier essentiel de
mission dans l'optique de compléter le premier pilier dont celui de la
protection des civils et de la stabilisation du pays.
Ce qu'il semble important de mettre en perspective ici, c'est
la question d'appui politique et de renforcement de la démocratie. En
fait, les grands paramètres de l'action de la Mission sont situés
dans un contexte post électoral, même si l'on sait bien qu'au sens
strict du terme le cycle électoral n'était pas encore
achevé. En même temps, il est évident qu'en l'absence
d'institution nationales post-électorale, il s'agit notamment d'un
mandat d'attente pour aborder
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une période transitoire204. Le Conseil de
sécurité indique l'intention d'orienter l'action future de la
Monusco strictement en fonction des développements politiques et
institutionnels au cours de cette année post-électorale.
Ceci étant, on peut se poser la question du vrai projet
de l'ONU en République Démocratique du Congo. En effet, dans la
même résolution 2463 (2019) votée en pleine période
d'effervescentes contestations, le Conseil confère un aspect transversal
à la dimension politique. En cherchant à établir qu'il n'y
a pas de solution purement militaire aux violences perpétrées
généralement par les groupes armés, il souligne
l'importance de l'implication politique de la Mission par l'évaluation
constante du développement des politiques. Au regard de ce qui
précède, les priorités énoncées par le
Mécanisme national et régional de suivi de l'Accord-cadre pour
2019-2020 comprennent la promotion de la collaboration en matière de
sécurité, et de l'intégration économique
régionale, ainsi que l'accélération de la neutralisation
de groupes armés. La République Démocratique peut-elle
objectivement se soustraire de l'hégémonie de grandes puissances
symboliquement représentées par la Mission de l'Organisation des
Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du
Congo ?
En analysant l'action de la communauté internationale
au type de guerre pratiquée en Afrique en génal et en RDC en
particulier, Gérard Prunier dénonce l'inaction de la
communauté internationale face à la violence envers les civiles.
Il part de l'idée de « guerre à temps partiel » en
opposition à « guerre totale ». Pour lui, en raison des
contraintes financières de la guerre, celle-ci doit être
privatisée par les combattants205. La privatisation de la
guerre apparait dans cette perspective comme une forme de prédation. Ici
la prédation économique, les trafics en tout genre et le pillage
à la fois au niveau individuel comme collectif deviennent un
élément essentiel du conflit parce qu'ils sont essentiels
à son financement. De ce fait « les civiles sont ceux sur qui les
militaires prélèvent leurs moyens de survie, la violence
armée est plus souvent dirigée contre les civils (même ceux
de son propre camp) que contre l'armée ennemie »206.
Dans cette perspective, la question de l'hégémonie demeure dans
un monde où les rapports de force conditionnent les relations entre la
périphérie et le centre.
204 Moudjib Djinadou «Les aspect politiques du nouveau
mandant de la Monusco », In Actualité de la Monusco,
N°87, Op. Cit., p. 12.
205 Gérard Prunier, From Génocide to
Continental War. The `Congolese' Conflict and the Crisis of Contemporay
Africa, London, Hurst, 2009, p. 336.
206 Ibid. 337.
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