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La MONUSCO dans le résolution des conflits: entre contestation locale et légitimation global


par Bernard POPO-E-POPO
Université Paris 8 Vincennes Saint Denis - Master 2 2020
  

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2.2. De l'ingérence ougandaise en RDC

Il existe plusieurs interprétations sur l'ingérence de l'Ouganda dans les conflits congolais. L'une des plus fréquentes consiste à voir dans l'intervention militaire de l'Ouganda une tentative d'établir dans l'Est de la République Démocratique du Congo en symbiose avec le Rwanda et le Burundi un « empire hima »165. D'après ce courant, l'on soutient l'idée que le président Museveni s'est lancé depuis longtemps dans une grande entreprise impériale dans l'Afrique des Grands Lacs, dont la conquête du Rwanda par le Tutsi entre 1990 et 1994 n'a été que la première étape166. De ce point de vue, ce courant de pensée affirme que les États-Unis sont pour ainsi dire, censés soutenir l'Ouganda pour des raisons géostratégiques liées aux intérêts miniers. Le deuxième argument de l'ingérence ougandaise au Congo est donc celui de la propagande des États-Unis. Si l'on part de cette hypothèse, l'Ouganda, loin de toute finalité impériale, ne serait en République Démocratique du Congo que pour des raisons de sécurité. Le troisième argument est celui de « la coalition ougando-rwandaise »167. Cet argument, écrit Gérard Prunier, a couramment servi dans les milieux des organisations internationale comme l'ONU et dans une certaine mesure l'Union européenne : « Kampala se trouverait au Congo dans le but de soutenir un régime rwandais menacé par un retour offensif des tenants de l'ancien système génocidaire »168. On parlerait ici des régimes rwandais et ougandais qui opéraient concomitamment et main dans la main dans l'objectif d'empêcher le retour des Interahamwe. Cependant, Gérard Prunier ne considère qu'aucune de ces explications ne fonctionne et que les véritables motivations de l'ingérence ougandaise dans les conflits congolais sont beaucoup plus complexes et méritent un traitement approfondi et nos simplifié.

En effet, Gérard Prunier remonte l'intervention ougandaise en République Démocratique du Congo à partir de l'histoire de la décolonisation en Afrique. « Quarante ans après la décolonisation, nous assistons à un processus d'éclosion d'État-nations en Afrique, avec tout ce que cela implique d'intérêts matériels des élites, de mauvaise foi nationaliste, de réflexion honnête sur la nature des intérêts nationaux, de récupération propagandiste de la détresse du `petit peuple' face aux phénomènes de violence, de calculs diplomatiques complexes et de contradictions inextricables héritées de l'État prénational est encore

165 Gérard Prunier, « L'Ouganda et les guerres congolaises », Op. Cit.

166 Ibid., p. 43.

167 Gérard Prunier, Op. Cit., p. 44.

168 Ibid.

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vivante »169. Il s'agit surtout de faire « du désordre comme instrument politique »170 pour reprendre les termes de Patrick Chabal et Jean-Paul Daloz.

Gérard Prunier replace l'ingérence ougandaise en République Démocratique du Congo dans son contexte. Ce contexte est celui de la vision révolutionnaire et nationaliste réformiste de président Museveni « pour qui certaines idées essentielles président à l'action »171. L'une des raisons de l'ingérence ougandaise en République Démocratique du Congo est l'initiation venue de ce soubassement idéologique radical. Le deuxième objectif de l'ingérence ougandaise en République Démocratique du Congo (Zaïre à l'époque) était celui du renversement du Président Mobutu qui était l'antithèse presque systématique du président Museveni. Pour le président Museveni, « le Maréchal Mobutu représentait un solide danger pour la sécurité ougandaise »172. Dans cette perspective, l'argument de poursuite de rebelles Nalu et Amon Bazira n'était qu'un épiphénomène, car ceux-ci n'étaient que des irritants périphériques. Du coup, il importe de comprendre que pour l'Ouganda, à la différence du Rwanda le danger du péril était essentiellement extérieur, même si, affirme Gérard Prunier, ses causes profondes étaient plutôt extérieures.

Bien au-delà de l'engagement idéologique et le souci sécuritaire, le troisième facteur de l'ingérence ougandaise en République Démocratique du Congo tient aux idées économiques du président Museveni qui, au demeurant est marxiste. En tant que marxiste, « il continue à voir dans l'économie la clef de l'histoire et ne croit pas à une transformation du continent africain sur le plan politique sans de profondes transformations du soubassement économique »173. En fait, même si le Président Museveni croit à l'idée américaine de la bonne gouvernance comme le souligne Gérard Prunier, il ne croit pas non plus qu'elles doivent s'exprimer dans le multipartisme avant que celui-ci ne puisse s'appuyer sur une base économique plus ferme. En mettant en symbiose son ancien déterminisme marxiste avec sa nouvelle religion libéral, « il est littéralement obsédé par la nécessité d'élargir les marchés en Afrique »174. Dans cette perspective, il apparait comme l'anti-Nkrumah, si bien qu'ils ont une filiation intellectuel commune qui remonte à Georges Padmore175. Il importe de noter également à la suite de Gérard Prunier que l'ingérence ougandaise auprès au sein du régime de Laurent désiré était éminemment politique. Le président Museveni souhaitait voir Laurent-Désiré Kabila créer en

169 Ibid.

170 Patrick Chabal et Jean-Paul Daloz, L'Afrique est mal partie, Paris, Economica, 1999.

171 Gérard Prunier, « L'Ouganda et les guerres congolaises », Op. Cit., p. 44.

172 Gérard Prunier, « L'Ouganda et les guerres congolaises », p. 45.

173 Gérard Prunier, « L'Ouganda et les guerres congolaises », Op. Cit., p. 46.

174 Ibid.

175 Cfr. Georges Padmore, Panafricanisme ou communisme ? Paris, Présence africaine, 1960.

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République Démocratique du Congo une régime « progressiste » avec lequel il aurait pu collaborer pour éviter tout retour offensif des Soudanais dans le Haut-Congo, et avec lequel il aurait la possibilité de « faire des affaires », notamment étendant au géant de l'Afrique médiane le projet de communauté économique dont Kampala rêvait176. Comme on le souligner, les interventions rwando-ougandaises ont ainsi occasionné le développement des groupes armés étrangers sur le territoire congolais.

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