1.2. La Gouvernance en
Afrique
1.2.1. L'environnement post-colonial
Au lendemain des indépendances, l'objectif principal
pour la plupart des États anciennement colonisés était le
développement. Il fallait donc pour les gouvernements naissants, adopter
des politiques d'investissement et de développement durable afin de
préserver un certain seuil d'équilibre économique
nécessaire vers la transition de la période postcoloniale. Ce ne
fut pas un processus facile, pour ces États qui pendant longtemps ont
été gérés par l'empire colonialiste. La tâche
fut encore rendue plus difficile, car au début des années 70, les
États de l'Afrique subsaharienne ont dû fait face à une
crise économique et financière sans précédent
(Pidikamukawa et Tchouassi,2005). La vulnérabilité des
équilibres économiques s'est fait ressentir fragilisant
l'économie des pays et entraînant de gros déficits
budgétaires, une dévaluation des monnaies, un taux d'inflation
galopant, le surendettement des États, et par conséquent un
accroissement du seuil de pauvreté déjà pas très
reluisant.
La nécessité d'un assainissement des finances
publiques et de l'économie intérieure des pays en question fut
une évidence pour la communauté économique internationale
ainsi que pour les gouvernements concernés. L'on ne pourrait songer
à une ouverture vers un marché extérieur si l'on n'est pas
compétitif, si l'on ne propose pas une stabilité
macro-économique ou si le taux d'endettement du pays est si
élevé que l'État lui-même ne dispose plus de
crédibilité. Au vu de l'incapacité des États de
l'Afrique Subsaharienne à faire face à la crise, ils ont dû
se tourner vers les organismes internationaux d'aide au développement,
et se soumettre à un ensemble d'exigences et de réformes,
conditions sine qua non pour toute forme d'aide ou subvention internationale.
Ces contraintes peuvent être distinguées en mesures correctrices
conditionnées et des initiatives d'origine communautaires.
L'adhésion aux initiatives communautaires et
régionales entraîne pour les États membres le respect des
recommandations, indications et politiques économiques de
l'organisation.Les directives auxquelles sont associées les normes
communautaires en matière d'IDE, comme la charte CEMAC portant sur les
investissements, contribuent à l'assainissement de l'environnement
économique et financier des États membres, nécessaires
à une politique d'ouverture aux marchés extérieurs, et qui
constituent le gage d'établissement d'un climat favorable à la
relance économique.
Parler de mesures correctrices mises en place dans le cadre de
réformes structurelles des pays de l'UEMOA, revient à
évoquer le dispositif d'assainissement du contexte
macro-économique des États membres après les
indépendances. Ce dispositif se résume en un ensemble de
réformes mises en place par les gouvernements en collaboration avec les
institutions internationales notamment celle de Bretton Woods : la Banque
Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI). Il y a :
? Le plan quinquennal
Le plan quinquennal est un document de planification
économique gouvernemental fixant des objectifs de production sur une
période de cinq ans. Il peut être révisé en cours
d'exécution en fonction des résultats. Instituée en URSS,
cette forme de planification évolua vers les territoires
européens, l'Asie (notamment en République populaire de Chine qui
en fait encore usage), mais aussi en Afrique. De nombreux États
africains et plus précisément ceux de la zone CEMAC et UEMOA ont
instauré un système de planification économique au
lendemain des indépendances, mais le plus flagrant à titre
d'exemple fut le Cameroun. Il s'agissait de mettre en oeuvre une certaine
politique interventionniste de l'État qui, non seulement
définissait les objectifs à atteindre, mais aussi les moyens d'y
parvenir. Par la recherche d'objectifs de production dans un domaine
précis, les gouvernements visaient aussi une relance économique
par la mise en valeur de secteurs favorable à l'échange et au
commerce, et la recherche des sources de financement de l'économie. Ceci
par une réorientation stratégique des secteurs clés de
l'investissement.
? L'avènement des Politiques d'Ajustement
Structurel (PAS)
Vers les années 80, l'environnement international se
dégrade considérablement avec des relations économiques de
plus en plus austères. Situation aggravée par une hausse du prix
du pétrole, des taux d'inflations généralisées et
un ralentissement de la croissance dans la majorité des pays
occidentaux. Cette morosité économique internationale a eu un
impact négatif sur l'économie des pays d'Afrique. La baisse des
cours des produits de base, rendant incapable le financement des produits
d'importation, les gros déficits budgétaires, la croissance
démographique exponentielle ont entraîné un
déséquilibre financier et un endettement insoutenable. C'est
ainsi que la majorité des pays de la zone UEMOA se mettent sous des
politiques d'ajustement structurel.
Il s'agit de vastes programmes économiques, ayantpour
but d'assurer un rééquilibre durable de la balance des paiements
compatible avec la reprise de la croissance. C'est « un processus
institutionnel qui se traduit par l'adoption d'accords économiques et
financiers par des pays en développement avec les institutions de
Bretton Woods. Ces dernières cautionnent un programme de réformes
en échange de concours financiers abondés pour l'essentiel par
des bailleurs bilatéraux » (Serevino, 1990) et visant à
retrouver les grands équilibres macro-économiques et financiers
et à remettre l'économie sur un sentier durable de croissance.
Les ajustements sont une réponse à la crise financière et
notamment le taux élevé d'endettement connu par les pays
africains. Ils conduisent à des prêts sous conditionnalités
qui ont pour objet premier de boucler les finances publiques.
Les plans d'ajustement structurels n'ont malheureusement pas
suffi à rétablir la stabilité économique
escomptée. Tout au contraire, certains gouvernements (Gabon, Cameroun,
Tchad) ont dû faire face à un aggravement des conditions de vie
des populations. Peut-êtreétait-ce une étape
nécessaire à un essor économique, maisil n'en demeure pas
moins que les bilans des périodes sous PAS, pour la majorité des
pays de la zone UEMOA restent mitigés. Des critiques sont nées du
fait que ces programmes ne tenaient pas forcément compte des
réalités sociales et culturelles des pays, mais aussi des mesures
pas très efficaces, ils ont fini par affecter le secteur public
(santé, éducation, etc.). Certains gouvernements se
tournèrent alors vers des politiques plus évolutives et
adaptées. L'étape suivante fut l'entrée dans l'Initiative
Pays Pauvre Très Endetté (IPPTE).
? Le recourt à l'Initiative Pays Pauvre
Très Endetté (IPPTE)
Encore dite «Initiative en faveur des Pays Pauvres
Très Endettés », l'IPPTE était un processus
destiné à alléger l'endettement extérieur excessif
des pays jugés « les plus pauvres » du monde, afin de financer
les secteurs sociaux et la construction des infrastructures de base.
Lancée en 1996 par la Banque Mondiale et le FMI, cette mesure fut
élargie en 1997 à d'autres États, et représentait
une nouvelle approche de l'aide au développement après les
résultats médiocres connus par les PAS. Car en fait,
l'insolvabilité des États ne faisait que s'agrandir, rendant
ainsi improbable une sortie de crise pour ces gouvernements déjà
largement appauvris. Il faut donc ramener les dettes de ces pays à un
niveau jugé « soutenable ». Cette initiative à la base
prévoit l'allégement de la dette d'environ 41pays les plus
endettés, dont 33 se situaient en Afrique. L'initiative comprend
plusieurs dimensions : Un allégement ou une remise de dette, et une
réforme de la politique structurelle et sociale mettant plus
particulièrement l'accent sur les services de santé et
d'éducation de base. Tous les éventuels créanciers y
participent à savoir les créanciers bilatéraux et
commerciauxet les créanciers multilatéraux.
Globalement, l'initiative PPTE a permis, au vu des
résultats à ces États, de prétendre à un
seuil de développement par l'allègement de la dette, mais aussi
d'avoir accès à des financements extérieurs au vu des
efforts fournis pour l'assainissement des finances publiques. Il demeure
néanmoins le problème de bonne gouvernance et de gestion des
fonds ainsi que la corruption dans les administrations qui représentent
encore des freins à l'attractivité économique des
États. Il n'en demeure pas moins qu'au-delà des initiatives
individuelles des gouvernements à rendre les économies stables et
attractives, l'adhésion à des initiatives communautaires et
régionales d'attractivité est de plus en plus récurrente
et privilégiée.
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