2.1.2 Le système d'élevage
Le système d'élevage est défini
comme « un ensemble d'éléments en interaction dynamique,
organisé par l'homme en fonction de ses objectifs, pour faire produire
(lait, viande, cuirs et peaux, travail, fumure...) et se reproduire un
collectif d'animaux domestiques en valorisant et renouvelant différentes
ressources » (Landais et al., 1987).
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La littérature sur ce concept souligne deux
points. D'une part, tous les éleveurs ne conduisent pas leur troupeau
à l'identique et n'obtiennent pas le même niveau de performances.
Partant du constat que « les éleveurs ont des raisons de faire ce
qu'ils font » (Osty, 1978), la diversité des conduites et des
performances s'explique en partie par la diversité de ce qu'attendent
les éleveurs de leur activité. D'autre part, quand la
disponibilité de ressources alimentaires conserve un caractère
incertain, les éleveurs visent à combiner objectifs de production
et résistance aux aléas (Dedieu et al., 2008).
Landais et al. (1987 ; 1994) insistent sur la
nécessité de comprendre le fonctionnement du troupeau. Il faut
prendre en compte « l'ensemble des animaux
élevés à l'échelle de l'exploitation,
répartis en lots - sous-unités fonctionnelles avec des objectifs
variés au fil des saisons et qui peuvent être élevés
sur des sites différents - en vue d'un objectif global unifié
» (Oswald et al., 2016).
Les différents articles cités
s'accordent sur l'importance de prendre en compte les pratiques à la
base de la gestion des élevages, et donc des cycles d'élevages,
piscicoles dans notre cas, mis en place par le pisciculteur. De plus, il est
important de comprendre la représentation qu'a le pisciculteur de ses
pratiques et leurs évolutions temporelles. En effet, «
les pratiques sont souvent liées, interdépendantes
et l'identification de « systèmes de pratiques »,
c'est-à-dire les liens rationnels et fonctionnels entre elles,
s'avèrent souvent plus précieux que leurs simples descriptions
» (Oswald et al., 2016). L'ensemble des auteurs cités
conseillent d'adopter une vision systémique et temporelle pour traiter
de la notion de système d'élevage.
2.2 La méthode de la traque à l'innovation et
son adaptation à l'étude
2.2.1 La traque à l'innovation de Salembier et
Meynard
Il existe dans la littérature plusieurs
méthodes qui ont pour objectif d'étudier les pratiques des
agriculteurs (Doré et al., 2008). L'une d'entre elle est la «
traque à l'innovation ». Elle vise à étudier des
pratiques paysannes dites « hors normes », c'est-à-dire
éloignées du modèle agricole dominant d'une zone
donnée ou éloignées d'un modèle défini par
un groupe d'acteurs (Salembier & Meynard, 2013). Cette méthode se
divise en 5 étapes et a pour but de générer des contenus
agronomiques et/ou zootechniques potentiellement diffusables par la suite (voir
Figure 4).
Partant du constat que les agriculteurs innovent
d'eux-mêmes, étudier ces pratiques « hors normes » peut
permettre de mettre en lumière des systèmes agricoles alternatifs
et ainsi, renouveler et enrichir les démarches et projets de R&D. En
effet, comme le montre Salembier (2019), ces pratiques singulières
peuvent être des ressources pour d'autres agriculteurs (ex. sources
d'inspiration) et des moteurs de la R&D (ex. pour enrichir/renouveler le
conseil).
Définir un projet de traque
aux innovations
Repérer des innovations chez
des agriculteur.rice.s
Prendre connaissance, découvrir
les innovations
Analyser ces innovations
Générer des contenus agronomiques
/ enseignements
Figure 4 : Les étapes de la traque à
l'innovation Source : (Salembier, 2019)
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