Conclusion partielle 1
L'aquaculture, et en particulier la pisciculture, sont
des secteurs prometteurs pour lutter contre la pauvreté et
l'insécurité alimentaire à Madagascar. La pisciculture
extensive, développée notamment par l'APDRA, permet à la
petite paysannerie malgache d'améliorer sa sécurité
alimentaire et ses revenus. Les pratiques piscicoles alternatives aux
recommandations de l'APDRA sont intéressantes à étudier
pour enrichir les connaissances de l'ONG en pisciculture à Madagascar et
plus largement le processus de Recherche et Développement piscicole
à Madagascar.
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Chapitre 2 : Méthodologie : La « traque aux
innovations » piscicoles paysannes
2.1 Concepts mobilisés
Notre étude prendra appui sur deux principaux
concepts : l'innovation et le système d'élevage. Nous utiliserons
ces concepts pour analyser les innovations piscicoles paysannes.
2.1.1 L'innovation :
Le concept de système d'innovation attribue la
réussite d'une innovation « à l'existence
d'institutions et de réseaux grâce auxquels les chercheurs et les
entrepreneurs des secteurs public et privé ont collaboré, appris
les uns des autres, partagé des ressources et agi pour faire face aux
mutations des conditions économiques et techniques »
(Faure et al., 2018).
On parle de système d'innovation agricole pour
montrer la diversité des acteurs qui y contribuent (Touzard et al.,
2014). Il existe une grande diversité de processus d'innovation en
agriculture. Certains sont initiés par la recherche dans une
démarche de transfert de technologie. D'autres sont « co-construits
» par un ensemble d'acteurs et on retrouve à l'opposé «
les innovation ouvertes » ou « collaboratives » dans laquelle la
recherche n'est pas forcément présente (Faure et al., 2018). Les
changements techniques opérés par un paysan peuvent être le
début d'un processus « d'innovation ouverte »
intéressant à étudier.
L'innovation a une dimension sociale très
forte. Bien plus que la simple introduction d'une nouveauté dans un
système socio-économique, l'innovation est un processus qui
résulte d'interactions entre de nombreux acteurs, intervenant dans un
contexte donné et exprimant une intention de changement (Faure et al.,
2018). Chauveau (1999) va plus loin en disant que « la
dimension technique de l'innovation n'est qu'une des dimensions parmi tant
d'autres. Lorsqu'une innovation produite est considérée comme
point de départ, elle ne peut pas être isolée ni de sa
composante économique, ni de ses composantes organisationnelles,
institutionnelles, sociale voire politique et identitaire ».
(Chauveau, 1999).
Enfin, l'innovation n'est pas figée dans le
temps, elle évolue constamment en fonction du contexte et des acteurs
qui la mobilisent. En effet, un paysan peut avoir adopté depuis des
années une pratique que son voisin jugera innovante pour lui. Cette
notion amène à l'idée d'inconnue, de nouveauté,
désirable pour d'autres paysans.
Dans cette étude, nous définirons
l'innovation comme un changement de pratique (de nature technique ou
organisationnelle), initiée par un paysan ou un groupe de paysans. Nous
parlerons d'innovation paysanne comme d'un processus porté par les
paysans qui peut être influencé par des agents extérieurs
(les chercheurs et les vulgarisateurs) ou des facteurs exogènes (le
marché, les politiques agricoles, l'évolution du climat, etc.).
C'est le paysan qui fait passer « l'invention », qui peut être
proposée par les chercheurs ou les agents de développement, au
statut « d'innovation », totalement incorporée par le paysan
(Dugué et al., 2006).
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