Conclusion partielle 3
Pour résumer, on peut dire que l'APDRA
Côte Est s'est basée sur deux référentiels
techniques : l'étang barrage en Guinée Forestière et la
rizipisciculture sur les Hautes Terres de Madagascar. Elle les a adaptés
au fur et à mesure en fonction des conditions pédoclimatiques de
la zone, de la diversité des espèces piscicoles qu'elle propose,
des différents tests effectués en milieu paysan et des
différentes observations faites des pratiques des paysans-pisciculteurs.
L'évolution de ces référentiels s'est faite rapidement au
cours de ces dix dernières années. On observe une
diversité d'adaptations de ces référentiels faites par les
pisciculteurs encadrés par l'APDRA. Cela révèle une
dynamique d'innovations paysannes importante.
Le type d'étang barrage initialement
recommandé par l'APDRA est censé faire plus de 20 ares pour
permettre le grossissement plurispécifique des espèces
élevées. Cependant, on observe que certains pisciculteurs ont
construit des étangs de petites surfaces, de 5 à 20 ares. Ils y
ont parfois mis un simple système de vidange en bambou ou en tronc de
ravinala ou encore installé un canal de
drainage et d'aménagement pour y faciliter la riziculture en
étang. De plus, l'utilité de l'étang barrage a
changé et ne sert plus uniquement d'étang de grossissement. C'est
également devenu une réserve d'eau sécurisé qui
permet de répondre (en partie) aux trois risques majeurs
rencontrés par les pisciculteurs sur la Côte Est : les
sécheresses, les inondations et le vol.
Les pisciculteurs enquêtés
échangent entre eux pour faire face aux différents
problèmes qu'ils rencontrent. En effet, ils se prêtent parfois des
étangs de ponte alimentés en eau pour la reproduction de la carpe
et se divisent les alevins obtenus ; ils transfèrent leur cheptel chez
d'autres pisciculteurs en cas de tarissement de leurs étangs ou encore
ils se donnent des alevins en cas de perte liés aux inondations. Ces
échanges se font surtout au sein des groupements et sont souvent
impulsés par les ACP qui les encadrent.
De plus, l'introduction par l'APDRA de la
rizipisciculture a permis à une partie des pisciculteurs
enquêtés d'augmenter leurs surfaces empoissonnées à
un faible coût d'aménagement. Cela a globalement permis de
faciliter la gestion piscicole sur l'exploitation et donner plus d'importance
à la pisciculture dans les systèmes de production des paysans
rencontrés. La combinaison de la pisciculture en étang barrage et
en rizière permet alors d'augmenter les surfaces empoissonnées et
de profiter des différentes utilités de l'étang
barrage.
L'élevage de carpe, apparait de plus en plus
central dans les systèmes d'élevage des pisciculteurs. En effet,
ce poisson grossi plus vite que le tilapia et sa reproduction est plus facile
à contrôler en cours de cycle pour éviter les
phénomènes de surdensité de poissons. De plus, ce «
nouveau » poisson est apprécié par les consommateurs et se
vend facilement sur les différents marchés. En
conséquence, l'élevage de tilapia apparait moins prioritaire pour
certains pisciculteurs. De plus, la technique de sexage enseignée par
l'APDRA, qui est censé permettre un bon grossissement de
l'espèce, n'est que très peu appliquée par les
pisciculteurs enquêtés. En effet, les erreurs de sexage sont
inévitables et le paratilapia ne semble pas efficace en tant que
prédateur des alevins de tilapias non désirés. La pratique
du sexage s'avère alors souvent inutile.
Enfin, on observe que les pisciculteurs ont
accès à différents marchés de vente
sectorisés. Les marchés de vente d'alevins de carpes et de
tilapias sont très rémunérateurs mais nécessitent
un accès aux réseaux d'acheteurs. La vente de poissons à
consommer est plus rémunérateur en ville mais plus difficile et
couteux d'accès que la vente dans les hameaux qui se fait
généralement « en tas » de poissons
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