2.3 Le contexte de la zone d'étude
2.3.1 La région Atsinanana :
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Figure 9: Carte de Madagascar avec la région
Atsinanana en rouge (à gauche)
Source (Google image)
Figure 10 : Carte bioclimatique de Madagascar (à
droite)
Source (Cornet, 1972)
Le climat de la région Atsinanana située
sur la Côte Est de Madagascar (voir Figure 9) est de type tropical humide
(voir Figure 10) Sur la période de 2016 à 2020, le climat est
caractérisé par une pluviométrie élevée
d'une moyenne de 2440 mm par an avec d'importantes variantes au cours de
l'année (voir Figure 11). La saison sèche se situe entre
septembre et novembre (lors de la phase terrain du stage) et la saison des
pluies arrive entre janvier et avril (période à fort risque
cyclonique). Entre 2014 et 2017, la température moyenne a
été de 24,9° (Climatologie de l'année
2020 à Tamatave - Infoclimat, s. d.) Cette
température influe directement sur la température de l'eau et a
des effets sur la
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croissance des espèces piscicoles et sur la
productivité naturelle des étangs. Les sols de la Côte Est
sont majoritairement des sols ferralitiques principalement constitués
d'argiles (Roederer, 1972).
Figure 11: Précipitations en 2020 à Toamasina,
capitale de la région d'Atsinanana Source (Climatologie de
l'année 2020 à Tamatave - Infoclimat, s. d.)
2.3.2 Le district de Vatomandry :
Le district de Vatomandry (voir Figure 12) se situe
à 180 km au Sud de Toamasina en passant par la route nationale 2 puis la
route national 11A.
Figure 12: Carte des zones d'interventions de l'APDRA dans la
région Atsinanana sur le projet PADPP3
Source : (APDRA, 2020)
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Selon les derniers recensements démographiques,
la population du district s'élevait en 2016 à 248 000 habitants
(contre 165 000 en 2003) dont 75% avait moins de 25 ans. La majorité de
la population vit en zone rurale et principalement des activités
agricoles (Jérôme Elia Randriamanjaka, adjoint du district de
Vatomandry, rapport de 2016). La capitale du district, Vatomandry, comptait 15
836 habitants en 2018 (RGPH, 2018).
Les cultures vivrières principales sont le riz,
le maïs et le manioc. Il existe des grandes plaines
aménagées comme celle d'Ilaka Est où sont cultivés
deux cycles de riz inondé par an (De Robillard et al., 2013). Les
cultures de rentes sont également importantes dans la zone. La plupart
des paysans produisent du girofle, de la cannelle, du litchi, ou encore du
poivre (De Robillard et al., 2013). Selon un rapport sur les secteurs
économiques du district de Vatomandry datant de 2016, le riz
représenterait en moyenne 30% des revenus bruts de chaque exploitant
agricole, les cultures de rente 24% et les cultures fruitières 17%. Ces
3 secteurs représenteraient en moyenne les trois quarts des revenus
bruts des exploitants agricoles.
L'élevage se caractérise par des petits
cheptels familiaux de zébus, qui servent notamment à
piétiner les parcelles rizicoles entre deux cultures, on trouve quelques
porcins dans certaines familles et quasi systématiquement des volailles
(poulets, canards, dindons, oies). Certains paysans se lancent dans
l'élevage de poulets de chair nourris avec de la provende.
En ce qui concerne la production halieutique, les
villes côtières comme Vatomandry, Maintinandry, Sahamatevina ou
encore Ilaka Est conservent une pêche traditionnelle en mer qui fournit
la majeure partie des marchés locaux. Il existe également de la
pêche en eau douce dans le canal des
Pangalanes, le fleuve Sakanil
et plusieurs grands lacs. La très grande majorité
des poissons vendus et consommés localement provient de la pêche
(dires du responsable du SPA de Vatomandry). Une partie des poissons sont
également vendus en dehors du district, notamment sur la route nationale
2 qui relie les grandes villes comme Antsampanana, Moramanga, Toamasina et
Antananarivo.
La pisciculture est mentionnée comme « une
potentialité de développement » dans le rapport sur les
secteurs économiques du district de Vatomandry. Néanmoins, selon
les dires du responsable du SPA de Vatomandry, elle est en pleine expansion
depuis 10 ans et les acteurs se multiplient :
- L'APDRA est arrivée en 2009, avec un premier
projet pilote en 2012, c'est l'ONG la plus présente ; depuis 5 ans, on
observe un développement de l'élevage de tilapia en « cage
artisanale » sur le canal des Pangalanes ; le
développement des étangs en dérivation ou des
étangs barrages chez des particuliers aisés se fait de plus en
plus ; «Tilapia de l'Est» est une union de coopératives qui
produit des tilapias nourris à la provende industrielle ; on observe un
petit peu de pisciculture traditionnelle (stockage de poisson sauvage dans des
trous ou piégeage dans les rizières après les
crus).
- Il y a une entreprise Mauricienne, « Livestock
Feed Limited » (LFL), qui conçoit et commercialise de la provende
industrielle à Madagascar, notamment à Toamasina. LFL aimerait
créer un point de vente à Vatomandry.
- L'état et les organisations
paraétatiques jouent également un rôle dans le
développement de la pisciculture dans le district de Vatomandry et plus
largement sur la Côte Est. On peut citer l'exemple du MAEP
(Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche) qui va
bientôt financer des crédits à travers le projet FIHARIANA,
qui seront notamment destinés à des pisciculteurs de l'APDRA ; ou
encore la Banque Africaine de Développement (BAD) qui a financé
des prêts à des jeunes entrepreneurs ayant fait des études
d'agriculture et d'élevage : deux jeunes se sont lancés dans
l'élevage en cage artisanale près de Vatomandry
(projet
30
PEJAA) ; Il y a également le Fond International
de développement Agricole (FIDA) qui intervient à travers le
projet FORMAPROD pour fournir des formations en pisciculture aux populations
rurales.
De plus, le foncier situé en bas-fonds a pris
de la valeur ces dix dernières années du fait du
développement de la pisciculture. Selon le responsable du SPA de
Vatomandry, les opportunités de développement de la pisciculture
dans le district sont nombreuses. En effet, il existe des marchés
à haute rémunération car le district se situe proche de la
route nationale 2, axe principal reliant les deux plus grandes villes du pays.
D'autre part, la consommation moyenne par habitant à Madagascar est
actuellement de 5,3 kg/individu/an contre au moins 10 kg/individu/an
recommandé par la FAO (FAO, 2018). Il existe également un fort
potentiel de vente sur les marchés locaux d'autant plus que les
pêcheurs notent une diminution du tonnage des prises maritimes et d'eau
douce.
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