I.2.2. Résultats
empiriques relatifs à la règle de Taylor dans les pays
africains
Abuka et al. (1998), en utilisant les données
mensuelles allant de 1990 à 1998, cherchent à saisir la fonction
de réaction des autorités monétaires de la Banque Centrale
de l'Ouganda selon la règle de Taylor. Les résultats obtenus ne
sont pas significatifs. En effet, ils obtiennent un coefficient de 0,11 pour le
gap de l'inflation et -1,16 (négatif) pour le gap de la production. Le
premier est relativement faible tandis que le second prouve le contraire
à la théorie. Ils réestiment ensuite l'équation
avec la prise en compte d'autres variables comme la variation des
réserves internationales et le taux de change. Les résultats
obtenus apparaissent relativement meilleurs mais ne permettent pas une bonne
description de l'historique des taux d'intérêt.
Pour le cas de la Banque Centrale d'Algérie, Amina
(2016) a étudié l'orientation de la politique monétaire en
Algérie à l'aide des règles de type Taylor. Sur base des
données trimestrielles pour une période allant de 1990 à
2015, à l'aide d'un modèle de régression linéaire
en utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires, elle a
estimé une fonction de réaction pour la Banque d'Algérie.
Les résultats empiriques ont montré que la politique
monétaire menée par la Banque d'Algérie ne suit pas une
règle de type Taylor.
Tenou (2002) a estimé aussi une fonction de
réaction pour la BCEAO sur une base des données annuelles (1970
à 1999) et trimestrielles (1991 à 1999). Ses résultats lui
permettent de conclure que la règle estimée sur les
données annuelles retrace assez bien l'historique du taux du
marché monétaire (surtout sur la période de 1987-1999).
L'estimation sur des données trimestrielles donne aussi des
résultats satisfaisants. Le coefficient de lissage du taux
d'intérêt montre que la BCEAO fixe ses taux en fonction de ses
taux passés. Le coefficient du taux d'intérêt
retardé est 0.82 sur les données annuelles et de 0.76 sur la base
des données trimestrielles. De façon générale, la
BCEAO semble tenir compte des variables économiques fondamentales que
sont l'inflation et l'écart de production dans la fixation de ses taux
d'intérêt.
Landry et Moustapha (2016) ont mené une étude
ayant l'objectif d'estimer la fonction de réaction de la BEAC et
évaluer dans quelle mesure la politique monétaire de cette
institution est in?uencée par l'évolution de la situation
?nancière des Etats membres de la CEMAC. Les estimations portent sur des
données trimestrielles sur la période allant de 1996 à
2013. Les résultats obtenus indiquent que le taux directeur de la BEAC
ne réagit ni à l'écart de production ni à
l'écart d'in?ation. Ceci peut être expliqué notamment par
la faiblesse des mécanismes de transmission et de
l'inopérabilité du canal du taux d'intérêt.
En plus, Kamgna et al. (2009), sur les données
trimestrielles de 1986 à 2006, estiment que la règle
traditionnelle de Taylor ne décrit pas le comportement historique de la
BEAC. En revanche, en introduisant la croissance de la masse monétaire
ainsi que le différentiel du taux d'intérêt, l'étude
du modèle sous le type« Forward looking»
s'avère concluante. Les résultants montrent que la règle
décrit assez bien le processus de ?xation des taux
d'intérêt par la BEAC qui semble accorder plus de poids à
la stabilisation des prix qu'au soutien à l'activité.
Zieda (2011), dans le cadre d'une politique monétaire
de la BCAO sur les données trimestrielles allant de 1992 à 2010,
opte pour une spécification de la règle de Taylor avec des
anticipations tournées vers le futur. L'estimation par la Méthode
des Moments Généralisée (MMG) a été
utilisée pour l'estimation de la règle après qu'une
spécification d'un Vecteur Auto Régressif (VAR) non structurel
ait été analysée à travers des fonctions de
réponse impulsives. Ses résultats montrent que la BCEAO fixe son
taux directeur en incluant 87% de sa valeur passée, et en
réagissant plus que proportionnellement à toute déviation
de l'inflation anticipée par rapport à la cible d'inflation de
2%. La production n'intervient par conséquent pas dans la prise de
décision de la Banque Centrale et la règle serait beaucoup proche
du cadre de ciblage d'inflation.
Ce chapitre a présenté les aspects
théoriques et empiriques de la règle de Taylor.
Dans la première section, une réflexion a
été faite sur la règle de Taylor. Cette dernière a
été considérée comme un outil d'évaluation
de la politique monétaire. Certains auteurs ont critiqué cette
règle tout en apportant des propositions d'amélioration.
Toutefois, il s'est révélé que la règle de Taylor
ou de type-Taylor reste le socle de référence dans
l'évaluation des actions des autorités monétaires.
La deuxième section a rassemblé quelques travaux
empiriques existant au sujet de notre thématique. L'analyse en conclut
que la politique des taux d'intérêts menée par la plupart
des Banques Centrales peut être formalisée à la Taylor.
La question qui se pose reste de savoir si de tels
résultats peuvent être concluants pour tout pays en
développement comme le Burundi. Avant d'implémenter une analyse
économétrique pour répondre à cette question, nous
faisons, dans le chapitre suivant, une analyse descriptive à partir des
faits observés sur la politique monétaire de la Banque Centrale
du Burundi.
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