Règle de Taylor: application au cas de la banque de la république du Burundipar Thierry KWIZERA Ouaga 2 - DEA 2018 |
Figure 2 : Evolution du taux directeur, de l'inflation et de la masse monétaire (en %)Auteur à partir des données des rapports annuels et trimestriels de la BRB. L'analyse de ce graphique met en évidence une évolution inverse entre le taux directeur et la croissance de la masse monétaire sur la période de 1980 à 1994. Au cours de cette période, il est visible qu'à chaque fois que le taux directeur a tendance à baisser (augmenter), la croissance de la masse monétaire s'élève (baisse). De 1995 à 2015, les deux variables n'affichent aucune tendance visiblement commune. Néanmoins, on remarque qu'il n'existe pas une relation directement visible entre le taux d'escompte et l'inflation, encore moins indirectement avec la masse monétaire. Le taux d'inflation évolue en dent de scie sur toute la période sous étude. Ce qui prouve l'inefficacité du ciblage monétaire mis au service du contrôle de l'objectif de l'inflation au Burundi. Il s'avère donc nécessaire de relever certains facteurs susceptibles d'infléchir et de limiter la répercussion de l'action du contrôle monétaire sur l'inflation au Burundi. II.2.3. Contraintes limitant l'efficacitéde la politique monétaire au BurundiLa politique d'inspiration monétariste vise la lutte contre l'inflation par une politique monétaire restrictive. Ce phénomène se heurte aux difficultés relatives à l'effet d'anticipation des prix qui ne constitue plus un principal déterminant dans une économie « semi-monétaire de production12(*) » comme stipulé par les monétaristes. Ainsi, la désarticulation qui est l'une des caractéristiques des économies en développement limite également l'efficacité de la politique monétaire. En plus, l'existence des facteurs qui influencent la fonction de production nationale par le biais de la détention d'encaisses et pouvant infléchir les actions de la politique monétaire peuvent être observés. Certains sont endogènes, dont notamment la qualité du climat des affaires, de la gouvernance économique et politique, des infrastructures publiques (les routes, les écoles, les dispensaires, ...) tandis que d'autres sont purement exogènes comme les aléas climatiques, la dégradation des cours internationaux des produits d'exportation ou la montée du prix des produits pétroliers. Comme il en est au Burundi, la précarité de ces facteurs introduit des distorsions au fonctionnement du système économique d'ensemble et affectent de ce fait l'efficacité de la politique monétaire. Bien plus, la politique monétaire ne peut pas produire des effets remarquables et durables si elle n'est pas menée, dans le cadre d'un « Policy-mix » intégral, c'est-à-dire d'une politique budgétaire adéquate13(*). Ainsi, tous ces facteurs limitent les effets14(*) des décisions des autorités monétaires sur l'économie réelle au Burundi. Le deuxième chapitre était consacré à l'analyse descriptive de la politique monétaire au Burundi. L'analyse descriptive a englobé l'évolution de la gestion monétaire conduite par la BRB. De façon générale, on a remarqué que l'inefficacité de la PM est causée par des contraintes d'ordre exogène et structurel ayant des effets négatifs sur les mécanismes de transmission des impulsions monétaires. * 12Economie à système dualiste. Certains agents économiques produisent pour vendre et d'autres ne vendent une partie de leur production que pour avoir un revenu objectif, tout le reste ne servant qu'à assurer l'autosubsistance. * 13 Politique budgétaire excluant les financements monétaires des déficits publics. * 14 A travers les canaux de transmission de la politique monétaire. |
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