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Le manga en france: s'affranchir du modèle japonais et innover


par Maxime Gendron
IUT Bordeaux Montaigne - DUT métiers du livre spécialité éditeur 2020
  

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Partie 1 : L'histoire du manga

munication4. » Sa place est étroitement liée au développement de l'imprimerie au Japon car la technique à caractères mobiles ne s'est jamais démocratisée du fait de la multitudes de signes présents dans l'alphabet japonais5. De ce fait, ces derniers ont continué d'imprimer le texte et l'image d'un même bloc, contrairement aux européens qui les séparaient afin de pouvoir utiliser ce procédé. Cependant, les imprimés japonais étaient plus rares car toujours aussi longs à réaliser, alors que l'Europe a nettement gagné en productivité grâce à ce lui6. En effet, comme son nom l'indique, l'imprimerie à caractères mobiles ne facilite que l'impression des caractères typographiques ; les images nécessitent toujours un long traitement et ne peuvent généralement être utilisées que pour un seul projet. En raison de cette spécificité technique, il était donc plus rare de trouver des images dans des imprimés européens, à l'inverse du Japon.

1.1.2. Les premiers mangas

Figure 3. Couverture d'un numéro de The Japan Punch.

La situation change complètement en 1853 lorsque le Japon est contraint d'ouvrir ses frontières. Les japonais découvrent alors les procédés de l'offset et de la lithographie qui permettent à l'illustration de devenir un média de masse7. L'ouverture des frontières amène également de nombreux artistes expatriés à s'installer dans l'Archipel. Deux d'entre eux ont particulièrement influencé les japonais grâce à leur style graphique très différent de ce qui se faisait à l'époque dans le pays. Le premier est l'anglais Charles Wirgman qui lance en 1862 le mensuel satirique The Japan Punch, et le second est un français nommé Georges Ferdinand Bigot qui publie lui aussi son magazine satirique nommé Tobae, à partir de 1887. En 1902, Rakuten Kitazawa publie la première bande dessinée japonaise dans le supplément du dimanche du journal Jiji Shimpo avant de lancer le premier magazine de dessinateur japonais Tokyo Puck en 1905. Ce dernier

4. Bouissou Jean-Marie. Manga : Histoire et univers de la bande dessinée japonaise. Nouvelle édition mise à jour et complétée. Arles : Picquier poche, 2014, p. 19.

5. Ibidem, p. 33.

6. Bessard-Banquy Olivier. Bibliologie. Cours à l'IUT Bordeaux Montaigne, 1ère année, 2019.

7. Bouissou Jean-Marie. Manga : Histoire et univers de la bande dessinée japonaise. Nouvelle édition mise à jour et complétée. Arles : Picquier poche, 2014, p. 47.

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1.1. Les origines du manga

est tiré à plusieurs milliers d'exemplaires et légendé en trois langues : japonais, anglais et chinois8. À partir de là, le manga se développe avec l'apparition des premiers magazines de prépublication tels que Shônen Club (1914) et Shôjo Club (1923) de l'éditeur Kodansha. Rapidement, le marché prend la forme d'industrie qu'on connaît aujourd'hui avec l'exploi-tation de mix média en apposant les séries à succès sur divers supports. Dès 1902, des cartes à jouer et des poupées à l'effigie de Chame et Dekobô, deux héros de Kitazawa, sont commercialisées9. La dimension commerciale du manga est pleinement assumée, ce qui lui permet de jouir d'une grande force de pénétration à l'international grâce aux produits dérivés10. Cependant, son évolution est brutalement stoppée durant les années de conflits attenant à la seconde mondiale.

Figure 4. Couverture de La Nouvelle Île au trésor, Osamu Tezuka, 1947.

Après la guerre, le manga connaît sa plus grande amélioration avec la publication de La Nouvelle île au trésor d'Osamu Tezuka en 1947. L'ouvrage s'écoule à 400 000 exemplaires selon les estimations et révolutionne la BD japonaise grâce à l'influence des comics américains et des techniques cinématographiques. Avec son oeuvre, Tezuka a inventé le manga moderne ou story manga que nous lisons encore aujourd'hui11. Par la suite, Yoshihiro Tatsumi crée le gekiga, un genre de BD plus sombre et en phase avec les réalités sociales de l'époque qui aboutira d'une certaine manière au seinen.

Suite au conflit, « les Japonais étaient avides de distractions bon marché susceptible de leur faire oublier les difficultés d'une vie quotidienne marquée par la pauvreté12 ». À ce moment-là, la demande surpasse nettement l'offre, les éditeurs s'enrichissent énormément mais, étonnamment, ce sont les circuits parallèles qui répondent le mieux aux attentes du public.

8. Nishimura-Poupée Karyn. Histoire du manga. Édition actualisée. Paris : Tallandier, 2016, pp. 63-64.

9. Bouissou Jean-Marie. op. cit., p. 53.

10. Ibidem, p. 54.

11. Pinon Matthieu, Lefebvre Laurent. Histoire(s) du manga moderne (1952-2020). 3ème éd. Paris : Ynnis éditions, 2019, pp. 16-19.

12. Gravett Paul. Manga: soixante ans de bande dessinée japonaise. Monaco : Éditions du rocher, 2005, p. 38.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery