CHAPITRE VI DISCUSSIONS ET COMMENTAIRES
I. LA FREQUENCE HOSPITALIERE DE L'ICTERE
NEONATAL
Sur un total de 1001 nouveau-nés, nous avons
enregistré dans notre serie 236 cas, soit une fréquence
hospitalière de 23.57%.
> Ce résultat se rapproche de ceux trouvés par
:
V' BARKAT, en 2003 à rabat(Maroc) (26.3%) [12].
V' RIMBAUD, en 2005 à Grenoble (France) (20.9%) [37].
V' HASSNA TAIRAN, en 2009, Rabat (Maroc) (25.2%) [5].
V' SAOUDI F. en 2011, au Caire (Egypte) (27%) [38].
> Cependant, il est supérieur à ceux
rapportés par :
V' MONGA KALENGA, en 2010 à Lubumbashi (RDC) qui avait
trouvé 17.7% avec un échantillon de 51 cas sur 297
nouveau-nés concernés pour une période d'étude de 9
mois. ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'elle a travaillé sur
l'ictère à bilirubine indirect seulement ; la taille de son
échantillon et la durée d'étude étant
réduites par rapport aux nôtres, mais aussi le type d'étude
qui était prospective transversale [13].
V' OZKAN H. en 2008 à Bamako(Mali) : 19.5%, ceci
pourrait être dû à un faible échantillon de 310 cas
sur 1583 nouveau nés, malgré une période d'étude de
2 ans [39].
V' KABAMBA MUKUKU, en 2014 à Mbuji-Mayi (RDC) qui avait
obtenu une fréquence de 4,9%, cette infériorité
s'expliquerait par le fait que celui-ci a travaillé uniquement sur
l'ictère pathologique dont la survenu est rarissime avec un taux annuel
de 24 cas [40]. Alors que nous par contre, avons travaillé sur tous les
ictères.
> En outre des taux supérieurs sont rapportés
dans les séries de KHARTOOM et RFFIONG qui ont respectivement
trouvé 35% et 32% [41].
54 | P a g e
II. CARACTERISTIQUES SOCIO DEMOGRAPHIQUES
a. Le Sexe
Une légère prédominance masculine a
été notée dans notre série avec un sexe ratio de
1,13 ; Même constat fait par MONGA KALENGA avec un sexe ratio de 1.04 et
BARKAT et all soit un sexe ratio de 1.3 [12].
b. La Commune de provenance
La commune de Kampemba était la plus
représentée avec 26,27%. Cette fréquence s'expliquerait
d'une part par la proximité géographique et
l'accessibilité facile aux soins, d'autre part le fait que
l'hôpital SENDWE est une structure sanitaire de référence
par excellence. Nos résultats rejoignent ceux rapportés par CHOLA
CHEMBO en 2014, soit 25% [41].
III. CARACTERISTIQUES CLINIQUES
1) L'âge maternel
La tranche d'âge maternel de 25 à 31 ans
était dominante, soit 29.23% avec un minimum de 15 ans, un maximum de 45
ans et une moyenne de 28.85 #177; 3.39 ans alors que l'étude de BERKOUD
NAIMA en Algérie (2016) a trouvé que l'âge maternel moyen
est de 24 ans [42]. Nos résultats peuvent s'expliquer par le fait que la
tranche d'âge correspond à l'âge de la procréation
avec une activité sexuelle intense.
2) Les consultations prénatales
Notre étude a révélé que 86,44%
des mères ont suivi les consultations prénatales. Cette
fréquence est approximative à celle trouvée par MBO
LESELEBE, soit 84 % [43]. Mais elle est largement supérieur à
l'étude de BARKAT et all. qui ont rapporté 32 %. L'étude
de MONGA KALENGA avait rapporté aussi un taux élevé, soit
96,1 % des cas. Ceci s'expliquerait par le fait que la majorité des
femmes soient informées sur l'importance des consultations
prénatales et les complications lors de l'accouchement.
3) Antécédent
d'IUG
Nous avons enregistré 48.09% des mères avec
antécédent d'infection urogénitale au troisième
trimestre de la grossesse contre 18% dans l'étude de MBO LESELEBE. Ceci
peut s'expliquer par le fait que l'IUG au 3ème trimestre peut
favoriser une infection néonatale qui sera responsable de
l'ictère chez le nouveau-né.
4) 55 | P a g e
Maturité
Dans notre série, les prématurés ont
représentés 33,05% soit 78 cas contre 69 ,95% soit 158
nouveau-nés à terme. Ces résultats se rapprochent de ceux
de KABENGELA KABAMBA en 2015 à Lubumbashi et BARKAT au Maroc en 2003 qui
ont trouvés respectivement : 22,13% des prématurés soit 15
sur 71 cas contre 78,8% des nouveau-nés à terme soit 56/71 cas
[44]. Et 40% des prématurés contre 60% des nouveau-nés
à terme. Ils se conforment aussi au rapport de la société
suisse de néonatologie de mai 2006 qui a rapporté qu'environ 60 %
des nouveau-nés à terme présentent l'ictère dans
leurs premiers jours de vie.
5) Antécédent d'ictère
néonatal dans la fratrie
Dans 4,1% des cas, nous avons noté les
antécédents d'ictère néonatal dans la fratrie, ce
qui nous rapproche des travaux de MAUD BELLAVARY et de SAOUDI F qui ont
trouvé respectivement 4% et 5% des cas [7, 38].
6) Type d'accouchement
Plusieurs études ont montré que le clampage
tardif du cordon et les extractions instrumentales par forceps ou ventouse sont
des facteurs favorisants reconnus de l'ictère néonatal. Les
extractions instrumentales étant peut-être à l'origine
d'une stimulation de l'hème-oxygénase liée au stress [45].
L'utilisation d'ocytocine au cours du travail augmente l'incidence de l'hyper
bilirubinémie néonatale [46-48]. Mais il existe une controverse
[49] et le mécanisme en cause n'est pas bien défini.
L'anesthésie péridurale surtout avec l'utilisation de
xylocaïne est aussi incriminée [50].
Des taux relativement importants des accouchements par voie
basse sont marqués dans notre étude soit 58.47 % et 68
césarienne soit 28.81 %
7) APGAR et réanimation
néonatale
33.9% des nouveau-nés avaient un APGAR
déprimé et ont bénéficié de ce fait d'une
réanimation néonatale. Ce résultat est supérieur
à celui rapporté par KABAMBA M. et MONGA KALENGA qui ont
trouvé respectivement 12,5% et 5,9% des cas avec APGAR
déprimé. La différence ainsi constaté peut
s'expliquer par le fait que notre échantillon contenait plus des
prématurés que les leurs (33.5%). Le lien entre ictère et
APGAR déprimé peut s'expliquer par le fait que ce dernier traduit
une hypoxémie, qui est reconnue comme facteur favorisant
l'ictère.
8) 56 | P a g e
Poids de naissance
Dans notre série, 45.76% des cas avaient un faible poids
de naissance.
Ceci peut s'expliquer par le fait que la plupart
étaient prématurés et donc, présentant une
immaturité hépatique les exposant à l'ictère.
9) Age d'apparition de l'ictère
L'ictère néonatal était plus
d'apparition tardive (> 48h) dans 47,66% et d'apparition précoce
(premières 24 h) dans 9,36% des cas. L'étude de HASSNA TAIRAN
évoque un taux de 92.3 % d'ictère d'apparition entre 36h et une
semaine ; KABAMBA M. : ictère avant 48h avec un taux de 31,2% ; entre
3ème et 4ème jour avec un taux de 48% des
cas et MONGA KALENGA : 39,2% au 3ème jour de vie, nous
pensons que c'est l'intervalle des temps qui explique ces
différences.
10) Mode d'alimentation
Dans notre série L'allaitement au lait maternel
était prédominant suivi de l'allaitement mixte avec
respectivement 82.05% et 16.67% des cas. Ce taux élevé se
conforme aux objectifs du programme national de nutrition (PRONANUT) qui lutte
pour un allaitement maternel exclusif jusqu'à l'âge de 6 mois.
Ceci rejoint des multiples études qui ont démontré au
cours des 25 dernières années une forte association entre
l'allaitement maternel et l'hyper bilirubinémie du nouveau-né
[51]. L'étude de Schneider met en évidence un risque 3 fois plus
important pour les nouveau-nés recevant un allaitement maternel d'avoir
une BT >12 mg/dl par rapport aux enfants recevant un allaitement artificiel,
et 6 fois plus important d'avoir une BT >15mg/dl [52].
11) Les Facteurs de risque
La souffrance foetale et néo-natale a
été retenue par certains auteurs, comme facteur favorisant la
survenue de l'ictère nucléaire [53]. L'apparition des facteurs
favorisant a été remarqué dans 39.98% des cas : l'asphyxie
périnatale dans 12.29%, les bosses sero-sanguines et hématomes
dans 11.86%, et en fin l'hypothermie est survenue dans 2.97% seulement.
12) Les étiologies
L'ictère était physiologique dans 51,27% des
cas, résultat semblable à celui de ABDULAZIZ et all. qui a
trouvé l'ictère physiologique dans 53,9% des cas (129/239) [54].
Concernant l'ictère pathologique, les infections ont occupé la
1ère place dans notre série, suivies des
incompatibilités matérno-foetales soient respectivement 24,15% et
13,56% des cas. Ce
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constat est similaire à celui fait par CHOLA CHEMBO en
2015, soit 53,7% et 27,8%. Les causes indéterminées
représentent 11,02% dans notre étude.
13) Signes cliniques associés
Nous avons constaté que 25.42% des cas étaient
associés à la fièvre ; 7.20% à la pâleur
alors que les selles décolorés sont apparus seulement dans 1.69%
et l'hépatomégalie dans 0.42% des cas contrairement au travail de
HASSNA TAIRAN qui avait trouvé les anomalies neurologiques dans 45,7%
des cas ; à l'étude de MONGA Joséphine qui avait
trouvé la pâleur avec 15,7% et à celle de KABAMBA M. qui
avait trouvé le même signe pâleur cutanéomuqueux
à 100% des cas, ce qui était normal puisqu'il avait
travaillé sur l'ictère pathologique.
IV. CARACTERISTIQUES PARACLINIQUES
1) le groupe sanguin maternel et du
nouveau-né
Nous avons remarqué au cours de notre étude que
la majorité des mères étaient du groupe O avec 38,57%
suivi du groupe B avec 16,52%. Ces résultats se rapprochent des ceux
trouvés par MONGA KALENGA et MBO LESELEBE qui avaient rapporté
respectivement 51% des mères du groupe O suivi du groupe A avec 29% et
44% du groupe O suivi du groupe A avec 20%.
De même que chez les nouveau-nés, le groupe O
était fréquent dans 32,2 % suivi du groupe B avec 19.92%,
résultats presque similaires à ceux trouvés par MONGA
Joséphine : 43,1% des nouveau-nés du groupe O, suivi du groupe B
avec 27,5% et SAOUDI F. : 52% du groupe O suivi du groupe A soit 38%.
2) le groupe rhésus maternel et du
nouveau-né
Le groupe rhésus positif était
prédominant chez les mères tout comme chez les nouveau-nés
avec respectivement 94.34% et 98.8 % rejoignant ainsi l'étude de KAFUTI
NGOY qui avait rapportée 88,68% des mères rhésus positif
[55]. Concernant le sous-groupe rhésus, nos résultats sont
approximatifs à ceux de KABENGA KABAMBA réalisée en 2015
qui a rapportée 94.4% des rhésus positif chez les
nouveau-nés [44].
3) Les bilirubinémies
Les valeurs de la bilirubinémie indirectes variaient de
0,65 mg/dl à 26,3 avec une moyenne de 8,76 #177; 5,23 mg/dl. Tandis que
dans la série de SAOUDI F. la moyenne était de 22,5#177; 5,2
mg/dl. Cette différence se justifie par le fait que son étude
concernait les ictères néonatals intenses d'origine
indéterminée alors que la nôtre concerne toutes les formes
d'ictère.
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C'est le double de médiane du travail de MONGA
Joséphine qui était de 11,56 mg%, qui concernait l'ictère
à bilirubine libre.
La bilirubinémie totale fluctuait entre 1,08 et 33,71
mg% avec une moyenne de 11,53 #177; 6,01 mg%. Notre constat se rapproche de
celui de OZKAN H et coll. qui rapportait une moyenne de 14,1#177;2,7 mg% et
s'éloigne cependant de la recherche de MAUD BEVALLARY qui a
rapporté 24 à 26 mg%. Les différences ainsi
constatée peuvent s'expliquer par des échantillonnages totalement
différents, les types d'études et milieux d'études
respectifs, et des critères de sélection différents.
4) Le type d'ictère
Selon la prédominance du type de bilirubine, nous avons
ressorti dans notre série que la majorité des nouveau-nés
soit 62,29% ont présenté l'ictère à bilirubine
indirecte suivi de l'ictère à bilirubine mixte avec 8,90 % ; ceci
confirme ce que nous dit la littérature par rapport à la
prédominance de l'ictère à bilirubine indirecte [27].
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