3- Contexte d'apprentissage
Cette réflexion sur le rôle que peuvent jouer les
séquences audiovisuelles dans le processus d'apprentissage d'une langue
part d'un constat : Les étudiants de la filière
Trilingue-Allemand, même après avoir obtenu une Licence à
l'Université de Dschang, sont toujours incapables de mettre en pratique
les connaissances acquises tout au long de leurs études. Ils rencontrent
beaucoup de difficultés quant à l'expression orale. Apres avoir
étudié la langue allemande pendant trois ans, ils en sortent
incapables de s'exprimer en ladite langue. La langue est un moyen de
communication, permettant aux hommes d'entrer en contact. Apprendre une langue
serait alors apprendre à l'utiliser oralement, pour affirmer avec
Stéphanie Meyssonnier que : « L'apprentissage de la langue
étrangère est axé principalement sur l'oral. Il vise
à développer des compétences de communication qui
englobent la compréhension de l'oral et l'expression
orale»1. Le fait
6
1MEYSSONNIER, Stéphanie, Pourquoi et
comment exploiter le support vidéo authentique en classe de langue
étrangère?, Nevers, IUFM de Bourgogne, 2004 / 2005, p 5
de pouvoir s'exprimer en plusieurs langues permet aux
apprenants d'élargir leur champ d'action après leur parcours
académique. Un tel apprenant peut être employé comme guide
touristique pour des étrangers Allemands au Cameroun, afin de
présenter une localité en langue allemande. Il ne faut quand
même pas perdre de vue le fait que certains étudiants
malgré leur incapacité à s'exprimer oralement, ont une
bonne expression écrite. Conscients de l'importance des langues
étrangères dans le monde actuel, il serait judicieux de mettre un
accent autant sur l'expression orale que celle écrite, d'où le
désir de proposer des méthodes novatrices, des méthodes
qui, pendant les cours, permettent ou offrent la possibilité aux
apprenants de s'exercer oralement afin d'améliorer leur expression
orale.
4- Etat de la question
Dans leur ouvrage : « Lernkulturen in der Weiterbildung
»1, Schüßler Ingeborg et Christian M. Thurnes
parlent de la culture d'apprentissage et de ses variables selon les contextes.
A la lecture de cet ouvrage, on se rend compte qu'il y a depuis les
années 2000 une multitude de publications sur le thème «
nouvelles cultures d'apprentissage », sans pour autant définir ou
expliquer ce en quoi ces cultures sont nouvelles. La culture d'apprentissage
est donc un concept très utilisé dans l'enseignement et dont les
définitions varient en fonction des auteurs. Schüßler et
Thurnes affirment alors: « Es gibt somit nicht «die eine
Definition» des Begriffs Lernkultur, sondern verschiedene Beschreibungen
eines Wirklichkeitsbereiches. Diese variieren je nach Kontext und
Beobachterstandpunkt »2. Ce concept permet de mettre un accent
sur la transmission du savoir et les fonctions de l'enseignant dans
différentes formes d'apprentissage. Ce concept englobe à la fois
la manière d'enseigner et celle d'apprendre. L'apprentissage est un
ensemble de mécanismes menant à l'acquisition du savoir-faire, du
savoir ou des connaissances, dont l'acteur est appelé apprenant. On peut
opposer l'apprentissage à l'enseignement dont le but est de dispenser
les connaissances et savoirs, avec pour acteur l'enseignant.
Dans « culture d'apprentissage » Schüßler
et Thurnes regroupent l'environnement, les chances, les rituels, les
barrières et les habitudes d'apprentissage. Les caractéristiques
de cette
7
1 Notre traduction: «Culture d'apprentissage dans
l'enseignement supérieur »
2SCHÜSSLER, Ingeborg et THURNES, Christian M.,
Lernkulturen in der Weiterbildung, Bielefeld, Bertelsmann, 2005, p
13
culture sont dépendantes du contexte car la culture
d'apprentissage à l'école primaire est différente de celle
du supérieur. Dans une entreprise de production, l'on ne doit en aucun
cas s'attendre à retrouver la même culture d'apprentissage que
celle d'une entreprise commerciale ou dans toute autre institution
d'enseignement. Dans ce même sens, il est nécessaire de
répondre aux questions suivantes : « Qu'est ce qui doit être
appris ? », « Comment cela doit-il être appris ? », «
Quelles théories didactiques doivent-elles permettre un tel
apprentissage ? ». On comprend déjà que la réponse
à ces questions dépendra du contexte ou du domaine dans lequel on
se trouve.
Selon Schüßler et Thurnes, la multitude de
débats autour du concept « culture d'apprentissage » a
à la base plusieurs raisons. L'une des raisons est le
développement de la société : l'on se demande dans quelle
mesure les cultures d'apprentissage existantes contribuent-elles à
relever les défis présentés par la société.
Dans « Lernkulturen in der Weiterbildung», Schüßler et
Thurnes sont d'avis que les cultures qui considèrent la technologie
moderne et l'éducation comme ressources humaines ont pour objectif de
moderniser la société1.
Une autre raison qui anime ces débats est la base des
théories d'apprentissage. Comme exemple, nous avons le constructivisme.
C'est une théorie qui met l'homme au centre de l'apprentissage. Elle
émet l'idéologie selon laquelle l'homme construit sa propre
réalité, sans tenir compte du monde extérieur. Les
influences extérieures sont de ce fait considérées comme
facteurs perturbateurs. C'est à base de résultats des
activités précédentes que le cerveau décide de la
façon dont les prochaines activités doivent être
effectuées. Le processus d'apprentissage est donc dépendant des
connaissances antérieures, des principes, de la motivation et de
l'émotion de l'apprenant2. Il revient donc à
l'apprenant de voir quel contenu et quelle méthode lui permettront
d'atteindre ses objectifs. Schüßler Ingeborg et Christian M. Thurnes
favorisent alors cette culture d'apprentissage, qui rend l'apprenant autonome.
A la page 35 de l'ouvrage « Lernkulturen in der Weiterbildung », on
lit: « Äußere Einflüsse werden zunächst als
Perturbationen (d. h. Störungen) empfunden und entsprechend der eigenen
kognitiven Struktur verarbeitet. Anhand der Resultate
früherer Aktivitäten entscheidet das Gehirn, wie die
Aktivitäten der Nervennetze gesteuert und gekoppelt werden
»3. Ici on comprend donc que l'enseignant n'assiste
l'apprenant
8
1SCHÜSSLER, Ingeborg et THURNES, Christian M.,
Lernkulturen in der Weiterbildung, Bielefeld, Bertelsmann, 2005, P
28
2Idem, P 36
3 Notre traduction: « les influences
extérieures sont perçues comme de perturbations et impactent la
structure cognitive déjà travaillée. À l'aide des
résultats des activités antérieures, le cerveau
décide de comment les activités du système nerveux doivent
être associées et gérées »
que si ce dernier en a besoin. Il faut déjà
rappeler que, parler de l'autonomisation dans l'apprentissage ne veut pas dire
apprentissage sans enseignant. C'est une forme d'enseignement/apprentissage
dont l'apprenant est acteur à 90% et n'a recours à l'enseignant
que lorsque la nécessité s'impose.
Dans son article intitulé: « Motivation und
Demotivation im Deutschunterricht an der Universität Dschang »
Augustin Kenné présente les facteurs motivants et
démotivants des étudiants vis-à-vis de l'apprentissage de
l'Allemand à l'Université de Dschang1.
La création de la filière Trilingue-Allemand a
toujours encouragé les étudiants de Douala et de Yaoundé
à continuer leurs études à l'Université de Dschang.
Cette mobilité est plus intense depuis l'année académique
2008-20092. En ce qui concerne la motivation, il en présente
quatre types:
La motivation intégrative : celle-ci consiste pour
l'apprenant à percevoir la langue et la société cibles de
façon positive et d'avoir pour but d'être citoyen de ladite
société.
La motivation instrumentale : les apprenants ont pour
objectifs de se faire des amis dans le pays de la langue cible, voyager
à travers la société cible. Les apprenants peuvent donc
continuer avec les études soit en Allemagne, en Angleterre, en
Amérique ou en France. Ils peuvent aussi devenir des enseignants de
Français, d'Anglais ou d'Allemand et peuvent facilement faire de la
traduction. Ces langues deviennent donc un atout sur le marché
international de l'emploi.
La motivation intrinsèque : Ici l'apprenant fournit
plus d'effort pour atteindre des objectifs personnels. Le désir
d'être polyglotte encourage aussi l'apprentissage. La maîtrise de
plusieurs langues est une marque de « prestige social
»3.
La motivation externe est constituée des compliments,
récompenses, bonne notes, la relation entre les apprenants, entre les
apprenants et l'enseignant. Il faut aussi rappeler que le contenu des cours
serait un facteur de motivation s'il répondait aux attentes des
apprenants. Dans cet article, on note aussi que le prix des denrées
alimentaires et le coût du loyer peu élevé sont un
9
1 KENNÉ, Augustin, « Motivation und
Demotivation im Deutschunterricht an der Universität Dschang »,
Information Deutsch als Fremdsprache no 1 2015
2idem, p 72 3idem, p 80
autre facteur de la venue des étudiants à
l'Université de Dschang pour la suite de leurs études, une fois
qu'ils atteignent le supérieur.
L'organisation du club allemand est aussi bien une motivation
intrinsèque qu'extrinsèque. Elle est intrinsèque chez ces
étudiants qui, pour mettre à jour leur savoir-faire, ont
décidé d'en créer. Elle est cependant extrinsèque
chez les étudiants qui y prennent appui pour travailler davantage. Ce
Club met sur pied des cours de répétitions pour améliorer
le niveau des apprenants. Les aînés académiques
amènent ainsi leurs cadets à travailler davantage, même en
l'absence de l'enseignant, ce qui peut contribuer à
l'amélioration des notes après évaluation.
A côté de ces facteurs de motivation, Augustin
Kenné reconnait tout de même, qu'il existe des obstacles à
l'expression orale des étudiants qu'il faut éliminer. C'est alors
partant de cette difficulté d'expression orale que nous avons choisi de
travailler afin de rendre l'apprentissage de la langue allemande,
particulièrement l'expression orale des étudiants plus
aisée, tout en implémentant les séquences audiovisuelles
ou alors de trouver des méthodes adéquates pour l'enseignement de
l'Allemand comme langue étrangère.
En ce qui concerne la didactique de l'Allemand comme langue
étrangère, nous avons une multitude de méthodes qui ont
été mises sur pied au fil du temps. A la lecture de Wolgang
Hallet et Frank Königs, on constate que certaines méthodes naissent
simultanément. De ces méthodes nous ne nous intéresserons
qu'à 061 :
- La méthode Grammaire-Traduction : cette méthode
naît au début du 19ème siècle. Elle met
l'accent sur la construction des mots et le respect des
règles grammaticales de la langue cible. Elle favorise alors
l'apprentissage d'une langue en tant que système. Elle n'accorde aucune
importance à la langue comme moyen de communication. La méthode
Grammaire-Traduction a pris fin au début du 20ème
siècle.
- La méthode directe naît entre 1960 et 1970 et
considère déjà la langue comme un moyen
de communication plutôt qu'un ensemble de mots. C'est
une méthode qui stipule qu'une langue est plus parlée qu'elle
n'est écrite. Le langage varie donc en fonction du contexte d'usage.
10
1Hallet K. et Königs F.,
Handbuch Fremdsprachendidaktik, Berlin, Klett/Kallmeyer, 2010, Pp 152-154
11
- Hallet et Königs pensent que la méthode
audiolingue naît du structuralisme et du
behaviorisme. C'est une méthode qui accorde une place
à l'enseignement assisté par des documents audio. Le rôle
de l'apprenant est dans ce cas d'imiter, de répéter après
le document.
- La méthode audiolingue donne naissance à la
méthode audiovisuelle en France et aux USA
en 1960, dans le but d'associer le son à l'image. Mais
l'inconvénient de la méthode audiovisuelle est qu'elle restreint
la capacité de réflexion de l'apprenant et donne à
l'enseignant le rôle d'« expert en média ». Ici seul
l'enseignant a la parole et n'autorise que très peu les apprenants
à s'exprimer.
- La méthode communicative est développée
pour renforcer le rôle de l'apprenant dans un
processus d'apprentissage. Cette méthode met
l'apprenant et la communication au coeur du processus d'apprentissage. La
méthode communicative met un accent sur la compétence
linguistique et pragmatique car l'apprenant doit se servir de la langue dans
des contextes de communication différents et doit donc être
à mesure de varier son langage en fonction de la situation dans laquelle
il se trouve. Cette méthode associée à la méthode
audiovisuelle favorise alors l'échange entre l'enseignant et l'apprenant
après avoir regardé une séquence audiovisuelle.
- La méthode communicative a suscité l'approche
interculturelle, puisque l'enseignement
des langues intègre déjà les documents
audiovisuels. Les documents utilisés ont trait à
différentes cultures d'où la nécessité d'une
compétence interculturelle. L'apprenant dans ce cas s'exprime en tenant
compte de la variation culturelle des interlocuteurs.
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