l Avez-vous dû adapter vos pratiques professionnelles
à France Inter au quotidien depuis l'arrivée de la vidéo ?
La possibilité qu'ont les auditeurs internautes de ré
écouter ou voir en vidéo les émissions influence-t-elle
votre façon de travailler en amont ?
L'entrée de la vidéo modifie à la
marge le fait de faire de la radio, l'année dernière on
n'était pas filmés dans le 18/20, ça donne surtout une
liberté de geste : du langage non verbal, ça passe par les mains.
Ce sont des gestes qu'on ne peut plus faire car ils peuvent être mal
interprétés pour la communication avec la régie, on doit
se contrôler un peu, c'est un problème. Ça peut être
prit comme un geste de violence, de mépris. Sinon, je refuse de
m'habiller pour venir à la radio, de mettre une veste ou cravate, mais
quand même je m'habille différemment, y'a des images je fais plus
attention
l Avez-vous eu des appréhensions face à
l'entrée des caméras dans les studios de radio ? A être
filmé pendant une émission ? Les nouvelles pratiques du
numériques sont-elles un impact sur votre style radiophonique ?
Avez-vous le trac du direct ? Le fait d'être filmé peut-il
accentuer ce trac ?
Je commence à parler, à regarder partout,
je bouge le micro on a l'impression que je suis totalement agité, donc
je fais attention que ce ne soit pas filmé forcément car c'est
une séquence inutile de la matinale. Ce sont des plans larges mais
même au niveau des plans larges ça donne un rendu qui ne passerait
pas bien à l'image.
l Pourquoi la chaîne France inter s'est-elle investie
dans la production vidéo ? Quelles sont les motivations de cette
stratégie selon vous ? Certaines émissions sont filmées,
d'autres non, pourquoi selon vous ? (question du choix de contenu à
filmer, quels genres?)
Lorsque j'ai commencé à faire la matinale
à Inter en 2006, les zappings de télévisionv, il y avait
déjà le logo de France inter.
Y'a des émissions ou les invités refusent
d'être filmés, Ce n'est pas de la télé mise en onde,
ça se comprend ce refus.
Aujourd'hui il y a beaucoup d'enjeux dictés par la
télévision. Il y a des émissions ou les invités
refusent d'être filmés. Moi quand je faisais « le
téléphone sonne » le soir, je n'étais pas
filmé, ça n'apportait rien. Là il se passe des choses en
studio, un invité qui rigole, qui ne rigole pas, c'est un
véritable complément. L'image c'est une réalisation
très soft à France Inter, la radio survit sans
problème.
4 / Perception de la radio visuelle
l Que pensez-vous de la radio visuelle ?
C'est très pratique, étrangement je le vois
comme quelque chose purement radiophonique. Voir Charline, Guillaume Meurice
déguisées en Panda, c'est important de voir l'image.
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J'ai une consommation d'images sur twitter notamment
purement audio, l'image est importante, parfois
ça apporte vraiment quelque chose on peut regarder
la vidéo avec plaisir ; C'est appréciable de
voir les
invités,
l La radio, ce média de l'imagination, peut encore
être nommé ainsi si l'on pense présence des caméras,
émissions filmées ?
Il faudrait avoir les chiffres, je ne sais pas ce qu'ils
sont exactement. La masse de l'audience passe encore énormément
par le poste FM de la cuisine et de la salle de bain.
Ça peut passer par du streaming, par l'application
d'inter, par Apple music, par le site internet,
L'audio est encore extrêmement puissant. Plusieurs
amis à moi regardent la matinale sur un écran d'ordinateur comme
elle est streamé l'expérience est très différente,
mais un très beau moment de radio et aussi un très beau moment
à l'image. La bascule ne sait pas encore faite, l'image n'a pas encore
pris le pouvoir. Pour pouvoir être bien filmé il faut beaucoup de
lumière. Il y a des radios intimistes qui sont des radios plus calmes,
plus douces, ou l'on ne peut pas éclairer comme ça
l D'après vous la vidéo peut enlever de la
liberté dans la production d'une émission, dans les propos, le
traitement de l'information ? ou au contraire va-t-elle permettre plus
d'ouverture sur de multiples sujets ?
Dans les plans larges, la gestuelle est restreinte
? Mathieu Vidard, La tête au carré Lundi
30 avril, 15h45 à Radio France
1 / Profil et parcours de
l'interviewé(e)
l Quel métier exercez-vous à France Inter et
depuis combien de temps ?
Je suis producteur animateur à Radio France depuis 25
ans, et 15 ans à France Inter. Avant j'étais à Nancy dans
les locaux de France Bleu et j'ai commencé à Nantes à
Radio France.