l Avez-vous dû adapter vos pratiques professionnelles
à France Inter au quotidien depuis l'arrivée de la vidéo ?
(la formation, les compétences ou le savoir-faire qu'il faut
acquérir pour maîtriser les techniques permettant de produire ces
nouveaux contenus.)
Je fais de la radio avant tout, les fois où je
joue avec la vidéo c'est quand je me déguise. Mais je me
crée un personnage davantage avec des déguisements, perruques, je
pourrais faire mieux si je tenais compte de la vidéo mais c'est comme si
je faisais de la télévision. J'en fais fie, après j'ai
conscience que ça nous amène un autre public, des personnes qui
n'écoutent pas la radio mais qui regardent les chroniques. L'objet
vidéo est susceptible d'être partagé, j'accepte
d'être filmée, on est une des rares émissions dont on peut
regarder le direct en streaming, ça joue énormément sur
notre interaction avec les gens, regarder la vidéo va être une
image de fond.
l Pouvez-vous me raconter votre première
expérience / souvenir en Radio filmée ?
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J'ai fait une entorse au principe de la radio. Quand
François Hollande est venu, il était président de la
république j'avais créé des pancartes avec mon
numéro de téléphone et des phrases de dragues sans le
préciser aux auditeurs traditionnels mais l'auditeur de la chronique ne
se sentait pas perdu pour autant. Cependant les spectateurs ce
complément humoristique plus prononcé.
l Avez-vous eu des appréhensions face à
l'entrée des caméras dans les studios de radio ? A être
filmée pendant une émission ? Avez-vous le trac du direct ? Le
fait d'être filmée peut-il accentuer ce trac ?
Non jamais, on n'a pas la qualité de la
télévision, moi j'ai complétement assumé cela
.
l Les nouvelles pratiques du numériques ont-elles un
impact sur votre style radiophonique ? (Au niveau des contraintes
discursives)
Surtout pas, sinon on ne ferait plus de radio, ce qui
m'importe c'est l'auditeur. Si jamais je joue de la vidéo je ne veux pas
que l'auditeur se sente lésé. Je n'apporte pas un
élément purement visuel. Sinon t'écris plus en fonction de
la vidéo, tu te laisses emporter par l'image.
l Certaines émissions sont filmées, d'autres
non, pourquoi selon vous ? (question du choix de contenu à filmer, quels
genres?)
Celles qui sont intéressantes et susceptibles
d'être prise en compte pour la vidéo c'est Boomerang d'Augustin
Trapenard qui ne veut pas que son émission soit filmée mais sa
carte blanche oui donc c'est vrai que c'est une question à se
poser.
4 / Perception de la radio visuelle
l Que pensez-vous de la radio visuelle ?
On est une bande jeune et dynamique avec une
écriture neuve qui dépasse le cadre de la radio. On à un
autre aspect de la vidéo qui peut être problématique, une
vidéo part de son contexte. Frédérique Fromet arrive le
vendredi, l'auditeur disait qu'on fait de la satire, si on découpe la
vidéo et qu'elle tourne sur les réseaux sociaux, comme elle n'est
pas dans son contexte ; L'image à un impact, même nous au niveau
de l'humour on peut avoir peur parfois, mais le problème ne vient pas de
nous mais de la récupération de ce que l'on fait. La radio permet
un dévoiement de ce qu'on fait, mais il ne faut pas non plus trop y
penser en direct sinon on mettrait de la censure.
l En quoi et pourquoi est-elle amenée à se
développer selon vous ? Quel avenir pour la radio visuelle selon vous
?
On peut s'arrêter là pour moi, ça
amène les jeunes, je ne vois pas la nécessité d'aller plus
loin.
Les vidéos circulent, ça a un
côté intéressant je suis d'accord. On n'est pas à la
télévision Il faut assumer le coté branquignole de la
vidéo.
l
60
La radio, ce média de l'imagination, peut encore
être nommé ainsi si l'on pense présence des caméras,
émissions filmées ?
Ce que ça modifie c'est que les gens nous
reconnaissent dans la rue, le côté positif c'est que les gens
viennent nous voir. On ne peut pas dire que ce n'est pas chouette, y'avait
cette injustice un peu par rapport à la télévision.
Maintenant, grâce à la vidéo, on entre davantage dans ce
côté interactif, Le plus gros changement c'est qu'on est vus et
reconnus ; on a maintenant la chance d'avoir cette interaction avec les gens,
c'est vraiment chouette.
l D'après vous la vidéo peut enlever de la
liberté dans la production d'une émission, dans les propos, le
traitement de l'information ? ou au contraire elle va permettre plus
d'ouverture sur de multiples sujets ?
On oublie vite qu'on est filmé. C'est plus dans
nos interactions parfois avec les invités, l'auditeur quand il arrive il
sait qu'on est dans la satire et que ça peut partir assez loin
parfois
? Dorothée Barba, Captures d'écran, Demain la
veille, le 5/7 du weekend, Entretien lundi 30 avril, 12h10 à Radio
France
1 / Profil et parcours de
l'interviewé(e)
l Quel métier exercez-vous à France Inter et
depuis combien de temps ?
Je suis productrice, ça consiste à
présenter et animer des émissions. Moi je me considère
comme journaliste, je suis journaliste de formation, mais ce n'est pas dans mon
contrat de travail.