l Avez-vous dû adapter vos pratiques professionnelles
à France Inter au quotidien depuis l'arrivée de la vidéo ?
(la formation, les compétences ou le savoir-faire qu'il faut
acquérir pour maîtriser les techniques permettant de produire ces
nouveaux contenus.)
Pas forcément, car ça reste de la radio
filmée, les gens lisent leurs papiers, ce qui pourrait présenter
un intérêt relatif. Pour les gens il y a l'envie de
pénétrer dans les coulisses de la radio, je fais un signe
à mes auditeurs en fixant la caméra au début pour montrer
que je sais que je suis filmé et que a n'est pas à mon insu,
beaucoup d'auditeurs sont devenus téléspectateurs. Il y a un
impact sur le nombre de visionnage essentiellement.
l Pouvez-vous me raconter votre première
expérience / souvenir en Radio filmée ?
Je me souviens de quelques fois, ou on filmait des gens
qui ont eu des réactions (rires, étonnements, grimaces), parfois
ils oublient être filmés, ils vont faire des têtes pas
possibles mais finalement ça rajoute un côté vivant, une
retranscription d'émotion qui continue par passer par la voix bien
évidemment mais avec ce plus de voir les coulisses
l Pourquoi la chaîne France inter s'est-elle investie
dans la production vidéo ? Quelles sont les motivations de cette
stratégie selon vous ?
57
C'est l'époque qui veut ça, tout le monde le
fait avec plus ou moins de réussite. Ça génère des
clics sur internet, ça permet d'attirer des jeunes, pour qui la radio ce
n'est que des instants de radio filmée, ce sont des gens qui sont
nés avec la vidéo, je pense que ça touche un nouveau
public.
l Les nouvelles pratiques du numériques sont-elles un
impact sur votre style radiophonique ? La possibilité qu'ont les
auditeurs internautes de ré écouter ou voir en vidéo les
émissions influence elle votre façon de travailler en amont ?
Oui les chroniques qui me semblaient trop complexes, trop
écrites, je les fais quand même car les personnes peuvent regarder
plusieurs fois, je ne m'interdit plus rien au niveau du style radiophonique, il
peut y avoir du détail ou subtilité, plus de liberté,
fournir des chroniques plus travaillées, peut-être moins «
immédiates » il faut se lâcher en se disant que la chronique
reste disponible sur internet.
l Vous avez travaillé chez RTL, pouvez-vous me citer la
principale différence entre France Inter et RTL ?
Les gens ont moins tendance à jouer avec les
caméras. Dans les studios infos à RTL la différence est
entre les studios infos ou les studios variétés, parfois je vois
le rouge sur la caméra mais je n'arrive même pas à savoir
où elle se trouve exactement ; On m'en parle souvent donc c'est signe
que y'a un petit jeu, c'est intéressant.
4 / Perception de la radio visuelle
l Que pensez-vous de la radio visuelle ?
Au début j'étais assez influencé par
plusieurs personnes qui disaient que la radio c'est la voix et pas un physique.
C'était intéressant de ne pas forcément voir les gens Moi
je m'y suis habitué, la caméra est un petit plus pour moi en
jouant avec elle, je pourrais venir déguisé parfois, je n'y pense
pas assez. J'ai travaillé avec Bernard Poirette sur RTL qui a une voix
très grave et caractéristique, je peux comprendre qu'on n'ait pas
envie de le voir
l Certaines émissions sont filmées, d'autres non,
pourquoi selon vous ?
Sur RTL par exemple Laurent Gera n'est pas filmé,
car il imite des voix, on verrait juste un imitateur en train d'imiter.
Canteloup n'est pas filmé non plus, en tant qu'imitateur ça casse
le truc. Pour les gens qui font des chroniques sans soucis
d'interprétation, comme moi, c'est vraiment un
complément.
l En quoi et pourquoi est-elle amenée à se
développer selon vous ? Quel avenir pour la radio visuelle selon vous
?
Une radio filmée en permanence, 24 sur 24. Moi je
l'imagine vraiment comme une « télévision
améliorée » quasiment en direct tout le temps. À la
télé tout est enregistré, tout est déjà
décidé à l'avance on sait qu'il peut plus se passer
grand-chose
l La radio, ce média de l'imagination, peut encore
être nommé ainsi si l'on pense présence des caméras,
émissions filmées ?
58
Un petit peu moins, on voit beaucoup plus les choses,
ça peut casser l'image de quelqu'un, ça peut briser quelques
fantasmes. C'est un complément mais ça peut briser certaines
imaginations on va dire ; C'est comme les adaptations au cinéma de
livres. Si on imagine les 3 mousquetaires d'Alexandre Dumas comme on le
souhaite et ensuite on les voit, il peut y avoir une déception quand on
a pu imaginer autre chose.
l D'après vous la vidéo peut enlever de la
liberté dans la production d'une émission, dans les propos, le
traitement de l'information ? ou au contraire elle va permettre plus
d'ouverture sur de multiples sujets ?
Sur mon métier justement comme dit
précédemment, elle me laisse plus de liberté dans mon
travail, dans mes sujets lorsque je sais que si je suis filmé
? Charline Vanoenacker, Le billet de Charline
Vanoenacker, Entretien lundi 30 avril, 11h15 à Radio France
1 / Profil et parcours de
l'interviewé(e)
l Quel métier exercez-vous à France Inter et
depuis combien de temps ?
Je suis Productrice, pour moi ça ne veut pas dire
grand-chose. Je me considère comme une journaliste satirique. Je
fabrique une émission, je m'occupe du contenu de l'émission je
choisi les sujets, les invités, producteur c'est de la pure organisation
et ensuite il y a tout le travail de l'écriture.