Figure 10 : Appui financier
des groupements de l'ANBEP
UNESCO
Coopération Belge
ENDA GRAF
AJED
ANBEP
Groupement de Promotion Féminine (GPF) et Groupement
d'Intérêt Economique (GIE)
Sur le plan économique, les acquis sont multiples et
participent à la lutte contre la pauvreté, car les associations
sont de véritables acteurs de l'économie locale et nationale.
Pour rappel, Yeumbeul est le secteur de la banlieue où le revenu mensuel
est le plus faible de la région de Dakar dépassant juste le seuil
de pauvreté fixé à 50 000F par mois selon la
Direction de la Statistique en 1992.
La création d'un fond d'épargne et de
crédit a assuré le financement des activités
féminines : le système de crédits rotatifs a
été instauré et a constitué la technique
d'autofinancement. Les remboursements effectués après une
durée de six mois permettent d'assurer le financement d'autres
groupements.
Après le test effectué à Matam avec 127
femmes, l'impact de ce projet a révélé de bons
résultats. Des femmes entrepreneurs sont apparues dans la
banlieue : certaines sont actuellement en possession de frigos alors que
d'autres des boutiques marquant une étape vers leurs autonomisation. Les
programmes de crédits ont créé des espaces de rencontres,
d'échanges, de mobilisation, espaces de formation et de réflexion
sur la gestion de la cité. Ils ont poussé les femmes à
sortir de leur foyer et à participer à une dynamique locale.
La mise en place d'une unité de fabrique de savon
(photo 13 et 14) a marqué le pas vers une industrialisation des
activités féminines.
Photo 13 : Unité de
fabrique du savon Photo 14: Savon
label ANBEP
Cette unité de fabrique de savon a été
crée en 2008. Cependant au bout de deux années de fonctionnement
les activités sont aux rabais à cause de la guerre en Cote
d'Ivoire et du conflit casamançais espaces qui fournissaient la
matière de base. Au-delà, cette unité de savonnerie a
créé un système de partenariat au Sud : ANBEP
s'intègre à un territoire au Sud du Sénégal avec
l'appui d'AJWS le partenaire commun et un espace même de la sous
région (Côte d'Ivoire). La transformation des
céréales locales (photo 15 et 16) est une autre activité
permettant à l'association de s'insérer dans le réseau des
producteurs locaux des pays Suds en participant au forum social de Dakar.
Photo 15 : Ensachage du couscous de patate
Photo 16 : Femmes s'activant à
la préparation de l'ensachage
Ces femmes du milieu populaire se sont transformées en
«entrepreneuses» et sont entrées de plein pieds au
développement d'une logique de marché, censée
résoudre les problèmes de pauvreté et d'exclusion
sociale.
Cette approche selon le genre est déterminante dans la
mesure où beaucoup de femmes sont des chefs de foyers à la suite
des années de crises et de l'accroissement du chômage. Les
activités génératrices de revenus entrent en droite ligne
de la politique de valorisation et d'émancipation de la femme, car elles
favorisent l'égalité entre les sexes. Elles participent aussi
à la libération de la femme du joug social et partant à
son épanouissement total.
En ce qui concerne les personnes du 3éme
âge, un atelier de menuiserie est ouvert pour eux avec le financement de
Rotary Club. La fonction assignée à cette fabrique est d'assurer
une alternative aux élèves ayant échoué dans les
études pour leur insertion dans le tissu économique.
D'une manière plus approfondie, ces différentes
activités ont contribué à l'emploi des jeunes : le
centre de formation et de documentation, le centre de santé,
l'unité de fabrique du savon et l'unité de transformation des
céréales locales et les travaux d'assainissement, de
prévention sur le SIDA ont conduit au recrutement de personnel issu du
milieu populaire.
En outre, ces différentes activités
économiques ont relevé le défi de la faiblesse des
ressources fiscales de la commune d'arrondissement. La création
d'activités et de revenus pour et par les masses appauvries qui prennent
conscience d'une mobilisation solidaire et active, a eu pour effet de
créer des ressources susceptibles d'alimenter le budget (taxe
d'impôt, taxe sur les activités) des collectivités
locales.
2.2.2 La question du genre
Le point fort de l'ANBEP est l'intégration de l'aspect
genre dans ses activités. En effet, les femmes ont montré une
grande capacité de mobilisation dans leur groupement de promotion
féminine (épargne et crédit) et dans la gestion de
l'environnement de leur quartier (opérations de nettoyage,
d'embellissement). Face à la précarité de leurs conditions
de vie, les femmes s'organisent dans des cadres de mobilisation sociale comme
les GIE (Groupements d'Intérêt Economique) et les GPF (Groupement
de Promotion Féminine) pour mener des activités communautaires
lucratives. Elles participent à leur promotion économique d'une
part, et à leur participation substantielle aux économies
familiales d'autre part. Le leadership féminin est ainsi le moteur
même de cette association : sur un effectif de 950 membres les
femmes représentent 800 soit 84 %. Les femmes ont donné des
résultats satisfaisants en termes de gestion financière, en
témoigne la petite fabrique de savon et la transformation des
céréales locales.
Les jeunes se sont surtout fait remarquer dans les
opérations de collecte des ordures ménagères et dans les
travaux physiques (construction des ouvrages d'assainissement comme les
puisards et la creusée des tranchées pour les tuyaux d'eau
potable). Parfois, les hommes et les femmes sont intervenus ensemble, lors des
séances de sensibilisation environnementale organisées par les
associations ou durant certaines opérations de ramassage des ordures et
d'embellissement du quartier.
Le troisième âge est consulté
régulièrement dans toutes les activités et les
réalisations. Le mode de fonctionnement de l'association (logique de
solidarité à base locale, liens de parenté, de voisinage,
d'ethnie et/ou d'appartenance religieuse) les intègre pleinement dans le
déroulement des processus. La plupart des bornes fontaines sont
gérées par eux.
Dans un milieu à forte prégnance religieuse, le
genre occupe une place centrale dans la gouvernance locale en termes de
représentativité et de participation.
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* *
Ces différentes activités ont eu un impact
positif sur le milieu par l'amélioration des conditions et du cadre de
vie des populations. Les projets de cette association ont eu beaucoup d'impact
sur la communauté. Ils ont revalorisé l'action communautaire et
amélioré l'environnement général (collecte des
ordures ménagères, puisards, éducation environnementale,
etc.). Si les jeunes et les personnes âgées ont eu à
bénéficier des actions de ces programmes, les femmes aussi en ont
tiré profit. L'aspect genre est bien tenu en compte car une bonne partie
des activités génératrices de revenues sont
occupées par les femmes. Elles sont devenues des instruments
économiques et des cadres de réflexion sur la gestion sociale des
quartiers, pour ne pas dire un tremplin à la gouvernance locale.
Cette association participe également au renforcement
du processus démocratique, du fait que son fonctionnement repose sur la
notion de participation populaire et l'intégration de toute les
catégories de la population (jeunes, adultes, personnes de la
3éme âge, hommes / femmes) ce qui obéissent aux
principes essentiels de la démocratie. Sa force réside aussi dans
sa flexibilité : les actions dépendent plus de la cible que
du milieu d'intervention et ne connaissent pas de limite communale,
départementale ou régionale.
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