I.3.2 LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE, FLEAU POUR
L'ENVIRONNEMENT
Lorsqu'elles devinrent un champ d'étude à part
entière dans les années 1960, les relations
population-environnement s'inscrivaient dans une grille d'analyse fortement
imprégnée des idées malthusiennes. Le postulat de
départ était clair : la croissance démographique a
des effets néfastes sur l'environnement. C'était le message
délivré en 1968 par l'ouvrage d'Ehrlich « The
Population Bomb » ou par le célèbre rapport Meadows
publié en 1972 sous le titre « The Limits to
Growth ». Analysant les relations entre la démographie, la
nourriture, la pollution, l'industrialisation et les ressources non
renouvelables sur la base d'un système d'équations non
linéaires, la conclusion était que seule une réduction
drastique de la croissance démographique permettrait d'éviter une
catastrophe écologique. On retrouve l'argumentation malthusienne
originelle selon laquelle si les freins préventifs (recul de l'âge
au mariage, mise au monde d'enfants uniquement si l'on a les moyens de les
élever) ne sont pas instaurés par les individus, ce sont les
freins répressifs (famine, guerre, épidémie) qui le feront
pour eux (Malthus, 1798).
· 1 Slogan phare de l'époque parmi ces pays :
« La meilleure pilule, c'est le développement ».
D'un point de vue démographique, on peut noter que ce
courant néo-malthusien est dominant à l'époque où
la croissance de la population mondiale, et surtout celle des pays du
tiers-monde, est maximale, c'est-à-dire dans les décennies 1960
et 1970. Les travaux qui s'y rattachent ont eu des répercussions
très importantes sur l'opinion publique et sur les décideurs. Ils
ont en effet donné une assise scientifique à la mise en place de
nombreux programmes de planification familiale. Malgré une vive
opposition des pays en développement à ces programmes lors de la
première Conférence de population à Bucarest en 1974,
nombre d'entre eux comme l'Algérie, le Mexique ou la Chine mettront en
place très rapidement des politiques antinatalistes.
I.3.3 LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE MERE DE
L'INNOVATION
Pour s'opposer aux théories néo-malthusiennes,
il y eut une théorie alternative qui inversait leur postulat de
départ. L'argument de Boserup, dont l'ouvrage fondateur de 1965 fournit
une analyse historique des rapports entre la croissance démographique et
les types de système agraire, est que la croissance démographique
est un aiguillon qui va forcer l'adoption d'un nouveau système agraire
plus performant pour permettre de nourrir la population. Dans la thèse
boserupienne, comme dans celle de Malthus d'ailleurs, l'homme est plutôt
apathique par nature et il préfère utiliser un système
agraire moins intensif donc moins nécessiteux en facteur travail,
à moins d'y être contraint, justement par la pression
démographique. Boserup (1976) prolongera cette théorie à
l'environnement selon le même raisonnement pour adopter des techniques
respectueuses de son intégrité. Simon (1985) sera un ardent
défenseur de cette thèse.
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