CHAPITRE PREMIER :CONSIDERATIONS THEORIQUES
L'objet de ce chapitre est de présenter les notions
ayant trait à la micro finance (section 1), au bien-être (section
2) et à la liaison théorique entre la micro finance et le
bien-être (section 3).
SECTION I. LA MICRO FINANCE
I.1.
ORIGINE DE LA MICROFINANCE
Il nous est indispensable de rappeler que le concept de micro
finance n'est pas du tout nouveau car selon certains auteurs
spécialisés enmicro finance, les origines remontent à
plusieurs siècles avant Jésus-Christ à Babylone. Pour
d'autres, les premières expériences de micro finance sont
apparues au 19ème siècle, avec les premières
expériences coopératives en Amérique du Nord et en Europe
de l'Ouest.
En Afrique, les premières
véritables institutions de microcrédit seraient apparues au
début du 20ème siècle avec les
sociétés indigènes de prévoyance et au début
des années 1950 avec la mise en place des premières
coopératives financières.
Dans les années 1970, les organismes gouvernementaux se
trouvaient à l'origine des principaux crédits à la
production octroyés aux personnes qui n'avaient auparavant aucun
accès et étaient obligées de recourir à des
usuriers ou de louer leur force de travail.Les Gouvernements et les bailleurs
de fonds internationaux ont reconnu le besoin des pauvres d'accéder
à un crédit bon marché, et y ont vu là un moyen de
promouvoir la production agricole par des petits producteurs (petit paysan,
petit producteur du secteur informel urbain, etc.).
A partir du milieu des années 1980, le modèle de
crédit ciblé subventionné préconisé par de
nombreux bailleurs de fonds a fait l'objet des sérieuses critiques.
En Asie et plus particulièrement au Bangladesh, le
Docteur Mohamed Yunus a montré la voie avec un projet pilote de
crédit du groupe destiné aux paysans sans terre et plus
particulièrement aux femmes. Cette institution devenue par la suite la
Grameen Bank, compte aujourd'hui plus de 2,4 millions de clients dont 94% des
femmes, et tient lieu de modèle dans de nombreux pays.
Depuis, l'expérience de la Grameen Bank a fait
école partout dans le monde. Lors du premier sommet de
microcrédit tenu à Washington, il était déjà
possible de dénombrer plusieurs millions d'institutions de micro
finance(IMF), en majorité de très petites tailles. En 2007, on
estimait entre 5.000 et 10.000 le nombre d'institutions oeuvrant dans le
domaine de la micro finance dans le monde.
I.2.
DEFINITION DE LA MICROFINANCE
Aujourd'hui, on assiste à une prolifération sans
précédent d'IMF spécifiquement orientées vers les
besoins des populations pauvres.
Selon les Nations Unies, on entend par micro finance, l'offre
de services financiers (microcrédit, micro-assurance, transfert
d'argent, etc.) aux populations pauvres, exclues du système bancaire,
sans ressource ni droit de propriété. Les plus pauvres sont
exclus dusystème bancaire traditionnel, parce qu'ils ne sont pas
salariés, parce qu'ils n'offrentaucune garantie et sont souvent
analphabètes et parce qu'ils ne représentent pas a prioriune
population « rentable ». Ils n'ont donc pas accès aux services
financiers et, notamment,à l'épargne et au crédit. Le
microcrédit permet à ces femmes et ces hommes démunis
dedémarrer une petite activité génératrice de
revenus : une micro-entreprise. Le prêt estensuite remboursé
grâce aux revenus de cette entreprise qui permet aussi parfois
d'enépargner une partie et de financer l'éducation des enfants
entre autres (Manika JP, 2011).
Abordant dans lemême sens que les deux premières
définitions, Sabrina Djefal (2007) considère la micro finance
comme des structures d'épargne et/ou de crédit à
destination d'une tranchede population généralement exclue du
circuit de financement bancaire classique.
Selon Marc Labie (1999), on appelle micro finance, l`octroi de
services financiers (généralementdu crédit et/ou de
l`épargne), à des personnes développant une
activité économiqueproductive, le plus souvent de l`artisanat ou
du commerce, et n`ayant pas accès auxinstitutions financières
commerciales en raison de leur profil socio-économique (il s'agitdes
pauvres, sans revenus fixes, qui n`offrent aucune des garanties en vigueur dans
lesinstitutions bancaires commerciales). L`aspect le plus connu de la micro
finance est lemicrocrédit. Il consiste le plus souvent à octroyer
des prêts à court terme, soit pourpermettre la constitution du
fonds de roulement, soit pour réaliser de petits investissements(par
exemple une machine à coudre pour un artisan, l'achat des semences pour
lesmaraîchers, etc.). Les prêts sont ainsi octroyés à
des individus ou à des groupes appelés «groupes solidaires
» en raison de l`obligation faite à leurs membres de se couvrir les
uns lesautres (si un membre du groupe ne remplit pas ses obligations en
matière deremboursement, les autres doivent les assumer).
Le Docteur Youssouf CONGO,définit la micro finance
comme étant l'offre des services et des produits financiers aux
populations démunies qui n'ont pas accès au secteur financier,
dans les pays du sud mais aussi de plus en plus, dans les pays
développés.
Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous retenons que la micro
finance fait référence à l'offre des services financiers
à des individus ou groupes d'individus pauvres qui n'ont pas
accès aux services financiers formels, dans le but de satisfaire les
besoins de leur ménage ou de leur micro-entreprise.
Les services financiers font référence à
trois principaux types de services :
- le service d'épargne
- le service de microcrédit à la consommation
des ménages
- le service de microcrédit à l'investissement
dans une micro-entreprise.
Lors de sa création, une IMF peut offrir seulement
certains de ses services. Il existe d'autres types de services financiers tels
que l'appui au développement d'entreprise (formation technique et
marketing par exemple), alphabétisation, la sortie publique, etc.
Cependant, ces services ont relativement moins d'importance pour les pauvres
qui ont d'autres besoins prioritaires à satisfaire.Par exemple, face
à un besoin de santé ou de scolarisation de sa famille, un
micro-entrepreneur ne sollicitera pas le crédit hypothécaire pour
l'achat d'un immobilier ou pour sa formation technique.
Au sens strict, la micro finance est considérée
comme une transaction financière (épargne, crédit,
assurance) inférieure à USD 100 ; et au sens large, c'est
une transaction financière qui peut dépasser USD 100.
Cependant, si une IMF veut devenir une véritable
institution financière, elle doit offrir des services d'épargne
et de crédit, et donc des services d'intermédiation
financière basés sur l'offre du capital à court terme par
les épargnants et la demande du capital à moyen et long terme par
les investissements.
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