Paragraphe 2 : L'état de la situation
alimentaire en Afrique centrale.
Dans le cadre de cette étude, il est important de
pourvoir déterminer l'état de la situation alimentaire en
Afrique, pour éviter de nous égarer dans nos analyses et
critiques. Aussi, l'étude de l'état de la situation alimentaire
dans l'espace CEMAC, nous permettra de mieux évaluer les politiques
mises en place dans ce cadre et proposer des perspectives viables dans une
mesure donnée. Pour se faire, il sera présenté le
pronostique alimentaire en Afrique centrale, est-ce une avancée ou un
recule et ensuite étudier les principales crises alimentaires qu'a connu
la sous-région pendant la période étudiée.
A- Le pronostic sur la lutte contre
l'insécurité alimentaire en Afrique centrale
Au sortie du sommet de Maputo en 2003, les Chefs d'Etat
d'Afrique, ont pris l'engagement de mettre tous les moyens à
disposition, pour mettre fin aux crises et menaces de crises alimentaire qui
minent l'Afrique. Après des prévisions mondiales sur la situation
alimentaire en Afrique et les perspectives pour palier à la situation,
on semble noter une stagnation, sinon une aggravation de la situation
alimentaire, en Afrique subsaharienne et particulièrement en Afrique
centrale qui garde la dernière place dans le classement. Dans ce
paragraphe, nous tenterons de présenter le niveau de la
sécurité alimentaire en Afrique centrale (1) et (2) les habitudes
alimentaires des populations de la sous-région.
1-Le niveau de la sécurité alimentaire
en Afrique centrale.
Au regard des nombreuses politiques mises en place dans les
Etats de la sous-région Afrique centrale, on s'attendait à une
amélioration de la situation alimentaire dans la région, mais le
constat est tout de même aussi décevant. Les hausses de prix des
denrées alimentaires sur les marchés, la rareté des
produits agricoles, la perte des habitudes et des cultures alimentaires propres
aux africains, sont autant de chose qui créent la confusion dans les
esprits sur la question. La souveraineté alimentaire reste très
loin des portes des peuples de la sous-région. Les données
statistiques sur la situation alimentaire en Afrique centrale, montre une
détérioration de la situation. Au Cameroun par exemple, les
efforts du gouvernement pour encourager le développement de certains
secteurs agricoles n'ont guère apporté des résultats
satisfaisant. Comme l'indique la revue agritrade d'octobre 2012, Les efforts du
gouvernement pour promouvoir la production de maïs depuis 2005 par le
biais de subventions à la production se sont avérés
inefficaces face aux problèmes de détournement de fonds. Le
gouvernement a ainsi été contraint de recourir à nouveau,
aux subventions à l'importation à partir de 2009. Le Cameroun
n'est pas le seul exemple que nous puissions prendre dans ce cas de figure, car
presque tous les Etats de la zone CEMAC font face à ces mêmes
défis d'insatisfaction des résultats des actions menées
contre l'insécurité alimentaire. En RCA et au Tchad, en plus de
l'insécurité alimentaire, règne la malnutrition. Les
populations se nourrissent quasiment de tubercules et de racines, comme c'est
le cas en RCA avec les tubercules de manioc. Les aliments consommés ne
sont pas variés et on dénote une insuffisance de production en
plus des difficultés à faire circuler les produits agricoles de
part et d'autre de la région pour diversifier les denrées
alimentaires. Plusieurs facteurs semblent expliquer cet état
d'ébriété de la situation alimentaire en Afrique centrale
malgré tous les mécanismes de lutte mis en place.
Au regard du rapport du FAO de 2015 le Cameroun et le
Gabon auraient atteint pendant les périodes 2014-2015, les objectifs des
OMD en ce qui concerne le faim et ceux du SMA qui étaient presque
similaire savoir, réduire de moitié la sous-alimentation à
l'échéance 2015. Deux pays sur six, la moyenne n'est pas
atteinte. En outre, contrairement au Cameroun qui, s'il a pu atteindre ce
résultat, c'est grâce aux efforts et moyens déployés
pour accroitre et améliorer le secteur agricole, le Gabon quant à
lui vit à près de 60% des importations. Certes le niveau de
sous-alimentation est réduit, mais le niveau de vie est
extrêmement élevé ce qui fait en sorte que bien qu'on pense
tendre vers une stabilisation du niveau alimentaire, on sombre dans la
même précarité qui accompagne la pauvreté,
c'est-à-dire le risque de rechuter dans l'insécurité
alimentaire. En plus, si l'on tient compte de la définition de la
souveraineté alimentaire, d'après la « via
campesina », le Gabon ne saurait être compté parmi les
Etats disposant d'une sécurité alimentaire car dépendant
en majeur partie de l'offre de l'extérieur et ne disposant pas d'une
souveraineté alimentaire qui est dans ce combat très important.
En effet, pour que cela soit possible, il faudrait qu'il soit
déjà à mesure de se prendre en charge en ce qui concerne
sa survie alimentaire de par sa production comme l'ont fait les autres Etats
tels que la Chine, les Etats de l'Union européenne et même le
Cameroun. Mais encore, il faut noter que ces pays n'ont fait que réduire
de moitié la sous-alimentation qui y régnait. Le Danger n'est pas
encore éloigné du fait de la continuité de flambés
des prix sur le marché, le faible niveau de vie, le taux
élevé des importations et des aides alimentaires. L'état
de la situation alimentaire en Afrique centrale se détériore
malgré les mesures prises pour y mettre fin. La faim constitue un
élément majeur de l'insécurité alimentaire. Selon
l'Indice de la faim dans le monde, l'Afrique est un « continent qui a
faim » depuis longtemps. C'est en effet ce qui ressort des scores obtenus
par les pays du continent sur cet indice, qui ont varié du niveau «
modéré » au niveau « extrêmement alarmant »
depuis 1990. Et de ces scores, l'Afrique centrale détient le plus
critique avec près de 53% de sa population vivant en situation de
malnutrition. Cela nous amène donc à nous intéresser aux
grandes crises alimentaires enregistrées dans la sous-région.
Mais avant de le faire, il serait important de passer en revue les habitudes
alimentaires des populations de l'Afrique centrale.
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