WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Effets des représentations sociales des lycéens asthmatiques et non asthmatiques congolais sur l'inaptitude et la pratique de l'E.P.S..

( Télécharger le fichier original )
par Garlond Fiston ENGANDZA NDINGA
Université Marien Ngouabi - Licence 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE IV:

DISCUSSION

Nous avons postulé que l'on pouvait « s'attendre à trouver un rapport particulier au savoir scolaire chez les élèves aptes ou inaptes au cours d'EPS ».

Nous allons présenter d'une part les degrés d'adhésion de nos sujets aux items proposés (c'est-à-dire s'ils sont « d'accord », ou « pas d'accord ») , et d'autre part le rapport au savoir scolaire en tant que rapport à soi, aux autres et au monde, cherchant ainsi à comprendre si « l'inaptitude » a des effets sur la scolarité. Ainsi, avons-nous aussi par le questionnaire (l'échelle) de Lickert voulu vérifier la cohérence des représentations des élèves sur l'inaptitude avec les résultats des études précédentes observées en situation expérimentale.

L'une des variables était l'état de la maladie perçu par le sujet spécifique à son propre état (asthmatique ou non asthmatique). Les résultats obtenus n'établissent aucune différence entre les sujets asthmatiques et les non asthmatiques. Dans l'ensemble, ils marquent la même adhésion sur les propositions faites. Ce phénomène ambiguë semble ne pas s'expliquer ici dans la mesure ou nos sujets ne soient « pas d'accord » ou « pas du tout d'accord » à la proposition n° 1 (P1) que « les élèves handicapés ou inaptes partiels ne connaissent pas leur état de santé » et ceci à 78,3% (tableau III-2). Cela est également perceptible à travers leur avis selon qu'ils soient « d'accord » ou « pas du tout à fait d'accord » à la proposition n°12 à savoir : « Chaque cas de maladie doit être étudié individuellement et l'autorisation ou le refus du certificat médical de dispense réexaminé régulièrement en fonction de l'évolution de la maladie et de ses traitements » et au même moment qu'ils aient dans l'ensemble une attitude pessimiste de l'inaptitude.

L'une des explications possibles est un effet de discours. En effet, l'examen du niveau d'adhésion à telle ou telle autre proposition montre une similarité et une perception optimiste et ou non optimiste chez l'ensemble des sujets concernant leurs représentations sur l'inaptitude. Il ne leur était pas possible de faire des choix sur les propositions qui soient différents, dans la mesure où ces derniers sont tenus à un discours commun au cours d'EPS. En outre, comme ils n'ont pas pu se distinguer entre eux par leur adhésion aux mêmes propositions, ils donnent l'impression d'avoir les mêmes problèmes moteurs. C'est en cela que nous sommes d'avis avec Johsua et coll. (Op. cit.)qui ont rapporté que « les représentations sociales des élèves ne sont pas simplement une accumulation d'erreurs ». Les connaissances que ces élèves ont de l'inaptitude bien qu'éloignées de la connaissance scientifique, constituent de véritables obstacles à l'apprentissage (Dollo et coll., 2002 ; Jean Itoua Okemba, 2001).

La deuxième variable le sexe était mesurée elle aussi au cours d'un protocole de libre choix. Comme précédemment aucune différence significative n'est perçue par le chi 2calculé sur l'ensemble de l'échantillon qui est de 3,08 (tableau III-4).

La troisième variable mesurée chez les sujets était l'âge. Certaines adhésions aux propositions faites semblent influencer cette variable : propositions n° 11, 18 et 22 (tableau III-5). Ce résultat nous oriente vers d'autres pistes de la saisie des représentations des élèves sur l'inaptitude. Ces pistes sont celles de la connaissance des textes officiels du système éducatif congolais tout comme de leur contenu, qui ne garantissent pas aux personnes handicapées le libre choix de leur projet de vie, et moins encore ne permettent pas une participation effective des personnes vivant avec le handicap à la vie sociale et enfin ne placent pas ceux-ci au coeur des dispositifs qui les concernent.

N'ayant pas obtenu des différences significatives avec les trois premières variables, nous avions pensé que le niveau d'étude et l'origine sociale établiraient mieux cette différence. Ce qui ne s'est pas produit ici dans la mesure où le chi2 moyen de la quatrième variable (niveau d'étude) calculé sur l'ensemble de la distribution donne une valeur non significative (23,53).

De ces résultats on peut s'interroger sur les contenus d'enseignement proposés à ces différents niveaux d'études. C'est-à-dire qu'enseigne-t-on aux élèves de seconde qui viennent de rentrer au lycée et à ceux de terminale par exemple qui sont en année de préparation du baccalauréat ? Il sied de dire que les propositions faites auraient pu les amener à s'exprimer sur les quatre points suivants : les stratégies retenues des discours des enseignants compte tenu de leur problème médical ; les effets de pathologie sur leur intégrité physique et la confiance en soi ; leur investissement au lycée en tant que acteurs et enfin, leur réussite et/ou leur échec en EPS rapportés à l'intérêt de cette discipline du point de vue de l'apprentissage. Il semblerait alors que la force du désir de satisfaire aux rituels scolaires serait bien supérieure à l'intérêt lié au maintien de la santé ou de l'équilibre corporel, et ce, même pour les pathologies excessivement minimes. Le système scolaire dans notre contexte imposerait aux élèves un tel « métier » que les enjeux éducatifs en deviendraient secondaires.

A partir des théorisations actuelles sur la pratique de l'EPS. Nous sommes amenés à distinguer la maladie et le handicap (comment l'élève de lycée peut-il intégrer l'image d'un corps lésé dans un environnement narcissique qui ne soit pas lui aussi endommagé à travers une image de soi et/ou une estime de soi lésées » (Marcelli et al, 1996). Tout se passe comme si le handicap, en modifiant l'identité, allait affaiblir la valeur de soi ressentie par la personne. Les élèves vont mettre en oeuvre avec les discours négatifs sur le handicap, des mécanismes de défense ou envisager différentes stratégies pour éviter de paraître médiocre. Il semblerait donc que l'existence d'une pathologie conduise l'élève à élaborer une stratégie afin de se soustraire à une évaluation risquée de sa compétence (Famose, 1987). Ne serions-nous pas au vue de nos résultats sous influence d'un certain rapport aux savoirs ?

Après différentes lectures, nous avons emprunté à Charlot (1997) sa définition du rapport aux savoirs qui est « le rapport au monde, à l'autre et à soi-même d'un sujet confronté à l'obligation d'apprendre ». Le rapport à soi correspond à la dynamique du sujet. Perrenoud (1996) a noté que, pour se protéger, les élèves élaborent des stratégies défensives corroborent bien avec nos résultats. Il note également que l'élève est un go-between au sens « d'acteur conscient d'être l'objet et l'enjeu d'échanges entre enseignants et parents, et résolu à contrôler la communication à son avantage s'il le peut ». Le fait que nos sujets ne soient « pas d'accord » ou « pas du tout d'accord » avec la proposition n°1 (les élèves handicapés ou inaptes partiels ne connaissent pas leur état de santé) cela rejoint aussi cette approche de Perrenoud sur le rapport aux savoirs. Le rapport aux autres décrit Charlot et coll. (1992)pour lesquels le « rapport au savoir est un rapport social » qui exprime à la fois les conditions sociales d'existence et les attentes face à l'avenir s'articule bien avec les représentations que nos sujets ont sur la pratique de l'EPS.

L'analyse des discours des élèves sur leur adhésion aux différentes propositions peut s'articuler autour des quatre thèmes suivants :

· l'organisation stratégique de « l'inaptitude en EPS », ne montre pas l'existence d'un « métier d'élève », les élèves aptes ou vivant avec le handicap développent tous des stratégies d'exclusion au sein du système scolaire ;

· les effets de leur vécu de la pathologie s'étudient autour des questions liées à l'origine et à la phase d'acceptation, la crainte d'un effet de halo négatif (Guyard Bouteiller et coll., 1998) ;

· les problèmes liés à la visibilité et la nécessité de connaissances sur l'acceptation ;

· la gestion de la pathologie.

Le fait que nos sujets soient « d'accord » ou « tout à fait d'accord » avec les propositions suivantes : « il y a déclaration d'inaptitude pour prévenir un risque vital (P7)» ; « le certificat médical de dispense prévoit le risque de créer une pathologie (P9)», montre apparemment qu'ils ont une connaissance des textes officiels. Enfin il ne ressort pas de nos résultats qu'un niveau de pratique de l'EPS favorise la reprise des activités, que certains élèves cherchent principalement à éviter l'échec avant de rechercher le succès (Famose, 2003)ou qu'il y a nécessité d'un vécu corporel (Therme, 1995). Les élèves et surtout ceux vivant avec le handicap, acceptent en effet de participer aux cours d'EPS, apprécient le côté relationnel de l'EPS, parce que leur rapport au savoir scolaire le leur permet. Cependant, ils ne trouvent pas apparemment leur compte à mettre une tenue de sport et essayer de faire comme les autres. Les possibilités actuelles données à l'enseignant d'EPS d'élaborer un contenu d'enseignement approprié aux besoins de chaque élève devraient théoriquement permettre l'accueil de tous les élèves, comme le prévoit la loi scolaire de 1989, la charte de l'EPS .Les pourcentages élevés de dispensés pour des cas d'inaptitude aux examens d'état doivent alerter toute personne intéressée par le domaine de l'apprendre en EPS. Que la pathologie soit réelle ou prétexte, le rapport au savoir scolaire en est vraisemblablement affecté.

D'après nos résultats, la démarche retenue par les sujets montre qu'ils n'ont pas intérêt à venir en EPS, car ils craignent d'y vivre une expérience déplaisante. L'inaptitude avec l'automatisation des dispenses entraîne un manque au niveau des connaissances liées à la pathologie, à l'acceptation de soi-même face au regard des autres et aux aménagements possibles dans les activités physiques. Leur rapport au savoir scolaire est utilitariste et définit un motif d'élève pour lequel la pathologie est avant tout soit une gêne à court terme soit une affection vraiment minime (Guyard Bouteiller, op. cit.).

Nous avons au niveau de l'enjeu scolaire et de l'enjeu éducatif pu identifier des composantes de passivité chez nos sujets. Bien que les élèves interrogés soient organisés stratégiquement pour être en « règle », le certificat médical est dans un cas « subi », et dans l'autre « construit ». Quand la gestion de la pathologie se confronte aux stratégies scolaires, la force de la logique scolaire de recherche de réussite s'oppose à l'intérêt du maintien de la santé ou de l'hygiène. Il semblerait que les élèves s'installent dans une véritable attitude au sens de disposition intérieure de la personne (Morissette et coll., 1989)et il y a bien chez l'acteur qui est dispensé d'EPS un rapport particulier à l'apprendre qui ne peut pas laisser l'enseignant indifférent. Les conditions de la scolarité sont telles, qu'elles imposent à l'élève un métier soumis à des enjeux scolaires, dont la force et la prégnance font oublier les enjeux proprement éducatifs, alors même qu'il s'agit de l'EPS discipline censée privilégier ces enjeux.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984