Section II : Test des
hypothèses, contributions et limites de la recherche
Cette section se compose essentiellement des tests
d'hypothèses du modèle de recherche et de leurs
interprétations sans laisser en rade les contributions et limites
inhérentes à notre étude.
1. Tests des hypothèses du
modèle de recherche
Le modèle de recherche est scindé en trois
hypothèses que nous allons tester successivement afin de voir la
relation existante entre elles. Ce faisant, l'utilisation du test de
corrélation de Pearson au seuil de 5% nous semble être
satisfaisante dans la mesure où toutes les variables du modèle
sont numériques et les différentes hypothèses de recherche
sont des hypothèses d'association. De plus, nous cherchons uniquement
à voir la corrélation entre les différentes dimensions de
chacune des variables de la recherche.
1.1. Test de l'hypothèse H1
Il existe un lien entre le ciblage des pauvres exclus
et le ratio d'autosuffisance opérationnelle
L'hypothèse H1 cherche à voir la relation
existante entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Cette relation est significative lorsque la
significativité (Sig. Bilatérale) du test est inférieur au
seuil de 5%. Le tableau suivant nous donne les détails du lien entre les
deux dimensions.
Tableau 7 : Test de
corrélation entre ciblage des pauvres exclus et le ratio
d'autosuffisance
Ciblage des pauvres exclus
|
RAO
|
Etude formelle des conditions de pauvreté dans les
zones d'intervention
|
Corrélation de Pearson
|
,250
|
Sig. (Bilatérale)
|
,182
|
Prêts sécurisés avec garanties sociales
pour plus de 50% du portefeuille
|
Corrélation de Pearson
|
,236
|
Sig. (Bilatérale)
|
,21
|
Politiques spécifiques ou méthodologiques
(excepté les garanties sociales) pour atteindre les zones
reculées
|
Corrélation de Pearson
|
,050
|
Sig. (Bilatérale)
|
,792
|
La taille minimum des mensualités de remboursement
représente plus de 1% du PIB/tête (5000 F CFA)
|
Corrélation de Pearson
|
,047
|
Sig. (Bilatérale)
|
,805
|
Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne et
faire des dépôts réguliers représente plus de 1% du
PIB/tête
|
Corrélation de Pearson
|
-,06
|
Sig. (Bilatérale)
|
,767
|
L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur
les conditions objectives des clients
|
Corrélation de Pearson
|
,136
|
Sig. (Bilatérale)
|
,473
|
L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de
50% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,070
|
Sig. (Bilatérale)
|
,713
|
Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente
plus de 50% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,264
|
Sig. (Bilatérale)
|
,159
|
Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou
représente moins de 10% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
,039
|
Sig. (Bilatérale)
|
,840
|
Le nombre de clients analphabètes représente
moins de 30% des prêts
|
Corrélation de Pearson
|
-,034
|
Sig. (Bilatérale)
|
,860
|
Source : Données de l'enquête
Au regard de ce tableau concernant le lien entre le
ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle
(RAO), nous constatons une faible corrélation entre les
différents items de la dimension ciblage des pauvres exclus et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle. De même, aucune relation
significative n'est observée entre ces items et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle puisque les différents seuils de
significativité dépassent largement le seuil de Pearson de 5%.
En réalité la mise en place d'études
formelles sur les conditions de pauvreté des clients, les prêts
sécurisés avec garantie sociale, les politiques
spécifiques pour atteindre les zones reculées, les
mensualités de remboursement, l'ouverture d'un compte pour un montant
inférieur à cinq mille (5000 F. CFA) n'ont aucun lien
significatif avec le ratio d'Autosuffisance opérationnelle. Cette
situation s'élargie aux autres items comme les stratégies de
ciblage basées sur les conditions objectives des clients
(alphabétisation, taille des exploitations), le nombre de femmes parmi
les clients, l'absence d'agriculteurs au niveau de ces clients ainsi que le
nombre de clients analphabètes qui doit représenter moins de 30%
des prêts.
En conséquence, aucune relation significative
n'est observée entre le ciblage des pauvres exclus et le ratio
d'autosuffisance opérationnelle. A cet égard, l'hypothèse
H1 est rejetée. Ce résultat est en contradiction avec celui
trouvé par le réseau CERISE (2008, 2010)
confirmé par Cornée (2006) qui, selon
eux, prétendent que le ciblage des pauvres exclus conduit à des
coûts opérationnels de plus en plus importants. En outre, selon
leurs études, les IMF qui ciblent les personnes exclues du
système bancaire classique engendrent un faible ratio d'autosuffisance
opérationnelle lié à l'augmentation des coûts de
l'institution.
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