2. L'analyse descriptive des variables
de l'hypothèse H1
L'hypothèse H1 met en relation la dimension
ciblage des pauvres exclus et le ratio d'autosuffisance opérationnelle.
Nous tentons d'établir successivement le tri à plat de ces deux
variables ainsi que les analyses convenables.
Tableau 3 : Tri
à plat de l'indicateur ciblage des pauvres exclus
Position
Items
|
En désaccord
|
Neutre
|
En accord
|
Etude formelle des conditions de pauvreté dans les
zones d'intervention
|
53,4
|
13,3
|
33,3
|
Prêts sécurisés avec garanties sociales
pour plus de 50% du portefeuille
|
13,3
|
3,3
|
83,4
|
Politiques spécifiques ou méthodologiques pour
atteindre les zones reculées
|
6,6
|
10
|
83,4
|
La taille minimale des mensualités de remboursement
représente plus de 1% du PIB/tête (5000 F CFA)
|
26,7
|
-
|
73,3
|
Le montant minimum pour ouvrir un compte d'épargne
représente plus de 1% du PIB/tête
|
20
|
3,3
|
76,7
|
L'IMF utilise une stratégie de ciblage basée sur
les conditions objectives des clients
|
43,4
|
10
|
46,6
|
L'IMF accorde des prêts en zones rurales pour moins de
50% des prêts
|
73,3
|
6,7
|
20
|
Le nombre de femmes parmi les emprunteurs représente
plus de 50% des prêts
|
13,3
|
10
|
76,7
|
Le nombre des clients agriculteurs est nul et/ou
représente moins de 10% des prêts
|
33,3
|
10
|
56,7
|
Le nombre de clients analphabètes représente
moins de 30% des prêts
|
53,4
|
13,3
|
33,3
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 3 récapitule les données du tri
à plat ou de l'analyse descriptive des items du ciblage des pauvres
exclus. A la lumière de ces résultats, nous constatons que la
plupart des mutuelles de notre échantillon soit 53,4% n'effectuent pas
une étude formelle sur les conditions de pauvreté de leurs cibles
(personnes exclues du système bancaire classique). En revanche, 83,4 %
de ces mutuelles disent avoir accordé des prêts avec garanties
sociales (solidarité au sein des groupes, recommandation par une tierce
personne de confiance) et avoir aussi adopté des politiques
méthodologiques pour atteindre les zones les plus reculées.
Nous constatons , par la même occasion, des
propositions favorables à l'endroit des items suivants : la taille
minimale des mensualités de remboursement, le montant minimum pour
ouvrir un compte d'épargne et faire des dépôts
réguliers, le nombre de femmes parmi les emprunteurs qui
représente plus de 50% des prêts et afin le nombre de clients
agriculteurs qui est nul ou représente moins de 10% des prêts,
pour des taux respectifs de 73,3%, 76,7%, 76,7% et 56,7%. En effet, la plupart
des mutuelles visitées fixent l'ouverture d'un compte pour un montant
minimum de 7500F CFA, les mensualités de remboursement, selon certains
responsables rencontrés, dépendent surtout des montants
prêtés. En outre, nous remarquons que les femmes constituent la
clientèle la plus représentative au niveau des mutuelles de
crédit. En ce qui concerne le nombre de clients agriculteurs, nous
disons qu'à part la région de Fatick dont la population est
constituée en majorité d'agriculteurs, le reste des mutuelles
disent avoir des clients non agriculteurs ; ce qui se justifie par un taux
moyen de 56,7%.
Par ailleurs, bien que la population
sénégalaise soit en majorité constituée
d'analphabètes, le pourcentage n'est pas trop élevé dans
les mutuelles visitées soit
53,4%. Concernant la stratégie de ciblage
basée sur les conditions objectives des clients (alphabétisation,
taille des exploitations, indice de logement, patrimoine, etc.), les
pourcentages sont à peu prés équilibrés de part et
d'autre (43,4% contre 46,6%). Dans l'analyse,
nous ne sommes pas attardés sur la neutralité des
réponses, mais nous constatons que leurs pourcentages sont très
faibles (entre 3,3% et 13,3%). En définitive, nous remarquons en moyenne
58,4% des mutuelles effectuent correctement un ciblage des pauvres exclus
contre 33,61% et le reste soit 7,99% est neutre face à cette
proposition. Ce score moyen en termes de ciblage traduit le fait que plus de la
moitié des IMF de l'échantillon prend en compte la dimension
« ciblage des pauvres exclus » dans sa globalité.
Ces différents items sont croisés avec le ratio d'autosuffisance
opérationnelle dont le tri à plat est résumé dans
le tableau ci- après.
Tableau 4 : Tri
à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle
Valeur
|
Entre 0,36 et 0,99
|
Entre 1 et 1,5
|
Entre 1,6 et 1,9
|
Total
|
Effectif
|
21
|
6
|
3
|
30
|
Pourcentage
|
70%
|
20%
|
10%
|
100%
|
Source : Données de
l'enquête
Le tableau 4 résume les données du tri
à plat du ratio d'autosuffisance opérationnelle. Les valeurs sont
regroupées sous forme d'intervalles. Ainsi, pour un ratio faible compris
entre 0,36 et 0,99, vingt et une (21) mutuelles sont
recensées soit 70%. Pour un ratio compris entre 1 et 1,5,
nous avons six (6) mutuelles soit un taux de 20%. Et
enfin pour un ratio compris entre 1,6 et 1,9, il y a seulement
trois (3) mutuelles soit 10% du total.
A l'issu de ce tri à plat, nous constatons que
neuf (9) mutuelles sur trente (30) ont
atteint au minimum la norme de 100% et les vingt et une (21) mutuelles
restantes ont un ratio d'autosuffisance opérationnelle en dessous de la
norme édictée par la BCEAO. Cette situation caractérise
ainsi un véritable problème de viabilité financière
au niveau des mutuelles de notre échantillon. A cet égard, notre
étude semble être pertinente dans la mesure où nous allons
pouvoir identifier clairement les leviers sur lesquels s'appuyer en termes de
performance sociale pour assurer la viabilité financière des
structures financières décentralisées en
général et celles du Sénégal en particulier.
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