2.1.2. Le rôle des états
dans le financement
A partir des années soixante, afin de pallier aux
imperfections du marché du crédit, les pays du Sud ont
réglementé les taux d'intérêt à des niveaux
acceptables. Ils ont aussi mis en place des institutions publiques de
microcrédit dirigées vers une clientèle cible. Ils
souhaitaient en outre évincer le secteur informel et augmenter
l'efficacité économique en rendant le crédit disponible
pour les pauvres et réduire l'iniquité c'est-à-dire les
taux d'intérêt que ceux-ci devaient payer (Cornée,
2007).
Mais l'échec de nombreuses institutions publiques
dû à une mauvaise gestion et la persistance d'un secteur informel
ont montré que l'Etat n'était pas mieux adapté que le
secteur commercial pour résoudre les problèmes d'asymétrie
d'information existants. Une explication possible de ce phénomène
tient vraisemblablement à l'action standardisée de l'Etat qui ne
leur permet pas d'établir des relations personnalisées avec les
emprunteurs, ni d'avoir un ancrage local fort encore moins de flexibiliser
leurs procédures pour les adapter aux besoins des emprunteurs
(Laville et Myssens, 2001).
2.1.3. Le secteur financier
intermédiaire
Suite à la déroute connue par de nombreuses
banques étatiques, un secteur financier semi-formel a
émergé. Ce qualificatif est également couramment
utilisé pour désigner ces institutions qui sont formelles dans la
mesure où elles sont légalement reconnues mais informelles dans
le sens qu'à quelques exceptions près, elles ne sont pas sujettes
à la régulation et supervision bancaire (Ledgerwood,
1999).
Dans ce secteur se trouvent les coopératives
d'épargne et de crédit (également identifiées comme
des mutuelles) et les Organisations Non Gouvernementales (ONG), principalement
sous la forme d'associations ou de fondations. Ces coopératives sont
constituées de membres qui présentent la caractéristique
commune d'avoir des besoins qui ne peuvent être satisfaits dans le cadre
du fonctionnement normal de l'économie de marché (en l'occurrence
ici, du crédit). Ces membres peuvent décider aussi de mener une
action collective en créant une institution particulière à
mesure de répondre à leurs besoins (Soulama,
2005).
Pour Hugon (1996), les
coopératives présentent, en outre, la particularité que
les membres doivent obligatoirement prendre une participation au capital et les
fonds de ces institutions peuvent provenir de deux autres modalités de
financement :
· l'épargne des membres qui, outre leur prise de
participation au capital, ont bien souvent la possibilité
d'opérer des dépôts ;
· les financements extérieurs (emprunts,
subventions publiques, donations, etc.)
Concernant ces deux modalités de financement, deux
conditions semblent être déterminantes pour contribuer aux
succès des coopératives selon Ledgerwood (1999)
à savoir la taille restreinte de
l'organisation de telle sorte que les membres se connaissent d'une part et
d'autre part le fait que les membres soient tantôt emprunteurs
tantôt prêteurs, de telle sorte qu'il y ait une convergence
d'intérêts.
Au cas contraire en effet, un conflit d'agence
apparaît entre les emprunteurs qui préfèrent payer de
faibles taux d'intérêt et avoir peu de pression au remboursement
et les prêteurs qui préfèrent recevoir un taux
d'intérêt élevé et être assurés
à tout moment de la solvabilité des fonds prêtés.
A côté des coopératives, nous avons
les ONG qui sont présentes dans les pays moins développés
dans une optique de développement des populations pauvres. Ces ONG se
sont inspirées des pratiques développées par le secteur
informel pour octroyer du crédit à des personnes exclues du
secteur bancaire traditionnel. Cette vision de la microfinance qui
prévalait dans les années quatre-vingt, concevait celle-ci comme
partie intégrante d'un programme intégré de lutte contre
la pauvreté et l'amélioration du bien-être des populations
pauvres (Mayoux, 1998).
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