2.2. Revue de la littérature
Cette section vise à présenter une revue de la
littérature ; tant sur des travaux théoriques que sur des travaux
empiriques, et qui va nous permettre de mieux comprendre notre analyse.
2.2.1. Revue des travaux théoriques
Nous allons présenter d'une part les théories en
rapport avec la microfinance, et d'autre part les théories avec la
pauvreté.
2.2.1.1. Les fondements théoriques liés
à la microfinance
Les systèmes financiers des pays en
développement sont très spécifiques. Dès le
début des années soixante dix, Mackinnon (1973)
et Shaw (1973)16 insistent sur la
contribution essentielle du secteur financier au développement
économique. L'idée de base adoptée est qu'une
libéralisation du secteur financier contrecarrait une politique de
répression financière.
2.2.1.1.1. La théorie de la répression
financière
La théorie de la répression financière
propose une première approche de l'efficacité des IMF
comparées aux institutions financières classiques. Elle explique
pour cela la notion de l'efficacité productive ; la persistance du
rationnement de crédit en microfinance ; et les préalables
macroéconomiques : institutionnalisation impliquant
règlementation et supervision.
La répression financière est définie par
« la distribution du crédit à travers un
système bancaire étatisé conduit à une allocation
de ressources non effectuées sur des critères purement
économiques (comparaison du taux d'intérêt débiteur
et de la rentabilité des projets) ».
Le concept de la répression financière introduit
dans les écrits de Mackinnon et Shaw et prolongé
par Fry (1982)17, fait référence
à une économie dont le fonctionnement du système financier
est profondément réprimé par une politique des pouvoirs
publics par
:
16 Cité par Fréderic Mishkin et
al (2010), « Monnaie, Banque et Marchés financiers »,
9e édition, Nouveaux Horizons-ARS, Paris.
17 Cité par F. Mishkin et al (2010), op
cite.
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+ Le plafonnement des taux d'intérêt.
+ Les crédits dirigés par des règles
préétablies + Les taux élevés des réserves
obligatoires.
Plus largement, le régime de la répression
financière se caractérise par les points suivants :
+ La faiblesse des ressources collectées par le
système financier dû en grande partie aux faibles taux
d'intérêt, et avec quasi absence du marché financier.
+ L'allocation non optimale des ressources, notamment la
politique de crédit en raison des niveaux élevés des
réserves obligatoires imposées.
+ L'inefficacité des systèmes
d'intermédiation financière caractérisés par la
faiblesse de la concurrence entre ses composantes.
Selon Servet (2006), pour que les
hypothèses de la répression financière soient
validées, trois conditions sont nécessaires :
+ Il faudrait qu'il ait une forte étanchéité
entre organisations formelles et informelles.
+ Il faudrait que le taux de participation des
différentes catégories de la population aux pratiques informelles
soit inversement proportionnel à leur capacité d'accès aux
institutions formelles.
+ Il faudrait enfin que les pays dont les systèmes
financiers formels sont fortement réglementés connaissent un
degré de développement des pratiques financières
informelles plus élevé que les pays aux institutions moins
réglementées.
En fait, la répression financière aboutit à
un dualisme financier dans les
PED, pratiquant le principe du rationnement de crédit
entre le secteur financier officiel et un marché informel qui
regroupe toutes les transactions financières (emprunts et
dépôts) qui ne sont pas réglementées.
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