SECTION II. LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DE LA
PAUVRETÉ
Nous classifions comme pauvre une personne, une famille ou un
groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois, elle n'est pas
réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne
également d'autres aspects du quotidien comme le logement, la
santé, la formation, le travail, la vie familiale. Dans cette section
nous invoquerons les différentes approches de la pauvreté ainsi
que leur classification en précisant le cas de Madagascar.
II-1. L'approche objective et l'approche subjective
Habituellement le concept de pauvreté est abordé
selon deux approches complémentaires afin de mieux circonscrire son
contenu. La première approche fait référence aux
déterminants du bien-être individuel et particulièrement
aux cinq besoins essentiels de l'homme à savoir la nourriture, le
vêtement, l'éducation, sécurité et la santé.
Le non satisfaction de ces besoins à un niveau admissible est
qualifié de « pauvreté objective » (PNUD,
2008). La seconde acception appelée « pauvreté
subjective » peut ne pas être ressentie comme un état de
pénurie par la population dans la mesure où elle n'est pas
nécessairement liée aux besoins fondamentaux, alors qu'elle
limite l'élargissement des capacités des individus.
Nous pouvons citer le cas des handicapés, des veufs et
veuves, des orphelins, des paysans sans terre, des travailleurs sans contrat
formel, des enfants qui ne peuvent pas aller à l'école, faute de
moyen des parents, la limitation de la liberté d'expression.
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II-2. La pauvreté absolue et la pauvreté
relative
La « pauvreté absolue » est
définie par rapport à ce que nous appelons le « minimum
vital ». En d'autres termes, nous considérons qu'il y a des
exigences minimales pour une vie décente, en deçà
desquelles l'individu tombe dans la catégorie des « pauvres
». En ce qui concerne la notion de « pauvreté
relative », il s'agit de définir et de mesurer la condition
d'un groupe spécifique par rapport à d'autres groupes vivant dans
le même environnement, dans la même collectivité ou le
même pays.
Pour Sen (2000), « la pauvreté est donc une
notion absolue dans l'espace des capabilités mais prendra très
souvent une forme relative dans l'espace des biens ou caractéristiques
»1. Ainsi, quelqu'un considéré comme pauvre
dans les pays développés aura probablement un revenu
supérieur à celui d'une personne considérée comme
« aisée » dans un pays moins
développé2. La satisfaction des besoins sur le plan
quantitatif ne signifie pas la satisfaction sur le plan qualitatif. Un
ménage qui ne peut pas scolariser ses enfants, vit dans la
pauvreté absolue mais celui qui les envoie dans une école de
qualité médiocre, vit dans la pauvreté relative.
A Madagascar l'incidence de la pauvreté absolue est
trois fois plus que celle de la pauvreté non absolue,
c'est-à-dire 78,9 % des pauvres malgaches vivent dans la pauvreté
absolue (EPM 2010).
Tableau n°J. L'incidence de la pauvreté
absolue selon les provinces
Provinces
|
Non pauvre absolue (%)
|
Pauvre absolue (%)
|
Antananarivo
|
40,0
|
60,0
|
Fianarantsoa
|
11,6
|
88,4
|
Toamasina
|
27,6
|
72,4
|
Mahajanga
|
11,8
|
88,2
|
Toliara
|
8,1
|
91,9
|
Antsiranana
|
20,4
|
79,6
|
Madagascar
|
21,1
|
78,9
|
Source : EPM 2010.
Ce tableau nous montre que l'incidence de la pauvreté
absolue est plus intense dans les ex-provinces de Toliara, Fianarantsoa et
Mahajanga dont successivement 91,9 %, 88,4 % et 88,2 % de la population vivent
dans la privation totale de certains articles de première
nécessité. Il faut signaler que la région d'Androy (se
trouvant dans le Sud) est la classée pauvre de Madagascar,
caractérisée par la « kere », signifiant la famine.
1 Amartya SEN, (2000), Repenser
l'inégalité, Editions du Seuil, pour la traduction
française, Paris, p. 23.
2 S. PAUGAM, Les formes élémentaires
de la pauvreté, Lien social, PUF, 2005, p. 87.
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