II-3. La pauvreté conjoncturelle ou la
pauvreté structurelle
Si le facteur temps n'est pas en lui-même un
critère de pauvreté, la durée plus ou moins longue de la
situation détermine si elle est de type conjoncturel ou structurel ; une
catastrophe naturelle crée des situations de pénurie qui
provoquent un état de pauvreté temporaire de la population
sinistrée, alors qu'un dysfonctionnement de la structure de production
d'une économie entretient une pauvreté chronique d'une frange
plus ou moins grande de la population. Enfin la combinaison des trois
critères de classification donne les huit situations de pauvreté
suivantes :
- la pauvreté objective, absolue, temporaire ; - la
pauvreté objective, relative, temporaire ; - la pauvreté
objective, absolue, structurelle ; - la pauvreté objective, relative,
structurelle ; - la pauvreté subjective, absolue, temporaire ; - la
pauvreté subjective, relative, temporaire ; - la pauvreté
subjective, absolue, structurelle ; - la pauvreté subjective, relative,
structurelle.
II-4. La pauvreté monétaire et
pauvreté humaine
La pauvreté monétaire est un état dans
lequel le revenu est insuffisant pour satisfaire les besoins de subsistance.
Par souci de comparaison, la Banque Mondiale fixe ce niveau de revenu à
moins de 2 $ américains par personne et par jour,
généralement mesuré en termes de parité de change
pour pouvoir appréhender le pouvoir d'achat.
II-4-1. La pauvreté monétaire
Une personne est jugée pauvre dès lors que son
revenu donne un niveau de satisfaction inférieure au minimum
nécessaire pour vivre. Le Rapport de la Banque Mondiale en
20071 montre que de 1997 à 2007, la pauvreté
monétaire a été réduite de quart dans le monde
passant de 1,3 milliard à 985 millions de personnes vivant avec moins
d'un dollar par jour, et 2,6 milliards pour ceux vivant avec moins de 2
dollars.
1 Banque Mondiale, Rapport sur le
développement dans le monde : combattre la pauvreté, Ed.
ESKA, 2001, p 20.
19
Malgré la mise en oeuvre des programmes
spécifiques pro-pauvres dans des domaines variés, notamment, de
la stabilité macro-économique, du développement rural, de
la lutte contre la malnutrition et de la promotion de l'emploi, la
pauvreté demeure un phénomène de grande ampleur à
Madagascar où 67,5 % de la population vit en dessous du seuil de
pauvreté en 2008 (EPM, 2010).
La pauvreté monétaire s'est
dégradée entre l'année 2005 et 2010, passant de 68,5 %
à 76,5 % pour l'ensemble de la population, contre 76,6 à 82 %
pour les enfants de moins de 18 ans. Cette tendance est valable aussi bien dans
le milieu urbain (52 % à 54,2 %) que dans le milieu rural (73,5 %
à 82,2%)1. Il en est de même au niveau des
régions sauf pour la région de Sofia où le taux de
pauvreté2 a baissé de 80,7 % en 2005 à 71,5 %
en 2010 pour l'ensemble de la population.
Tableau n°II. L'évolution du ratio de
pauvreté de 1993 à 2010
Milieu
|
1993
|
1997
|
1999
|
2001
|
2002
|
2004
|
2005
|
2010
|
Madagascar
|
70,0
|
73,3
|
71,3
|
69,6
|
80,7
|
72,1
|
68,7
|
76,5
|
Antananarivo
|
68,0
|
66,4
|
61,7
|
48,3
|
66,0
|
59,8
|
57,7
|
66,8
|
Fianarantsoa
|
74,2
|
75,1
|
81,1
|
83,2
|
91,0
|
86,0
|
77,6
|
88,2
|
Toamasina
|
77,9
|
79,8
|
71,3
|
82,3
|
86,3
|
77,1
|
71,9
|
78,3
|
Mahajanga
|
53,2
|
73,8
|
76,0
|
72,4
|
89,1
|
74,1
|
70,2
|
71,6
|
Toliara
|
81,1
|
82,0
|
71,6
|
76,1
|
81,2
|
72,3
|
74,8
|
82,1
|
Antsiranana
|
60,2
|
62,3
|
72,6
|
69,2
|
83,7
|
65,4
|
64,2
|
68,1
|
Urbain
|
50,1
|
63,2
|
52,1
|
44,1
|
61,6
|
53,7
|
52,0
|
54,2
|
Rural
|
74,5
|
76,0
|
76,7
|
77,1
|
86,4
|
77,3
|
73,5
|
82,2
|
Source : INSTAT/DSM/EPM 1993, 1997, 1999, 2001,
2002, 2004, 2005, 2010 (mise à jour le mercredi, 06 avril 2011
13:42).
Pour les différentes ex-Provinces, la tendance de
l'évolution du taux de pauvreté est la même. Les provinces
de Fianarantsoa, Toamasina, Toliara sont les plus touchées et
présentent les taux de pauvreté très élevés
et dépassant toujours le niveau national depuis 1993. Pour le cas de
Fianarantsoa par exemple, le taux enregistré en 1999 est de 81,1 % si le
taux était de 74,2 % en 1993, et en 2010, 88,2 % de la population ont
des difficultés pour satisfaire les besoins fondamentaux. Le cas de
Mahajanga est flagrant, le taux de pauvreté est passé de 53,2 %
pour l'année 1993 à 73,8 % en 1997 et à 76,0 % en 1999.
1 Unicef, Rapport national Madagascar : Analyse de
la pauvreté des enfants à Madagascar, 2012, p. 29.
2 Pourcentage de la population vivant avec moins de 2
USD par jour.
20
Du point de vue macro-économique, nous avons
constaté que la pauvreté monétaire varie
parallèlement avec la croissance économique du pays.
Graphique n°J. La pauvreté
monétaire et la croissance économique
Sources : EPM 1993, 1997,1999, 2005, 2010, FMI (le
taux de croissance pour l'année 2010 est une estimation).
Nous voyons dans ce graphe que la réduction de la
pauvreté dépend de la croissance économique,
c'est-à-dire, « plus de croissance équivaut à moins
de pauvreté et inversement ». Comme le cas de 2001 à 2003
où le taux de croissance est de 6 % avec un taux de pauvreté de
seulement 69,6 %. Mais parfois, il y a croissance sans développement
donc aucun effet sur la pauvreté.
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