II-1-3. Ajustement structurel pour Madagascar
La mise en place d'un programme de stabilisation et
d'ajustement structurel à Madagascar1 vers le début
des années 1980, a permis d'atteindre une croissance économique
positive en termes réels à la fin de la décennie.
Même si l'inflation est restée à un taux moyen relativement
élevé de 16 % par an (EPM, 1996). Ce programme a
été appuyé par la communauté des bailleurs de
fonds.
Cependant, même si les statistiques montrent un taux de
croissance positif, la situation de la pauvreté persiste.
L'amélioration de la situation économique a été
perturbée par les événements de 1991.
Le taux de croissance moyen par habitant est tombé
à 2,7% entre 1991 et 1996. Le PIB par habitant a atteint son niveau le
plus bas en 1996 (198 dollars constants de 1987), soit 60% de son niveau de
1971 (338 dollars constants de 1987), l'inflation a atteint plus de 30% en 1996
contre 12,6% en 1993 (EPM, 1996).
1 Libéralisation du taux de change,
libéralisation du commerce intérieur,
déréglementation des prix, désengagement de l'Etat des
activités de production et de commerce, et libéralisation des
importations.
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Tableau n°XII. Indicateurs économiques et
financiers de 1988 à 1993
Indicateurs économiques et financiers
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
Taux de croissance réelle (variation annuelle)
|
3,4
|
4,1
|
3,11
|
-6,8
|
1,0
|
2,1
|
Taux d'inflation (%)
|
21,2
|
12
|
11,4
|
14,4
|
12,6
|
12,6
|
Déficit budgétaire % PIB
|
10,3
|
12,6
|
7,8
|
10,6
|
12,4
|
11
|
Taux de croissance des Exportations (variation annuelle)
|
-8,2
|
16,9
|
12,0
|
4,8
|
2,0
|
-6,1
|
Taux de croissance des Importations (variation annuelle)
|
-9,6
|
0,9
|
33,0
|
-14,9
|
0,6
|
3
|
Déficit compte courant de la B.P. (% PIB)
|
10,8
|
8,7
|
13,4
|
9,9
|
8,8
|
8,8
|
Réserves (en mois d'importation)
|
3,6
|
3,9
|
1,0
|
1,2
|
1,2
|
1,3
|
Avoirs extérieurs nets (milliards de FMG)
|
297
|
381
|
178
|
27
|
274
|
349
|
Avoirs intérieurs nets (milliards de FMG)
|
889
|
919
|
1 030
|
1 268
|
1 621
|
1 905
|
Source : Banque Mondiale et Banque Centrale de
Madagascar, 1994.
La brève reprise de la croissance avec un taux de 4,1%
qui en a résulté en 1989, a été suivie, en 1991,
d'une récession avec une chute du taux de croissance a -6,8 %.
Malgré l'amélioration de quelques chiffres de certains
indicateurs macroéconomiques, la politique d'ajustement structurel a
entraîné d'autres problèmes économiques aux PED.
Elle a occasionné de chômages massifs et de sous-emploi dans les
pays hôtes. Nombreux sont les critiques concernant l'ajustement
structurel, mais nous nous contenterons de voir ses impacts concernant la
pauvreté. Les conditionnalités qui s'accompagnent de l'ajustement
structurel imposent à l'Etat de réduire les subventions. Cette
situation renforce la vulnérabilité des ménages face aux
différents chocs.
L'absence des allocations sociales porte atteinte au niveau de
vie de la population. La restriction budgétaire conduit à
réduire le nombre des fonctionnaires de l'Etat. De nombreux
licenciements sont occasionnés par l'ajustement structurel. En outre, le
budget d'investissement de l'Etat est réduit au strict minimum.
De ce fait, il n'y a jamais eu de politique d'investissement
de la part de l'Etat, ni de création d'emploi. L'objectif était
de réduire les dépenses et de rembourser les dettes. Cette
absence d'investissements publics a renforcé le chômage, surtout
dans le milieu urbain. Le secteur informel a pris un développement
impressionnant. Concernant le milieu rural, la politique d'ajustement
structurel n'a pas mentionné de mesures spécifiques. Mais,
l'absence d'investissements publics dans le secteur agricole a renforcé
la pauvreté rurale.
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De plus, la dévaluation de la monnaie nationale a
réduit considérablement les recettes d'exportation du pays. Cette
dévaluation a aussi occasionné une sortie massive de devise en
cas d'importation.
Devant cette situation, l'État malgache a réduit au
strict minimum l'importation. Cette situation pénalise les consommateurs
par l'absence de choix sur les produits sur le marché.
En somme, l'ajustement structurel a renforcé la situation
de la pauvreté non seulement à Madagascar mais dans tous les pays
où il a été appliqué. Les bailleurs de fonds eux
même ont accepté l'échec de cette politique.
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