I-2-3. Fonction de régulation ou fonction de
stabilisation
Dans le domaine économique, la régulation
désigne l'ensemble des mécanismes et des moyens d'action dont
dispose un Etat ou une instance internationale ayant pour objectif, soit la
stabilité de l'économie dans sa globalité (ce sont les
moyens utilisés par les politiques économiques), soit le maintien
de l'équilibre d'un marché de biens ou de services
(régulation sectorielle)2.
1 Pierre LUNEL ou Père Pedro (2013), op.
cit.
2 Mubake MUMEME, Notes du cours d'Economie
Financière, L 2. Sciences Economiques et de gestion,
4ème édition, FASEG, UNIKIN, 2007, p. 29.
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La régulation peut être obtenue par la
réglementation, c'est-à-dire un ensemble de lois, de
prescriptions, de règles, régissant une activité sociale.
La réglementation peut avoir pour but la régulation, mais peut
aussi avoir plusieurs autres buts. De même, la régulation peut se
faire à travers des règlements, mais peut aussi se faire par
d'autres façons.
L'Etat lutte contre les déséquilibres
économiques comme le chômage, en stabilisant l'activité
économique. En effet, augmenter certains revenus de transfert en
période de crise permet de maintenir la croissance économique et
de permettre aux ménages à faibles revenus de consommer.
Par la fonction de stabilisation, l'Etat intervient pour
assurer le plein-emploi, la stabilité de prix grâce à la
promotion et à l'expansion de la demande et le maintien de
l'équilibre extérieur en vue d'une croissance
équilibrée et continue du bien-être (conception
keynésienne).
Face aux limites du marché comme mode de
régulation, l'Etat intervient par des politiques économiques.
Leur objectif est d'atteindre le taux de croissance le plus élevé
possible tout en s'efforçant de respecter les grands équilibres
de plein emploi, la stabilité des prix (le moins d'inflation possible),
et l'équilibre des échanges avec l'extérieur. Au fait,
l'intervention pourra être expliquée par le carré magique
de Nicolas Kaldor.
? Le carré magique de Nicolas Kaldor
(1939)
Pour les économistes, les principaux objectifs de la
politique économique sont liés au « carré magique
» de N. Kaldor (1939). Ce principe repose sur quatre indicateurs :
- la croissance économique, qui est mesurée par
le taux de croissance du PIB. Dans ce domaine, l'objectif de l'Etat est de
favoriser une croissance élevée et inscrite dans la
durée.
- le plein emploi évalué par le taux de
chômage. L'Etat va aider, directement ou indirectement, à
créer des emplois.
- la stabilité des prix, traduite par le taux
d'inflation. Il s'agit pour l'Etat de garantir le maintien du pouvoir d'achat
des agents économiques en luttant contre l'inflation qui
l'érode.
- l'équilibre des comptes extérieurs,
indiqué par le solde de la balance de paiement.
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Figure n°1. Le carré magique de Nicolas
Kaldor
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar10.png)
Source : Césaire MBIMA, Cours de croissance
et fluctuations économiques de la 3ème année
d'Economie, 2011-2012, Université de Toamasina.
Les quatre objectifs du carré magique de Nicolas Kaldor
sont loin d'être atteints à Madagascar. La croissance
économique reste toujours sur le « fil du rasoir » (Harrod,
1948), à cause de la faible performance économique et de
l'instabilité politique. Par exemple, en termes de commerce
international, le solde de la balance commerciale est constamment
déficitaire. Il y a plus d'importations que d'exportations. Les produits
asiatiques pénètrent en masse sur le territoire malgache et
inondent quasiment tous les secteurs commerciaux.
Le passage qui suit est un extrait des travaux de
Raveloson1 (2014). Il a dit qu'au niveau de l'emploi, le pays compte
beaucoup de des chômeurs. Les universités et les grandes
écoles privées de Madagascar deviennent des centres de formations
des « chômeurs luxes, hautement diplômés ». Les
statistiques relatives au taux de chômage de Madagascar et fournies
annuellement par l'INSTAT ne sont pas réellement fiables et ne
reflètent en aucun cas la réalité sur le terrain.
Madagascar se trouve à 3,8 % du taux de chômage, alors que le pays
abrite en fait une « armée de chômeurs » ! A ce
chiffre-là, notre pays serait quasiment en situation de plein emploi car
dans la vie, il y a toujours des personnes qui ne veulent pas travailler.
1 Eddy Christiano RAVELOSON (2014), «
Politiques économique et publique : effets sur la croissance
économique, cas de Madagascar depuis 1980 », Mémoire de
Maîtrise ès-sciences économiques, Université de
Toamasina, septembre, notamment à la page 32.
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La situation inflationniste à Madagascar avec un taux
de 9,5 % en 2011, n'est pas une bonne chose pour l'économie, notamment
pour les ménages consommateurs. La crise politique depuis 2009 n'a fait
qu'augmenter l'indice des prix à la consommation. En somme, dans la
réalité des politiques publiques, les trois fonctions
(affectation, redistribution, régulation) sont le plus souvent
confondues. Nous allons donc synthétisé ces trois fonctions par
le schéma suivant.
Figure n°2. La synthèse des rôles
de l'Etat
![](Rle-de-letat-dans-la-reduction-de-la-pauvrete--Madagascar11.png)
Inégalités inefficaces
REDISTRIBUTION
nécessitent
Existence d'inégalités
Inégalités injustes
nécessitent
nécessitent
Défaillance du marché
ALLOCATION DES RESSOURCES
INTERVENTION DES POUVOIRS PUBLICS
Déséquilibres
Inflation
extérieurs
nécessitent
DESEQUILIBRE MACROECONOMIQUE
STABILISATION
Chômage
Information imparfaite
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Présence d'externalité
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Concurrence imparfaite
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Existence de biens publics purs
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Source : Auteur, septembre 2014.
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