L'abà¢à¢, corps de garde et espace de communication chez les Fang d'Afrique centrale. Une préfiguration des réseaux sociaux modernes.( Télécharger le fichier original )par Gérard Paul ONJI'I ESONO Université de Yaoundé II Cameroun - Master 2015 |
4.4. Eléments de similitudeentre le réseau social et l'Abââ4.4.1. La configurationFaisons d'abord remarquer que le menu principal du « site » Abââ obéit aussi à une configuration particulière, semblable à nombre de sites internet. D'ailleurs, en discutant avec l'administrateur du site internet www.monefang.com, il déclare s'être inspiré de l'Abââ pour proposer un menu aux internautes sur ce site-là. En effet, une fois dans l'Abââ, c'est-à-dire que l'on a ouvert la page « Accueil ». Dès lors, chacun peut marquer un intérêt pour l'une ou l'autre des pages qui composent le menu principal: - Qui sommes-nous ? Celui qui souhaite en savoir plus sur le clan pourra être édifié par un ancien de l'Abââ ; - Actualité : toutes les nouvelles du village et même de la contrée sontpartagées à l'Abââ dans les causeries que les uns et les autres engagent. C'est également le lieu d'échange d'informations afin que la communauté soit au courant de la dernière actualité : faits divers, cas de maladie, deuil, d'accident, mariage, réunion, circulaires de l'administration, visite des autorités administratives, etc. - Tradition :c'est justement à l'Abââ que l'on apprend beaucoup d'élément de la tradition fang ; - Proverbes, Contes et légendes : tous s'apprennent à l'Abââ car, chaque fois qu'une assise a lieu, ce sont ces éléments rhétoriques qui sont généralement convoqués pour appuyer les idées des intervenants ; - Divertissement : A l'Abââ, l'on joue à divers jeux dont le plus traditionnel est le Songo. Parfois, c'est dans l'esprit d'un tournoi que des protagonistes s'affrontent pour désigner le plus grand joueur de Songo du village. Ce dernier est souvent le dernier rempart des confrontations qui opposent les natifs du village à un joueur venu d'ailleurs. Il est mal perçu qu'un étranger vienne s'imposer sous l'Abââ d'un village autre que le sien. C'est davantage ici que l'expression « a kam mbong Abââ »trouve toute sa raison d'être ; cela signifie dans ce contexte que le joueur local ne doit pas se laisser battre par un étranger au risque de voir ce dernier « arracher » la poutre centrale de l'Abââ. - Forum : des discussions et des échanges ont effectivement lieu entre les membres de l'Abââ. Vu ainsi, il s'esquisse bien une similitude entre l'espace d'échange qu'offre l'Abââ et celui qu'ouvre également un site internet, à quelque différence près. C'est une transposition qui s'opère dans une logique qui vise à démontrer que cette configuration de l'Abââ est séculaire et que les interfaces virtuelles créées par la technologie modernesont souvent calqués sur le modèle des plateformes physiques plus anciennes. |
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