b. Les générations du XXe
siècle
Durant le XXe siècle, on note la succession d'au moins
5 générations. Entre 1925 et 1945 est né la
Génération Silencieuse, la Génération
Vétéran. La population adolescente de cette période a
grandi entre deux grandes crises : la Grande Dépression (crise
économique de 1929) et la 2nde Guerre Mondiale. Comme
définie précédemment, cette génération, qui
a connu une des pires périodes de l'histoire du monde, s'est
créée une identité propre avec son propre comportement, on
parlait d'une génération qui ne rechignait pas au travail :
« Few youngsters today want to mine diamonds in South Africa, ranch in
Paraguay, climb Mount Everest, find a cure for cancer, sail around the world or
build an industrial empire. Some would like to own a small, independent
business, but most want a good job with a big firm, and with it, a kind of
suburban idyll »5 écrivait le TIME et concluait dans cet
article que : « The best thing that can be said for American youth, in or
out of uniform, is that it has learned that it must try to make the best of a
bad and difficult job, whether that job is life, war, or both ».
Suite à la 2nde Guerre Mondiale, une
nouvelle génération a vu le jour entre 1945 et 1959. Celle-ci fut
bien plus heureuse que la précédente et bien plus optimiste, on
la nomma la Génération Baby Boom. On les appela Baby Boom car le
taux de natalité de cette période est très
élevé. La fin de la Deuxième Guerre Mondiale remit de
l'espoir dans le coeur des hommes. Il y a eu un très fort pic de
natalité en cette période par conséquence. William STRAUSS
et Neil HOWE ont étudié les baby boomers et ont permis de
dessiner une génération sociologique. Selon eux, deux
qualificatifs les décrivaient : idéalistes et
égocentriques 6 . Cette génération aurait des
difficultés relationnelles avec la génération suivante :
la génération X.
5 TIME Magazine, The Younger Generation,
1951
6 William StTRAUSS et Neil HOWE, Generations,
1991
8
Une nouvelle génération a vu le jour entre 1960
et 1979. Sociologiquement, elle se fait nommer la génération X.
Cette génération s'oppose à la précédente,
celle des baby boomers, génération de la contre-culture
traditionnelle et morale. Elle connaît les premières
difficultés en matière de précarité
générationnelle européenne. Jane DEVERSON et Charles
HAMBLETT démocratisent le terme au Royaume-Uni en 1965. Suite à
des entretiens qualitatifs auprès de jeunes anglais pour éditer
une revue, ils ont remarqué que la génération
s'était démarquée par rapport à la
précédente car c'est une génération qui «
sleep together before they are married, don't believe in God, dislike the
Queen, and don't respect parents »7. Ce fut donc la
génération X car elle était la génération
inacceptable. William STRAUSS et Neil HOWE ont listé les
caractéristiques qui définissent cette génération
:
· Elle ne respecte pas l'autorité ni les
institutions
· Le divorce est devenu une pratique courante et
répandue
· Les femmes travaillent bien plus
· La natalité a largement diminué
· La contraception s'est démocratisée
· Le début d'Internet
· La fin de la Guerre Froide
· Mais encore beaucoup d'autres8
La génération X est parfois vue comme
l'adversaire en entreprise de la génération Y. La
génération Y regroupe les personnes nées entre 1980 et
1990 et, du fait de leur regroupement générationnel, ils auraient
des valeurs communes et des comportements identiques. Denis MONNEUSE
définit plus de 70 qualificatifs pour parler de la
Génération Y, les plus connus sont : Génération
Why, Génération Boomerang,
E-Génération...9 Ces jeunes représentent 15% de
la population européenne10 et entre 30
7 Jane DEVERSON et Charles HAMBLETT, Generation
X, 1965
8 William StTRAUSS et Neil HOWE, Generations,
1991
9 Denis MONNEUSE, Les jeunes expliqués aux
vieux, 2012
10 EU Youth Report, 2009
et 40% des actifs français11. La nouvelle
transmission des valeurs (le réseau avant la famille et les institutions
?) et la vague des nouvelles technologies ont peut être amené la
génération Y à avoir de nouveaux comportements. Ils ont
acquis le combat de la génération X pour ce qui concerne les
transformations morales. Ils ont grandi devant des écrans (d'abord la
télévision puis le téléphone et l'ordinateur).
Génération plus à l'aise avec les nouvelles technologies,
auraient-ils des forces et des faiblesses par rapport aux autres populations ?
Entre mythes et réalité, la génération Y fait
couler beaucoup d'encre. Arrivant en masse comme de nouveaux actifs, les RH et
l'entreprise s'intéressent de près à ceux-ci. Cependant,
ont-ils une légitimité identitaire à être nés
durant la même période ? Pouvons-nous dire qu'un homme de 30 ans,
agriculteur, marié avec 2 enfants ressemble à une femme de 26
ans, CSP+, vivant à Paris et célibataire ? Jean PRALONG est
psychologue, docteur en science de gestion et conférencier à
Rouen Business School. Il réalisa la seule étude de la
Génération Y sur un échantillon français. Celle-ci
démontra qu'il n'y avait pas de différence entre la
Génération Y dans son rapport à l'entreprise en
comparaison avec la Génération X dans A la recherche de la
« génération Y » (2012). Il introduira son dossier
par cette phrase choc : « L'engouement autour de la «
génération Y » est inversement proportionnel à
l'intérêt académique qu'elle suscite »12.
Comme toute théorie sociologique et donc, non scientifique, il y a des
personnes qui y croient et d'autres moins. En tout cas, une population au sein
de la génération Y se démarque : les digital natives.
9
11 Benjamin CHAMINADE, Prospectives recrutement en
2020, Focus RH et l'INSEE, 2007
12 Jean PRALONG, A la recherche de la «
génération Y », 2012, p. 1
|