Les mandats des opérations de maintien de la paix de l'ONU en République Démocratique du Congo face aux réalités locales: utopisme ou réalisme?( Télécharger le fichier original )par Claude BOYOO ITAKA Université de Kinshasa - Licence 2012 |
2. Le génocide méconnu congolaisDepuis qu'elle a débuté en RDC en 1998, la guerre a causé la mort de plus de 5 millions de personnes (nombre de victimes trois fois plus que le génocide rwandais). La majorité de ces morts (80-90%) résulte de maladies de malnutrition, dont la cause est imputée aux carences des services de santé et de l'agriculture, et au déplacement des réfugiés. Le Rapport 2004 de l'IRC109(*) estime en fait ce nombre des morts entre 4,4 millions et 5 millions, un écart des imprécisions du modèle de simulation utilisé. Outre cela, la situation humanitaire et le niveau constamment élevé des violences et des violations des droits de l'homme commises à l'encontre des civils, en particulier les attaques dirigées contre la population civile, les violences sexuelles et sexistes généralisées, le recrutement et l'emploi d'enfants par les parties au conflit, les déplacements forcés de nombreux civils, les exécutions extrajudiciaires et les arrestations arbitraires, sont autant de raisons qui nécessitent des nouvelles orientations afin de mettre fin à ce génocide négligé et méconnu. Face à ce drame, la communauté internationale est pour l'instant bien silencieuse. Ça va bientôt faire vingt ans... Nous nous demandons à cet effet, combien de nombre de morts avons-nous besoin pour pouvoir agir ? Les seules actions concrètes sont l'envoi d'humanitaires (Médecins sans frontières, La Croix-Rouge, Handicap International...) dès les premières années de conflit dans l'est du Congo. Goma est devenue un nid d'organisations humanitaires et est peut-être le deuxième employeur de la ville après l'Etat. Néanmoins, leur action concrètement constatable sur le terrain semble limitée. Sur ce, bien qu'elle ne l'a pas reconnu et ne veut toujours pas le reconnaitre, la communauté internationale doit du moins prendre des mesures appropriées pour stopper ce génocide qui est encours et qui a déjà causé la mort à plus de 5 millions des congolais. Ainsi, dans la redéfinition du mandat de la MONUSCO, il faudrait prendre en compte la question de la population civile victime des atrocités. La nécessité des mesures efficaces et répressives dans la protection des civils parait, de ce fait, une urgence conformément aux prescrits des principes de responsabilité de protéger. * 109 IRC : International Rescue Committee |
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