1.2.4. Interaction malnutrition-infection
La MPE résulte d'un déficit en micronutriments
et est très souvent associe à des infections. La figure suivante
montre l'intrication entre infection et malnutrition (MICHAËL ,1996).
Figure 1. Le cercle vicieux de la
malnutrition-Infection chez l'enfant
Source : FAO, 2007
Toute infection chez l'enfant entraîne une perte de
l'appétit qui restreint les apports nutritionnels. La diarrhée
diminue l'absorption intestinale avec perte d'eau et de sels minéraux.
Elle entraîne des perturbations de la flore intestinale.
Comme l'indique la figure 1, la malnutrition prédispose
l'enfant à une infection, car elle le rend moins résistant. En
retour, l'enfant qui souffre d'une infection, d'une diarrhée ou d'une
rougeole par exemple, perd son appétit et utilise moins bien les
aliments qu'il consomme. Sa malnutrition s'aggrave. L'enfant voit sa
résistance aux infections diminuer encore. Si le cercle vicieux n'est
pas brisé par une intervention positive, il peut conduire l'enfant
jusqu'à la mort. Il convient néanmoins de signaler que ces
facteurs immédiats interviennent souvent après l'action
conjuguée de plusieurs autres facteurs sous-jacents.
1.2.5. Lutte contre la MPE
MICHAËL (1996) a souligné, que six facteurs sont
particulièrement importants à considérer dans la lutte
contre la malnutrition. Ces six facteurs (les six "P") sont:
· Production, essentiellement agricole et alimentaire;
· Préservation ou conservation des aliments, pour
éviter le gaspillage et les pertes, et apporter une valeur
ajoutée aux aliments grâce à la transformation;
· Population, qui a trait aussi bien à
l'espacement des naissances au sein d'une famille qu'à la densité
de population dans une région ou dans un pays;
· Pauvreté, qui ramène aux causes
économiques de la malnutrition;
· Politique, car l'idéologie, les choix et les
actions politiques influencent la nutrition;
· Pathologie, qui est le terme médical pour
maladie, car les maladies, en particulier les infections, nuisent à
l'état nutritionnel.
En étudiant cette liste, on se rend compte que les
facteurs de risque de la MPE sont multiples et intéressent beaucoup
d'autres secteurs que celui de la santé.
Les directives nationales sur la planification sanitaire, les
outils de la PCIME, les normes de croissance des enfants ainsi que les
recommandations lors des supervisions des agents de santé devraient
permettre à ces derniers de mener à bien la lutte contre la
MPE.
Au niveau des CS, le processus de planification impliquant les
communautés est le cadre privilégié de la collaboration
entre les agents de santé et les populations face aux multiples
problèmes de santé.
Une lutte efficace contre la MPE commence donc
nécessairement par une planification rigoureuse qui tient compte au
minimum des axes stratégiques suivants:
- suivi nutritionnel régulier de chaque enfant avec
application de la démarche de la PCIME lors des consultations de
nourrissons malades;
- communication avec les parents sur la lutte contre la MPE
;
- démonstrations culinaires régulières au
profit des mères.
La PCIME est l'une des approches recommandées par l'OMS
ces dernières années pour promouvoir la croissance et la
protection des enfants. Au sujet de la malnutrition, les directives de la
PCIME (2007) indiquent que : « L'état
nutritionnel doit être évalué chez tous les enfants malades
». La démarche peut être résumée ainsi qu'il
suit :
- Evaluer l'état de l'enfant ;
- Classer l'enfant selon l'évaluation de son
état : malnutrition sévère, poids très faible pour
l'âge, pas de poids très faible pour l'âge ;
- Expliquer la situation de l'enfant à la
mère ;
- Identifier et appliquer la conduite à tenir
adéquate ;
- Assurer le suivi de l'enfant.
Quant au suivi nutritionnel, il fait partie du paquet minimum
d'activités des CS. Il permet:
- de suivre la croissance staturo-pondérale et le
développement psychomoteur des enfants;
- D'assurer la couverture vaccination selon le calendrier du
programme élargie de vaccination ;
- La prise du poids permet de suivre la croissance de
l'enfant, d'avoir une idée sur sa santé et de détecter
d'éventuelles anomalies ; à partir de l'observation de
l'évolution du poids, on peut se rendre compte de cas de malnutrition et
envisager une prise en charge rapide ;
- La courbe de suivi de la croissance permet de
connaître l'évolution sanitaire de l'enfant, de pouvoir prendre
des décisions sur sa santé et de faire des recommandations aux
mères;
- L'explication de l'état nutritionnel des enfants aux
parents permet d'impliquer ceux-ci dans le suivi de l'évolution de
l'enfant.
Le suivi de la croissance se fait à travers les
pesées à chaque rendez-vous. L'enfant doit être pesé
nu ou très légèrement habillé, la balance bien
tarée. Le poids est immédiatement reporté sur la fiche
CPS. Cela permet d'apprécier l'évolution de son état
nutritionnel, de l'expliquer à sa mère et d'adopter la conduite
à tenir indiquée.
Si l'état nutritionnel de l'enfant est normal, la
courbe de suivi est croissante et se trouve dans la portion dite "chemin de la
santé"(Road-to-health). Dès que la courbe stagne et commence
à former un plateau, c'est une alarme qui doit conduire à
rechercher et traiter un problème nutritionnel ou une diarrhée ou
une infection. La prise en charge correcte et rapide du problème
à ce stade permet d'éviter l'installation d'une malnutrition.
Quant aux démonstrations culinaires, elles sont
nécessaires à cause des pratiques alimentaires souvent
inadéquates au sein de nos communautés surtout dans le domaine de
l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants. Au niveau des CS, les
démonstrations culinaires consistent généralement à
apprendre aux mères les procédures de préparation de
bouillies enrichies à base de laits importés ou de denrées
locales.
A partir de ces axes stratégiques, plusieurs
activités peuvent être réalisées. Beaucoup de ces
activités sont menées dans la plupart des CS même si les
normes requises ne sont pas toujours respectées. Ces activités
peuvent être regroupées ainsi qu'il suit :
- Évaluer régulièrement l'état
nutritionnel de chaque enfant selon son âge, identifier la conduite
adéquate à tenir, l'expliquer aux parents et veiller à
l'application de cette conduite à tenir.
- Appliquer la démarche de la PCIME à toute
consultation d'enfant de moins de cinq ans : évaluer, classer et
appliquer la conduite à tenir adéquate.
- Apprendre aux mères la préparation d'aliments
de complément adaptés aux enfants de moins de cinq ans, en
particulier à ceux en période de sevrage.
- Entretenir avec les parents une communication sur les
différents thèmes d'importance en santé.
- Planifier et évaluer périodiquement
l'exécution des activités en collaboration avec la
communauté.
|