2.2 Échelle européenne
Que ce soit sur la production d'électricité ou
la consommation de chaleur, la valorisation du biogaz progresse en Europe
depuis une dizaine d'années. 10,1 Mtep d'énergie primaire biogaz
ont notamment été produites en 2011 dans l'Union
Européenne, avec 35,9 TWh d'électricité biogaz, soit une
progression de 18,2% par rapport à 2010 (EurObserv'ER, 2012,
[61]).
En Europe, différents modèles de production
existent, concernant le biogaz. L'Allemagne est incontestablement le plus gros
producteur européen, suivi par le Royaume-Uni, l'Italie et la France,
mais chacun de ces pays privilégie une politique différente
concernant l'exploitation du biogaz. En effet, les gisements
privilégiés ne sont pas toujours les mêmes
(décharges, stations d'épuration, déchets agricoles,
agro-alimentaire), tout comme les modes de valorisation (production
d'électricité, de chaleur, de biocarburants, injection sur le
réseau...).
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Carte 2 - Production d'énergie primaire de biogaz
dans les pays de lUE à la fin 2011 (Eurobserv'ER, 2012 [56])
Historiquement, la plupart des premiers méthaniseur
européens ont vu le jour avec le premier choc pétrolier de 1971 ;
« les matières traitées sont essentiellement les
déjections animales, avec des quantités de quelques milliers de
tonnes par installation, et des puissances électriques de quelques
dizaines de kilowatts » (BERGER, 2008). Les conséquences
de la crise se font moins contraignantes dès 1978 et certains pays
abandonnent le développement de la filière, à l'exception
des Allemands.
2.2.1 Le modèle allemand : la
méthanisation à la ferme
L'Allemagne a privilégié le modèle de la
méthanisation à la ferme, avec une unité
gérée par un agriculteur (ou une association d'exploitations
agricoles), caractérisée par la production « autres biogaz
» par Eurobserv'ER (doc 1 et 2 annexes).
Les pouvoirs publics émettent la volonté de
diminuer la part des énergies fossiles en évitant d'avoir recours
au nucléaire, les déchets agro-alimentaires sont donc, dès
les années 1990, intégrés aux unités
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de méthanisation des agriculteurs, qui reçoivent
une « redevance traitement » leur permettant de toucher des revenus
supplémentaires.
La demande en déchets s'accroit durant les
années suivantes, ceux-ci se voient donc attribuer une valeur marchande
par les industriels, qui veulent commercialiser leurs déchets
méthanogènes. Une pression s'exerce sur les producteurs de biogaz
d'origine agricole, allant jusqu'à remettre en question le
fonctionnement de certaines unités. En 2004, une révision de la
loi EEG* (Emeuerbaren Energie Gesetz) parue en 2000 met alors en place une
prime aux cultures énergétiques, qui permet la création de
nombreuses unités et augmente la puissance des installations.
Graphique 3 - Nombre d'installations de production de
biogaz et capacité énergétique
installée correspondante en Allemagne (DBFZ* 2012, [32])
2011 est l'année ou l'Allemagne a vu le plus grand
nombre d'unités de méthanisation créées, avec 1310
nouvelles centrales de biogaz, ce qui leur a permis d'atteindre un total de
7215 unités, et une puissance électrique de 2904 MW
(FACHERBAND BIOGAS, 2012 [61]). Ceci s'explique en partie par une
baisse programmée des tarifs de rachat pour le 1er janvier
2012 : beaucoup de projets se sont achevés avant cette date clé,
afin de profiter d'un tarif de rachat de l'électricité plus
avantageux.
La diminution des tarifs pourrait dans les années
à venir avoir des conséquences sur la création de
nouvelles installations : l'association Fachverband Biogas ne prévoyait
que 300 unités supplémentaires en 2012 (EurObserv'ER, 2012
[61]). Le pays pourrait alors se tourner davantage vers l'exportation avec
la vente des technologies et de son savoir-faire dans le domaine de la
méthanisation.
À ce jour, la valorisation du biogaz en
électricité représente 3% de la consommation nationale
allemande (EurObserv'ER, 2012 [61]).
[À noter que l'État allemand a
procédé à un « saut méthodologique »
entre les années 2010 et 2011 concernant le calcul de l'énergie
primaire des petites unités de cogénération : cela
explique la baisse de cet indicateur entre 2010 et 2011 dans les tableaux 1 et
2 annexes]
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