PARAGRAPHE I : Le processus de création du NEPAD
comme une manifestation
de l'intérêt national altruiste
I- Les concepteurs du NEPAD
Adopté en 2001 par les chefs d'État de l'OUA, et
ratifié en 2002 par l'Union Africaine, cette oeuvre continentale a
été soutenue et défendue essentiellement par deux anciens
Présidents aux philosophies différentes. Il s'agit de Thabo
MBEKI, ancien Président Sud-Africain et de l'ancien Chef d'État
sénégalais, Abdoulaye WADE. Mais, des pays comme
l'Algérie, l'Égypte, le Nigeria figurent aussi parmi les
fondateurs du NEPAD223.
D'une part, Thabo MBEKI a défendu l'idée que le
NEPAD doit se donner pour finalité, dans sa structure et son
fonctionnement, de promouvoir la gouvernance politique et économique au
niveau de tout le continent; et même initier de nouvelles relations
internationales entre
222 Marie- Claude SMOUTS, Dario BATTISTELLA, Pascal VENNESSON,
Op. Cit. p. 303.
223 Rapport du Haut Conseil de la Coopération
Internationale de France, Les priorités de la coopération pour
l'Afrique subsaharienne et le nouveau partenariat pour le développement
de l'Afrique (NEPAD), Avril 2002, p. 3.
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l'Afrique et des partenaires économiques et financiers
étrangers, qui ont pour objectif de participer volontairement et avec
équité au développement réel des États
africains et non de les spolier de leurs richesses naturelles et
ouvragées224. A cette fin, et suivant cette politique
économique, le NEPAD doit être un organon dont l'objectif
implicite est de réaliser le progrès économique, social
par la réduction de la pauvreté endémique, la bonne
gouvernance au niveau de chaque État membre. Ceci sous-entend la
nécessité de réformes politiques pour chacun de ces
États, et l'instauration effective de la démocratie et des enjeux
de multipartisme ; et, inversement, la fin de l'autocratie des Chefs
d'État et le monopole des partis uniques qu'on pourrait qualifier de
Parti-État. Figurent en outre, dans le cadre de ces réformes
institutionnelles, la décentralisation des structures politiques, avec
une exigence visant le fonctionnement éthique d'une bonne gouvernance
locale. A tous les niveaux, le NEPAD doit donc être le pilier de
l'arrêt de la paupérisation des peuples, le moteur de la
croissance économique et de la productivité à tous les
échelons de la vie active225.
D'autre part, la perspective d'Abdoulaye WADE consiste
à conférer au NEPAD des moyens importants pour faciliter l'aide
au développement économique et social à la construction
des infrastructures nationales et interafricaines, comme les routes, par
exemple ; et même une contribution substantielle au développement
de l'agriculture, au progrès de la santé, de l'éducation,
etc.
Ces perspectives opposées dérivent,
elles-mêmes, de deux écoles des pensée de
l'édification de l'Afrique moderne, dans le but de l'ériger au
statut d'une grande puissance économique, politique autonome qui
compterait dans le monde contemporain, de telle sorte que l'idée de la
« panafricanité » ne reste pas un vain mot et que
l'idéologie politique du « panafricanisme » puisse se
réaliser concrètement226. La « renaissance
africaine » initiée par Thabo MBEKI, Abdoulaye WADE, Olesegun
OBASANJO, voire Mouammar KADHAFI (ce dernier visait même à
créer rapidement « les États-Unis d'Afrique »),
s'inspire, dans les grandes lignes, des Pères fondateurs du
Panafricanisme, comme Sylvester WILLIAM, Burghart DUBOIS et Marcus GARVEY
à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale ; et, plus tard, dans les
années
224 Préface de l'ouvrage de Patrice MOUNDOUNGA MOUITY,
Le NEPAD, Histoire, défis et bilan 10 ans après,
Paris, l'Harmattan, 2013.
225 Ibid.
226 Ibid.
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1960, tels que Hailé SELASSIE, Jomo KENYATTA,
Kwamé NKRUMAH, Nelson MANDELA.
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