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L'intéret national dans le processus d'intégration régionale en Afrique

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par Yanic KENHOUNG
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2014
  

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PARAGRAPHE I : Les théories de l'intergouvernementalisme

Si le fonctionnalisme et le néo fonctionnalisme sont deux approches libérales permettant de comprendre et d'expliquer l'intégration, l'intergouvernementalisme appartient au courant réaliste, lequel met en avant l'État et son rôle dans le processus de l'intégration. Il vient donc mettre au goût du jour l'importance de l'État-nation dans le processus d'intégration, ce qui introduit une combinaison entre les pouvoirs des États-nations et le pouvoir des institutions d'intégration.

Initié dès les années 1960 par Stanley HOFFMANN, qui sera suivi de Robert KEOHANE et bien après dans les années 1990, d'Andrew MORAVCSIK147, l'inter gouvernementalisme considère que les décisions des organisations internationales résultent d'un marchandage entre les États rationnels. Stanley HOFFMANN, parle de mise en commun de la souveraineté au sein des organisations internationales qui sont des multiplicateurs de puissance.

En analysant le cas de la construction européenne148, Ernst Haas prévoyait déjà la possibilité d'un retour aux actions nationales de la part de certains gouvernements qui seront tentés de combattre, ignorer ou saboter les décisions de l'autorité fédérale. Cette manière de voir

146Kwame NKRUMAH, L'Afrique doit s'unir, paris, Payot, 1964, p. 201.

147 Dario BATTISTELLA, op.cit. p. 382.

148 Cette analyse est faite dans la deuxième édition de The Uniting of Europe de 1968.

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se rapproche ainsi de la vision des acteurs que se réclame l'intergouvernementalisme. Ceux-ci viennent réinterpréter le processus d'arrangement institutionnel de la communauté européenne en caractérisant cette dernière comme étant une organisation qui partage la souveraineté sans la céder ou la partager149. La communauté européenne va certes plus loin qu'une simple organisation internationale, qui est soumise au principe de spécialité et qui ne peut statuer que dans les domaines qui lui ont été confiés par l'acte constitutif. Mais pour les intergouvernementalistes, nous sommes en faveur d'une structure plus proche d'une fédération, laquelle se fonde sur la réalisation des négociations inter gouvernementales comme condition préalable au succès de l'intégration. Car la où les intérêts nationaux vitaux sont en jeu, les États « préfèrent les certitudes, ou les incertitudes auto-contrôlées, de l'indépendance nationale, aux incertitudes non contrôlées d'une fusion qui nulle part encore n'a fait ses preuves 150 ». Présentée sous diverses formes, l'intergouvernementalisme se distingue par une approche dite originelle ou classique (I) d'une part et par une approche dite libérale d'autre part (II).

I- L'intergouvernementalisme classique de Stanley HOFFMAN

Si les théories fonctionnalistes et néo fonctionnalistes soutiennent que les organisations internationales ont vocation à se substituer progressivement à l'État, notamment sous l'effet des groupes de pression, l'inter gouvernementalisme classique affirme que ces organisations institutionnalisent plutôt la négociation-marchandage entre États; « ce sont les autorités étatiques, qui restent maîtres du processus d'intégration151 ». Dans sa forme la plus pure, cette théorie postule la primauté du politique sur l'économie152. Contrairement au fonctionnalisme, l'intergouvernementalisme originel pense que la décision de taire certaines questions comme des questions techniques est elle-même une décision politique. L'intégration passe en cela par l'intégration des unités politiques. Par là même, cette approche de l'intégration reconnait le rôle que peuvent jouer les acteurs de la société civile et autres mouvements transnationaux, mais tout en reconnaissant la marge de manoeuvre de ceux-ci, elle les considère comme des phénomènes secondaires. Les actions et les contacts que mènent ces acteurs non gouvernementaux ou non

149 Dario BATTISTELLA, op.cit. p. 379.

150 Standley HOFFMANN, «Obstinate or Obsolete? The Fate of the Nation-State and the Case of West Europe»(1966), dans Standley HOFFMANN, The European Sisyphus. Essays on Europe 1964- 1994, Boulder, Westview, 1995, p. 71-106. Cité par Dario BATTISTELLA, Op. Cit. p.379.

151 Dario BATTISTELLA, op.cit. p. 380.

152 Standley HOFFMANN, Op. Cit. pp. 71-106.

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politiques sont alors des épis phénomènes en comparaison avec la densité des interactions inter gouvernementales. Ce qui rompt avec les thèses fonctionnalistes qui postulent la primauté de l'économie sur le politique ; rompt également avec le néo fonctionnalisme qui espère voir les autorités fonctionnelles et les autorités politiques fusionner en une autorité acquérant une assise territoriale sans laquelle il ne saurait y avoir d'intégration légitime. Cette maitrise du processus d'intégration par les souverainetés étatiques est une idée certes défendue par tous les intergouvernementalistes, mais ceux de tendance libérale mettent en avant la satisfaction des revendications des acteurs sociaux et les comportements stratégiques des États.

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