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Dynamique urbaine et insécurité dans la commune d'abomey-calavi

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par Elossi Alain SOGBO
Université Abomey-Calavi(UAC) Bénin - Maîtrise 2013
  

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1.1.1.4-Acculturation, globalisation et insécurité urbaines

Le phénomène des violences urbaines a une histoire propre dans nos sociétés africaines et fait, le plus souvent, l'objet d'un débat autour des facteurs que, différemment, les chercheurs lient à sa recrudescence actuelle. Des questions sur son origine trouvent des réponses multiples mais pour Durkheim (1968), le crime est un phénomène normal et est intrinsèquement lié au fonctionnement social de toute collectivité. Toutefois, il donne encore de savoir que « si le crime est normal, c'est à condition d'être haï ».

Brillon (1987), dans son étude sur l'acculturation, les déviances et la criminalité en Afrique noire a ressorti des facteurs entrant dans l'explication des violences urbaines partant de la caractéristique fondamentale des sociétés africaines qu'est la solidarité (Brillon,1987 cité par Karoue, 2011). Selon lui, les violences urbaines ont leur racine principale dans les grandes mutations subies par les sociétés contemporaines et contraignantes à l'adoption de nouvelles donnes qui, d'une manière et d'une autre sont contradictoires à celles qui prévalaient dans les collectivités africaines d'antan. Dès lors, l'autorité familiale de nos sociétés traditionnelles qui se chargeait du contrôle social des membres de la famille et de la collectivité par la transmission des valeurs, des règles et de leur suivi ont perdu leur substance par l'acculturation due au modernisme. Ces liens familiaux, en effet, arrivaient à contenir la délinquance juvénile dans le contexte des sociétés traditionnelles puisque l'anonymat des métropoles n'y existait pas et chaque membre du groupe était le gardien de son frère. En d'autres termes, les infractions commises par chaque membre attiraient le châtiment sur tout le groupe. « La solidarité des familles et des individus et leurs responsabilités collectives obligeait chacun à jouer un rôle préventif efficace ». Les violences auraient pris de l'ampleur, selon lui, du moment où sont apparues des sociétés « réservées » dont certains individus en sont les exclus conduisant à l'individualisme et l'anonymat ; bref, la ville moderne. Santucci (1990), cité par Roché (1998) confirmait cette idée en ces termes : «... les délits sont commis par des hommes qui ne sont plus intégrés dans les cadres sociaux et professionnels cohérents... ». L'accroissement des inégalités, l'élargissement et l'approfondissement des exclusions sont de plus en plus reliés à la mondialisation et à son caractère néo-libéral. Exclusion par la pauvreté et la misère qui est liée aux inégalités de revenus. Exclusion du travail et des statuts sociaux qui est liée au travail stable. Exclusion qui est le fait de la difficulté d'accès au logement. Exclusion culturelle qui se base sur la reproduction sociale des "élites". L'exclusion massive dont les mégapoles sont le théâtre et qui brouille les identités. Les représentations classiques (communautaires, religieuses, nationales, sociales) ne rendent plus compte du rapport de l'individu au groupe. L'insécurité urbaine est, dès lors à comprendre à l'intérieur d'un système socio spatial dynamique dont les éléments structurant sont l'économie libérale globalisée et la ville comme environnement hégémonique. Les éléments plus spécifiquement sociaux, qui naissent des deux précités, tels que la croissance des inégalités, la criminalisation de la pauvreté, la fragmentation du territoire et l'assujettissement de la démocratie à la sécurité se combinent, selon Roché (2003), pour dessiner un « projet de société assez sauvage et préoccupant. ». Lebailly (2002), poursuivant dans la même optique, déplore le changement du modèle identificatoire basé autrefois sur le mythe du progrès social par celui actuellement proposé par le libéralisme économique puisque ce dernier valorise l'individu qui gagne et possède le plus possible et il invite à une réalisation des plaisirs immédiats dans la sphère privée des satisfactions matérielles et intimes. Pour lui, dans sa version ultralibérale, l'Etat (qui régule les relations, redistribue la richesse produite et assure la sécurité de tous) représente une entrave à la liberté individuelle d'entreprendre. L'individualisme est prônée et la liberté individuelle valorisée ; ce qui ouvre les portes aux tendances profondes de l'homme : la recherche de la jouissance et de la toute-puissance... Chacun a alors le sentiment que la loi ne fait plus la loi, que tout semble possible et permis. Selon Segalen (1995), cité par Lebally (2002): « C'est dans le droit d'ignorer l'autre que le recours à la violence, cessant d'être désappris, naturellement revient au galop ». Ce modèle est, dès lors, à la base de la fragilisation de valeurs collectives et tend à inverser le pacte fondateur en encourageant le désir à faire loi, étant donné que le lien social n'est possible qu'à condition de renoncer à sa toute puissance. Hors, actuellement, la survalorisation de la liberté individuelle et de la marchandise invite les jeunes à jouir par tous les moyens, jouir sans limite et conduit donc au passage à l'acte. Ce modèle n'offre pas de perspectives accessibles et surtout positives pour les jeunes des cités reléguées et il fragilise l'autorité des professionnels (Lebailly, 2002). L'individu violent, est cet être affranchi du contrôle social traditionnel et en conflit perpétuel avec les règles de l'ensemble de la vie sociale de rigueur dont l'infraction lui confère l'étiquette de déviant. Une explication actualisée de cette déviance doit ainsi prendre en compte tous les aspects entrant dans cette vie collective (Dao Dao, 2006). Michaud (1996), dans ce contexte évoque l'influence de la mondialisation de l'économie et des échanges commerciaux ou financiers qui, selon lui, vont de pair avec la mondialisation des conflits désormais dits conflit Globlocal (terme utilisé par les analystes américains pour exprimer l'aspect à la fois mondial (Glob) et local (Local)). Crise de société, précarité et pauvreté ne peuvent, dès lors être dissociées des causes de l'insécurité urbaine selon ces auteurs. D'autres oeuvres ont étudié de façon plus ample l'insécurité urbaine en abordant plus en détail la raison de la pauvreté.

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