La taudification de la commune de Lingwala : causes, conséquences et perceptive de rénovation en quartier durable( Télécharger le fichier original )par Jean Pierre BWAZU DUNGIA Institut supérieur d'architecture et d'urbanisme(I.S.A.U):Kinshasa/RDC - Licence 2012 |
IV.2.4 NON APPLICATION D'UN PLAN DIRECTEUR D'URBANISMETout processus de planification urbaine devrait avoir comme base l'application d'un plan d'urbanisme, en vue d'orienter le développement physique de la ville. C'est important non seulement pour des raisons d'ordre architectural, mais aussi, pour des raisons de convivialité, d'assainissement et de circulation intérieure. Un tel plan devrait indiquer clairement où construire et ne pas construire, quelle zone qui peut avoir une orientation industrielle, commerciale ou résidentielle. La commune de Lingwala se développe sans aucune planification véritable. C'est ce qui explique qu'à part quelques quartiers exposés dans certaines zones périphériques dont les logements sont normaux, ce sont, pour la plupart, des quartiers d'habitats précaires que l'on retrouve presqu'à travers toute la commune (Photo IV.1 et IV.2).
Photo IV.1 et 2 Exemples de deux habitations en mauvais état sur la rue Kitega Globalement, ces quartiers sont très insalubres et aucun travail de ramassage d'ordures n'y est effectué. A chaque chute de pluie, la situation devient pire, puisque les habitants en profitent parfois pour évacuer les immondices et les ordures (Photo IV.3). Cela a comme impacts la nuisance, la pollution et la diffusion des maladies hydriques.
Photo IV.3 Un canal entre deux parcelles où les immondices et les ordures sont évacués lorsqu'il pleut IV.2.5 MAUVAISE APPLICATION DU PLAN CADASTRALL'application du plan cadastral peut faciliter la construction de nombreuses unités de logements sociaux. Ceci consiste toutefois, à identifier tous les terrains appartenant à l'Etat qui, éventuellement, procède au remembrement pour l'augmentation de la production de logement ou les utiliser à des fins de projet de logements sociaux. Or légalement, il existe plusieurs lois ou décret-loi traitant de litige foncier à Kinshasa. L'on comprend bien qu'une ville dépourvue des plans directeur et cadastral ne pourrait prendre d'autre allure qu'un ensemble de taudis. IV.3 CONSEQUENCES DE LA TAUDIFICATIONLa prolifération des taudis dans la commune de Lingwala a d'incidences néfastes sur la vie des gens et sur l'environnement. Ainsi, on se propose dans les lignes qui vont suivre de relater ces différents impacts. CARTE IV.1. PLAN D'OCCUPATION AU SOL DE LA COMMUNE DE LINWGALA IV.3.1 Impact sur l'environnement urbainLa configuration de la commune de Lingwala se modifie au fur et à mesure que s'accentue le processus de taudification. Les habitats nouvellement érigés posent problème à cause de leur bas standard et les ménages qui les habitent sont confrontés à toutes sortes de problèmes. La commune devient de plus en plus insalubre, de par ses caractéristiques physiques désagréables, et aussi, l'absence de ramassage d'ordures et d'immondices, les installations d'équipements sociaux deviennent de plus en plus inadéquates par rapport à l'accroissement de la population à un rythme accéléré. En analysant la gestion des ordures ménagères, les modes d'évacuation des eaux usées et pluviales ainsi que la connexion ou non à la conduite d'évacuation des eaux, nous sommes arrivés à dresser différents tableaux ci-après : Tableau IV.6: Répartition des enquêtés selon les modes de gestion d'ordures produites dans leurs ménagères
Source : Résultat de l'auteur 2012 Le tableau IV.6 présente les différents modes d'évacuation des ordures ménagères dans la commune de Lingwala. Il en ressort que 41 % d'enquêtés recourent au service privé pour évacuer leurs ordures ménagères. Ce service est tenu principalement par des pousse-pousseurs (Photo IV.4) et quelque fois par l'Hôtel de ville de Kinshasa en partenariat avec l'Union Européenne à travers le Programme d'Assainissement Urbain de Kinshasa, PAUK en sigle, dont l'apport n'est pas très significatif.
Photo IV.4 un pousse-pousseurs dans une parcelle entrain de ramasser les ordures ménagères Il faut retenir aussi que 41,1% de ménages recourent à des modes non hygiéniques à l'instar du rejet d'ordures sur les voies publiques (13,7%) et dans les cours d'eau (2,1%), du dépotoir anarchique (9,4%) et de l'incinération (15,8%). De tels comportements sont à la base d'accumulation de déchets. C'est dans ce cadre que nous donnons raison à WACKERMAN Gabriel46(*) qui dit que le tonnage des déchets urbains n'a cessé de croitre parallèlement à la population urbaine, mais également de son niveau de vie. Il constate à cet effet ce qui suit : Ø tas d'immondices, décharges brutes ; Ø augmentation des déchets non biodégradables : sacs en plastique, bouteilles d'eau minérale... Selon lui, à Lingwala la production des déchets s'élève à 890 tonnes par jour. En termes de segmentation de déchets, 70% sont des déchets biodégradables, 20% sont plastiques et 10% sont métalliques. Le plastique est donc le problème de fond47(*). L'absence de travaux de curage au niveau du système de canalisation rend l'évacuation des eaux usées impossible et entraîne l'inondation à chaque chute de pluie (comme nous pouvons le voir sur la photo IV.5). Les eaux pluviales et usées non évacuées constituent des flasques d'eaux considérées comme très dangereuses pour la santé de la population alors que Lingwala présente donc l'aspect d'une commune attractive en termes d'activités économiques, comparativement aux autres communes, mais très insalubre (Cfr carte IV.1).
Photo IV.5 Inondation après la pluie sur l'avenue Nyangwe Tableau IV.7 : Répartition des ménages enquêtés selon le mode d'évacuation des eaux usées et pluviales
Source : Résultat de l'auteur 2012 Tableau IV.8 : Répartition des enquêtés selon la connexion ou non à la conduite d'évacuation des eaux de leurs ménages
Source : Résultat de l'auteur 2012 Partant de la catégorisation des modes d'évacuation des eaux usées et pluviales, MICS248(*) considère que l'évacuation par les égouts, par les caniveaux ou par les puits perdus sont des modes d'évacuation hygiéniques. Pour la commune de Lingwala, le constat est que 56 % d'enquêtés reconnaissent pouvoir évacuer leurs eaux usées par ces voies. Mais, il est malheureux de faire remarquer ces caniveaux, en terre ; sont défectueux, bouchés et saturés. Seules les voies principales et secondaires restaurées récemment ont des caniveaux bien construits et sont fonctionnels et en bon état comme nous le montre la Carte IV.2. L'eau évacuée à Lingwala stagne le long de rues et sur certaines artères secondaires. Les trous et les puits perdus ne jouent pas non plus leur rôle, car la nappe phréatique affleure à cause des remontées capillaires fréquentes. Il faut signaler qu'à Lingwala, tout le système de canalisation existant est hors d'usage, ce qui cause un sérieux problème d'assainissement, qui est à la base de l'apparition de plusieurs maladies d'origine hydrique comme le choléra, la méningite, la diarrhée, la dysenterie, la fièvre typhoïde, la poliomyélite, les hépatites A et E. Carte IV.2. DRAINAGE DES EAUX DANS LA COMMUNE DE LINGWALA * 46 WACKERMAN Gabriel, 2005, Ville et Environnement, Edition Marketing S.A, Paris, P 334 * 47 Idem * 48 MICS2 |
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