La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien( Télécharger le fichier original )par Gélase Amour DECHI Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix 2006 |
B- La cause politiqueLa raréfaction des bourses d'études et la dégradation du cadre de vie et de travail des acteurs de l'Université, a préparé le milieu estudiantin à un bouillonnement certain. Ils ont servi de terreau à la réalisation des aspirations politiques d'autres acteurs sociaux qui ont fait des revendications des étudiants le sésame pour ouvrir la porte d'accès au multipartisme. Ainsi, sur les revendications corporatistes s'est greffée une exigence de libéralisation du paysage politique dont les étudiants vont se faire le fer de lance dès la nuit du 19 février 1990 pour ne pas lâcher prise jusqu'à l'acceptation du retour au multipartisme le 30 avril 1990. Depuis, chaque force politique s'évertue à avoir une maîtrise sur le milieu universitaire considéré comme l'un des espaces stratégiques à régenter pour qui veut conquérir et préserver le pouvoir d'Etat. Charles Blé GOUDE24(*) ne dit d'ailleurs pas le contraire quand il affirme : « ...l'école étant un lieu névralgique, les clans politiques y ont trouvé un espace d'affrontement »25(*). On comprend dès lors que certains partis politiques organisent "des parrainages" des syndicats d'étudiants, d'enseignants et d'administratifs qui leur sont affiliés. Lors d'un discours, Mr Laurent GBAGBO s'est même félicité des relations entre son parti et des syndicats du milieu universitaire: « Quand on dit que les enseignants et les étudiants sont soutenus et manipulés par le FPI, je voudrais affirmer ici haut et fort pour tout le monde que s'est un honneur pour le Front Populaire Ivoirien que de soutenir les mouvements syndicaux en lutte » 26(*). Le chômage grandissant, la pauvreté et l'appât du gain facile ont grandement facilité ce recrutement. L'Université devient le champ de bataille entre les partisans de la transformation de la vie politique et leurs adversaires. En effet, écartelés entre des partis politiques guidés par la seule volonté de conquête du pouvoir politique, les étudiants ne manquent pas souvent de manifester bruyamment leurs convictions politiques. Et il en résulte entre eux des affrontements. Des heurts entre étudiants avec comme arme la machette ont eu lieu lors du congrès de la FESCI de décembre 1998. Le poste de Secrétaire général était convoité par Blé GOUDE, Yayoro KARAMOKO et DJEGONNE-BI. Selon le professeur Yacouba KONATE, c'est en ce moment que « la machette sera déclinée en verbe »27(*). A l'issue de ce congrès, Blé GOUDE remporte les élections. Plus tard, en 2002, il affirmera que sa victoire sur ces adversaires est « la victoire de Laurent GBAGBO sur Alassane Dramane OUATTARA. » En dehors des causes économique et politique, d'autres de nature psychologique et morale méritent d'être citées. * 24 Ancien Secrétaire général de la FESCI de 1998 à 2001, il est l'actuel chef du mouvement dit « Alliance des Jeunes Patriotes». * 25 GOUDE (Blé Charles), Crise ivoirienne. Ma part de vérité,Abidjan, Frat-Mat Editions, 2006, 252 P * 26 Discours prononcé le 10 août 1997 lors d'un meeting place Figayo, à Yopougon. * 27 KONATE (Yacouba), Les enfants de la balle. De la FESCI aux mouvements de patriotes, IN : Politique Africaine, La Côte d'Ivoire en guerre : dynamique du dedans et du dehors, N°89, Mars 2003, pp.59-60. |
|