La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien( Télécharger le fichier original )par Gélase Amour DECHI Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix 2006 |
Section II : Les causes liées à la conjoncture socialeL'Université peut être considérée comme le microcosme du macrocosme qu'est l'Etat. C'est dire que l'Université ne peut être épargnée par les changements, les tâtonnements, les instabilités et les grands mouvements d'ordre social. Ils ne sauraient laisser l'Université indifférente dans la mesure où il lui est impossible de vivre en vase clos. Ainsi, la violence en milieu universitaire prend sa source dans la situation générale de crise dans laquelle le pays est plongé. Les aspects de cette crise qui compromettent la continuité de l'Université sont, d'une part, économique et politique (Paragraphe I) et, d'autre part, psychologique et moral (Paragraphe II). Et les causes de la violence épousent chacune de ces dimensions. Paragraphe I- Les Causes économique et politiqueLes premières causes de la violence en milieu universitaire liées à la conjoncture sociale sont d'ordre économique (A) et politique (B). A- La cause économiqueA la période dite du "miracle ivoirien" « caractérisée par la disponibilité financière, le faste des investissements et, de façon générale, l'importance des dépenses publiques »21(*) succède une crise économique. En effet, à partir de 1980, les prix des produits agricoles essentiels (café, cacao,...) chutent sur le marché international. Egalement, le fardeau de la dette s'alourdit. Ainsi, l'économie ivoirienne sombre dans une profonde récession. L'Etat est obligé d'accepter la mise en place d'une politique d'ajustement structurel (PAS) imposée par le Fonds Monétaire International. Ce PAS conduit à la réduction des dépenses de l'Etat au strict minimum ; ce qui implique une diminution du budget de fonctionnement des institutions étatiques, notamment celui des universités. Ainsi, dans le budget général de fonctionnement accordé à l'éducation, seulement 18% sont réservés à l'enseignement supérieur22(*).Selon le professeur EHILE Etienne, Président de l'Université d'Abobo-Adjamé, la réduction du budget des Universités a lieu sans considération d'une inflation qui est d'environ 228 %23(*). A cela, il faut ajouter le gel fréquent de 25 % de ce budget ; ce qui produit en réalité, une baisse constante du budget des institutions et de leur pouvoir financier. Cette crise économique sera à l'origine des troubles scolaires et universitaires, à partir de 1982. Par ailleurs, le chômage grandissant qu'elle induit conforte les étudiants dans leur conviction de « génération sacrifiée » ; ce qui amène les étudiants à prolonger leur séjour à l'Université pour continuer, grâce à la violence et aux intimidations, à profiter des maigres avantages sociaux et à pérenniser la violence en l'enseignant aux jeunes générations. Cette cause d'ordre économique de la violence a favorisé l'entrée de la politique dans le milieu universitaire. * 21 AKINDES (Francis), Inégalités sociales et régulation politique en Côte d'Ivoire, In : Politique Africaine, N°78, juin 200, p.117. * 22 BALOU BI (Jérôme), Evaluation et autonomie dans les Universités francophones, 14ème colloque du GIDSGUF, du 2 au 6 juin 2003, Paris, p. 167. * 23 EHILE (Etienne), op, cit., p.4. |
|