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La lutte contre la violence en milieu universitaire ivoirien

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par Gélase Amour DECHI
Centre de Recherche et d'Actions pour la Paix - Diplôme d'Études Supérieures Spécialisées En Gestion des Conflits et Paix  2006
  

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Paragraphe II: Les mauvaises conditions de vie et de travail des acteurs

du monde universitaire

La violence en milieu universitaire s'analyse aussi en une réaction de ce milieu contre la détérioration de la qualité de vie et de travail.

Cette dégradation touche tous les acteurs de l'Université, notamment les enseignants (A) et les étudiants (B).

A- Concernant les enseignants

La crise économique s'est traduite par une réduction des salaires, aggravée par la dévaluation du FCFA. Cette situation a conduit à la dévalorisation de la profession des enseignants et les a poussé à une protestation politique permanente. Ils critiquent les bureaux exigus, insuffisants et mal éclairés, la pénurie de salles de cours, les salaires peu compétitifs. Du fait de la frustration et de la démotivation qui en résultent, des enseignants transforment certains de leurs cours en tribunes politiques, procèdent à l'endoctrinement des étudiants et à leur enrôlement dans les divers partis où ils militent.

Des enseignants sont contraints, par les difficultés sociales nées de l'inconfort matériel et du caractère peu attrayant de l'Enseignement Supérieur, de consacrer une part importante de leur temps à des activités parallèles et de mettre en place des stratégies de survie dépendant, pour une grande partie, des coopérations étrangères et des ONG, s'ils n'émigrent pas vers les pays riches. D'autres deviennent le personnel des cabinets ministériels et abandonnent les étudiants à eux-mêmes, cessant par conséquent d'être un modèle pour eux. Ainsi, on assiste à un mauvais ratio enseignants / étudiants: en 2001, ce ratio était de 1 enseignant pour 60 étudiants, alors que la norme internationale est de 1 enseignant pour 25 étudiants.

Les enseignants ne sont pas les seuls acteurs du monde universitaire à avoir de mauvaises conditions de vie et de travail. C'est aussi le cas des étudiants.

B- Relativement aux étudiants

Les étudiants, généralement issus de parents pauvres, ne jouissent pas non plus des meilleures conditions de vie et de travail. Ces conditions sont devenues difficiles à la suite de l'abandon brutal par l'Etat de la politique sociale. On assiste à la réduction des prestations sociales. La gratuité des cars de transport est supprimée; les résidences universitaires sont exiguës et délabrées; des toilettes sont hors service ; la bourse et le nombre de boursiers sont considérablement réduits.

Dans ces conditions, la quête du savoir est reléguée au second plan. Les étudiants mettent leur espoir davantage dans le fait d'avoir que dans celui d'être. Leur objectif premier est la satisfaction des besoins physiologiques. L'on comprend mieux le choix de ces étudiants grâce à la théorie des besoins de MASLOW18(*). Ce dernier distingue cinq grandes catégories de besoins : les besoins physiologiques, les besoins de protection et de sécurité, les besoins d'amour et d'appartenance, les besoins d'estime de soi et de considération et les besoins d'actualisation de soi (besoin de s'accomplir et de se réaliser).

Les besoins physiologiques sont des besoins dont la satisfaction est importante ou nécessaire pour la survie. Ils sont donc prioritaires. C'est pourquoi, généralement, une personne cherche à satisfaire ces besoins avant tous les autres. Il s'agit des besoins d'oxygène, de liquides, de nourriture, de maintien de la température corporelle, d'élimination, de logement, de repos et de rapports sexuels.

Au regard de cette théorie, plusieurs besoins physiologiques de l'étudiant, notamment les besoins de logement et de nourriture sont loin d'être satisfaits. Cette insatisfaction engendre des sentiments de frustration individuelle. D'après AZZI et KLEIN, « l'accumulation de sentiments de frustration et de colère chez plusieurs individus, [qui] produit le potentiel nécessaire à l'engagement dans des actes violents »19(*). Cet engagement dans les actes violents  se manifeste à travers une action collective20(*).

Ainsi, la première cause de la violence en milieu universitaire est relative au dysfonctionnement de l'institution. Ce dysfonctionnement s'exprime par sa faible capacité d'accueil et les mauvaises conditions de travail des acteurs du monde universitaire. Quant à la seconde cause, elle est d'ordre conjoncturel.

* 18 Voir MASLOW (Abraham), Motivation and personality, New York, HarperCollins Publishers, 1987.

* 19 AZZI (Assaad Elia) et KLEIN (Olivier), Psychologie sociale et relations intergroupes, Paris, Dunod, 1998, p.47.

* 20 L'action collective consiste en un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite de se mobiliser de concert. Cet agir-ensemble se développe dans une logique de revendication, de défense d'un intérêt matériel. Voir NEVEU (Erik), Sociologie des mouvements sociaux, 3e édition, Paris, La Découverte, 2002, pp. 9-10.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld