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Patrimoine hanséatique et emergence d'une région baltique : Brème, Gdańsk et Riga

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par Nicolas Escach
Ecole Normale Supérieure - Master STADE 2001
  

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1.3 Les raisons de chercher une « valorisation patrimoniale » de l'héritage hanséatique

Cette question porte sur la notion de « valorisation patrimoniale ». La valorisation patrimoniale est la révélation et la présentation d'un élément du patrimoine au public en état de demande sociale : c'est en quelque sorte la rencontre mise en scène d'un patrimoine avec son public. Or quel public peut rechercher une « ambiance hanséatique » sinon un public régional, allemand notamment ?

L'étude des nuitées dans le land de Brème de 2003 à 2006150 par pays d'origine peut nous éclairer sur ce point. A Brème, en 2006, 76.25% des personnes passant au moins une nuit dans le Land de Brème étaient allemandes. Ce chiffre montre donc, même si toutes les personnes effectuant une nuitée ne sont pas des touristes, la prédominance des touristes allemands dans la ville. Mais parmi les 23.75% restant, les nationalités sont très diffuses : chaque pays ou groupe de pays avoisine les 1 ou 2% et les touristes asiatiques sont les seuls à atteindre les 3%. La part de touristes des principaux pays européens faisant une nuitée à Brème à l'exception des Allemands montre une prédominance de la France, du Danemark, du Royaume Uni, des Pays Bas, de l'Italie et de la Suède. La composante régionale est donc représentée par de grands pays (Danemark, Suède) assez proches géographiquement (c'est vrai pour le Danemark) mais n'est pas exclusive. L'évolution des nuitées entre 2003 et 2006 par pays d'origine est claire : la part des Allemands dans le nombre de personnes effectuant une nuitée à Brème tend à diminuer. Ainsi en 2003 leur part était de 79.73% et en 2004 de 78.63%. Brème doit donc diversifier son offre et ne pas miser entièrement sur la Hanse, inconnue pour des touristes asiatiques ou français. C'est pourquoi l'Universum, ou la combinaison avec des îles proches comme Helgoland ou Wangeroog peut être une solution. Malgré tout, la grande part de touristes allemands permet de fonder une offre touristique sur ces références.

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150 D'après le « Statistisches Jahrbuch 2007 », Brème

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Graphique n°2 : Part des touristes à Gdansk en 2006 (%)

Source : Information on social and economic situation of Gdansk, 2007 Conception, réalisation : Nicolas Escach, 2008

A Gdansk, la demande touristique est beaucoup moins diffuse et quelques provenances ciblées peuvent être soulevées. Elle est presque exclusivement, si l'on excepte les Américains, régionale. En tout cas, c'est ce que les statistiques de la ville, incomplètes, semblent dire151. En réalité le constat est plus nuancé et pour les années de 2000 à 2006, on trouve une majorité de touristes faisant partie des groupes suivants : Suédois, Allemands, Danois, Norvégiens, Américains, Anglais. On peut même pour la plupart des années relever à Gdansk une majorité absolue des touristes « régionaux » : ils sont 57.18 % en 2000, 56.76% en 2001, 74.96 % en 2003 et 60.60% en 2006 à être Suédois, Danois, Norvégiens ou Allemands. Cette clientèle peut donc être en demande de patrimoine hanséatique même si les pays scandinaves gardent une image assez négative de la Hanse. Il faut donc se pencher sur le pourcentage de touristes allemands. De 2001 à 2005, si les Suédois sont les plus nombreux à visiter Gdansk représentant près de 25 % des touristes (si l'on excepte l'année 2003 où les Danois sont les plus nombreux avec 35%), les Allemands sont toujours en deuxième position avec une moyenne de 15%. Mais la tendance semble s'inverser et, selon les statistiques, de 2005 à 2006, la part des Allemands est passée devant celle des Suédois. En 2006, ils représentent 35% des touristes et sont les plus nombreux des étrangers à entrer dans la Voïvodie de Poméranie représentant 1/3 des étrangers entrants152. Si cette tendance n'est pas conjoncturelle, elle justifierait, à elle seule, une mise en avant de la Hanse qui ne doit pas, là encore, être exclusive.

Nous possédons peu de statistiques pour Riga, mise à part une brochure du marketing de la ville153 donnant le nombre de touristes en 2005 et mettant en évidence la prégnance des touristes baltes (29%

151 D'après le « Information on Social and Economic Situation of Gdansk 2007 »

152 D'après le « Bulletin of SO de Gdansk 2007 »

153 D'après le «Wirtschaftliche Umfeld der Stadt Riga 2007»

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de Lituaniens et d'Estoniens) et des Allemands (10%). En revanche, il est possible de prendre des statistiques à l'échelle de toute la Lettonie étant donné que la majorité des touristes ne visitent que Riga154. Or les statistiques des non résidents voyageant en Lettonie par pays d'origine en 2006 montrent une provenance européenne de ces non résidents et notamment régionale. Se détachent les pays baltes. Puis l'Allemagne, la Suède, la Finlande, la Pologne, la Russie suivent. Les Russes sont nombreux mais, bien entendu, ce chiffre est faussé par le contexte particulier à Riga et la forte minorité russe : tous les non résidents ne sont pas forcément là dans une optique touristique. L'Allemagne, de 1996 à 2006, a envoyé, en nombre absolu, toujours plus de personnes en Lettonie mais la part des Allemands dans les non résidents est restée à peu près stable, autour de 5%-6%.

A Gdansk et à Riga, le nombre de touristes ou de non résidents total a en effet augmenté entre 2000 et 2006 et a été multiplié par 2 voire 3. Ces villes connaissant donc une véritable croissance touristique à dominante régionale. Cependant il est faux de dire que les Allemands sont les seuls contributeurs de cette dynamique : les statistiques le montrent (les Suédois sont un bon exemple). La Hanse peut donc être une ressource, mais il faut diversifier les offres155 d'autant plus que les Allemands eux-mêmes ne viennent pas que pour la Hanse (tourisme nostalgique à Gdansk et à Riga, visites familiales dans les anciennes villes allemandes, retour généalogique...).

D'un point de vue touristique, il est donc possible d'observer un certain phénomène de régionalisation. Des circuits existent sur le thème de la Hanse rassemblant plusieurs villes autour de réseaux communs. C'est le cas d'EUROB ou « Route Européenne du Gothique de Brique », projet financé par l'Union Européenne et qui pourrait bientôt figurer parmi les itinéraires culturels européens156. Le projet comprend plusieurs villes hanséatiques classées par pays et fait collaborer ensemble les offices de tourisme de ces villes qui échangent compétences et expériences dans un cadre commun. Voici son but : « Dans le cadre du programme Interreg III B-projet EuRoB I, une route touristique des monuments architecturaux en gothique et en brique a été créé entre 2002 et 2004 au sein de l'espace baltique. A côté d'une documentation et d'offres touristiques sur les monuments en question, c'est un véritable cadre stratégique marketing pour la route qui a été construit, des produits marketing et des produits d'informations édités, des investissements pilotes dans le management hôtelier effectués ».157 Riga et Gdansk en font partie, pas Brème, signe encore de son détachement face au passé hanséatique. Des agences de voyages proposent également des circuits aux noms

154 D'après les chiffres de la « Latvijas Statistikas »

155 En utilisant l'Art Nouveau à Riga, Solidarnooeæ à Gdansk, l'Universum à Brème

156 C'est du moins ce que souhaite la ville de Gdansk

157 Site de référence du projet : http://www.eurob.org/index.php5/Homepage;1/1 (Consulté le 01/05/2008), «Im Rahmen des Interreg III B-Projektes EuRoB I wurde zwischen 2002 und 2004 im Ostseeraum eine auf Backsteingotik-Denkmäler ausgerichtete Tourismusroute entwickelt. Neben der Erfassung und Dokumentation der jeweiligen Baudenkmäler und touristischer Angebote wurden ein strategischer Rahmen zur Vermarktung der Route aufgebaut, Informations- und Marketingprodukte entwickelt, Pilotinvestitionen umgesetzt sowie Schulungen zum Qualitätsmanagement des Hotel- und Touristikgewerbes durchgeführt»

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hanséatiques : « Le Danemark et les villes hanséatiques » (voyages rive gauche), « Berlin et la Hanse en 9 jours » (Air France, Clio voyages). La volonté de mettre en place une stratégie commune est forte : les « Journées de la Hanse » peuvent aussi servir à élaborer une stratégie touristique. En 1997, à Gdansk, des échanges entre membres du BTC-Büro158, qui participent également activement à la coopération touristique eurent lieu. Mais la coopération régionale est plus large que le seul domaine du tourisme.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand