WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La chronique de Philippe Mousket

( Télécharger le fichier original )
par Thibault Montbazet
Université Paris-IV Sorbonne - Master dà¢â‚¬â„¢histoire médiévale 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3) Le manuscrit1

L'oeuvre n'a sans doute pas rencontré un franc succès puisqu'on n'en connaît qu'un seul manuscrit, le nþ 4963 du fond français de la Bibliothèque nationale. Les historiens qui ont travaillé sur Philippe Mousket ne se sont que rarement penchés sur le manuscrit. Il est pourtant capital de s'intéresser au support original, d'une part pour contourner l'édition moderne, d'autre part parce que les manuscrits médiévaux nous renseignent sur la composition et la transmission des savoirs, sur les auteurs et les destinataires des oeuvres.

Il mériterait une véritable étude codicologique, faite par un spécialiste, et je ne pourrai bien entendu que me limiter à quelques remarques, complétées par certaines notes de Martin Gosman2. Le manuscrit est composé de 213 feuillets de parchemin, plus un de garde. La reliure restaurée empêche l'examen des cahiers qui, pour leur plus grande partie, semblent être composés de 12 feuillets de 285 mm sur 192. Les marges varient de 20 à 40 mm, et le texte est réparti sur deux colonnes de 37-38 lignes par page. Le tout est relié d'un cuir rouge orné d'arabesques dorées.

L'exécution en est soignée, ce qui peut faire penser que, malgré l'absence de diffusion de la chronique, le texte a plu. L'écriture semble n'être due qu'à un seul copiste, la lettre gothique encore un peu ronde amenant à la dater probablement de la seconde moitié du XIIIème siècle. Elle compte une lettrine historiée, le P du premier vers qui représente un roi de France. D'autres lettrines qui oscillent entre le bleu, l'or et le rouge marquent certaines majuscules.

La chronique en elle-même va jusqu'au recto du folio 206. Suivent quelques annotations qui sont de la même main et qui font le compte des feuillets, des lettres et des lignes tracées. Le verso porte une écriture plus récente (sans doute du XVème siècle) : il s'agit d'extraits en latin du chapitre 5 du Livre de la Sagesse et du chapitre 6 de l'Evangile selon saint Luc. Au folio suivant, et jusqu'au recto du 213, le manuscrit intègre une lettre du fabuleux prêtre Jean à l'empereur Frédéric II. L'association entre les deux oeuvres est éclairante sur les destinataires et le sens que l'on peut donner à la chronique3. Le manuscrit se

1 Voir infra, annexe 1, p. 122.

2 M. Gosman, La lettre du prêtre Jean. Edition des versions en ancien français et en ancien occitan, Groningue, 1982, p. 75.

3 Voir infra, V. 3) Edifier, divertir, p. 110.

10

termine ensuite sur des annotations tardives, plus ou moins illisibles, et qui nous apprennent que le manuscrit a appartenu à une certaine Mihelle Moule.

On sait qu'il est arrivé dans la Bibliothèque royale en 16221. Il était auparavant possédé par l'évêque de Chartres Philippe Hurault, fils du comte de Chiverny (chancelier de France sous les règnes d'Henri III et IV) et légué après sa mort, avec une collection de plus de 400 volumes. Il tenait cette vaste bibliothèque de son père, riche de nombreux livres concernant l'histoire de France. Nous ne pouvons guère remonter plus haut sans tomber dans la conjecture.

Le texte de la chronique, inachevé comme on l'a dit, se termine par un dessin à l'encre qui ne ressemble pas au début d'une lettrine. La production d'un manuscrit médiéval demande de la préparation et n'est pas fait au hasard : il faut connaître exactement la taille du texte à copier pour savoir de combien de cahiers on constituera le codex final. Ainsi, le manuscrit a un caractère achevé qui laisse à penser, si l'on postule que c'est bien la mort de Mousket qui met fin à la chronique, qu'il n'est pas d'auteur.

Peut-être qu'une étude plus poussée pourrait nous renseigner sur le scriptorium qui a produit ce manuscrit et ainsi nous permettre de mieux cerner la diffusion et le public de la chronique. En attendant, ces questions restent malheureusement en suspens.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery