L'économie de la ville de Ouanaminthe repose sur trois
piliers : le commerce, les services et l'agriculture. Ces secteurs sont surtout
dominés par des échanges de biens et services avec la
République Dominicaine.
? Le commerce
De par sa position géographique, la quasi
totalité des activités commerciales de Ouanaminthe est
orientée vers le marché transfrontalier régulier et
intense dont elle est le siège. (31% du total des exportations
dominicaines vers Haïti transite par Ouanaminthe. Un million de dollars
par jour, de marchandises : c'est le volume global des échanges les
jours de marché (lundi et vendredi) entre Ouanaminthe et
Dajabòn).
La Commune contient un marché public qui reçoit
les commerçants des Communes environnantes telles que : Capotille,
Fort-Liberté, Ferrier, Mont-Organisé, etc. Samedi est le
16
jour de ce marché. Aussi elle abrite près de
quatre cent vingt huit (428) établissements commerciaux dont cent
soixante sept (167) petites boutiques et quarante neuf (49) grandes.
? Les services
Les services offerts sont aussi nombreux que divers et se
dispensent dans les salons de coiffure, hôtels et motels, restaurants,
blanchisseries, menuiseries etc. Ce secteur couvre aussi d'autres petites
activités informelles localisées un peu partout, surtout à
proximité de la frontière, du marché public et des gares
routières où évoluent les marchandes de nourriture, les
cireurs de chaussures, les cambistes, les chauffeurs de taxis-motos
(estimé à plus de 600), etc.
Le secteur industriel est aussi présent avec
l'installation en août 2003, de la zone franche où opère
une fabrique de pantalon (Levis) ainsi que deux usines à glace
et de production d'eau potable, des unités de transformation moulins de
maïs, d'arachide, de riz, des boulangeries (plus d'une vingtaine), une
entreprise de nettoyage à sec.
? L'agriculture
En dehors du commerce et des services, l'apiculture contribue
à asseoir l'économie des cultivateurs de Ouanaminthe, ainsi que
l'agriculture avec pour principales cultures l'arachide et le maïs.
Dans ce relief où domine la plaine, on cultive aussi
la banane, la patate douce, la tomate, le chou, l'aubergine, la canne à
sucre et plusieurs types d'haricots. L'élevage est aussi pratiqué
dans certaines Sections communales.
? Administration
La ville de Ouanaminthe est administrée par un Conseil
Municipal de trois membres : un Maire et deux Maire-adjoints. Le
Président est représenté dans la Commune par le Vice
délégué. Les infrastructures administratives et
judiciaires de la Commune se compose d'un (1) bureau des contributions, une (1)
représentation de l'Administration Générale des Douanes,
trois (3) commissariats de police, un (1) tribunal de paix, un (1) bureau
d'état civil et un (1) hôtel de ville. Plusieurs institutions
déconcentrées de l'appareil étatique telles que: le
17
Ministère de la Santé Publique et de la
Population (MSPP), le Ministère de l'Agriculture, des Ressources
Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), le Ministère de la
Justice, le Ministère de l'Education Nationale et de la Formation
Professionnelle (MENFP), le Ministère des Affaires Sociales et du
Travail (MAST), le Central Autonome d'Eau Potable (CAEP), l'Electricité
d'Haïti (EDH), la Direction Générale des Impôts (DGI),
etc. fonctionnent à Ouanaminthe. Cependant le Ministère de
Jeunesse des Sports et de l'Action Civique (MJSAC) n'a pas de bureau
implanté dans la Commune.
? Secteur privé et société
civile
Ces secteurs sont représentés à
Ouanaminthe par les banques commerciales, les pensions, les caisses populaires,
les coopératives de commercialisation. Les représentations
sociopolitiques, les associations de jeunes et de femmes, les Organisations
comme : Plan International, FOSREF, Volontaire pour le Développement
d'Haïti (VDH), Espoir pour Haïti, Solidarité
Frontalière, etc.
? La représentation du système
éducatif haïtien à Ouanaminthe
La Commune de Ouanaminthe compte cent douze (112)
établissements scolaires. De ce nombre, on trouve quatre (4)
institutions préscolaires, quatre vingt neuf (89) institutions primaires
et dix neuf (19) écoles secondaires. Près de 79,0% des
institutions scolaires inventoriées sont du secteur privé. Dix
neuf (19) institutions techniques et professionnelles, une (1)
université et une (1) école supérieure complètent
les infrastructures éducatives de la Commune.
? La disponibilité des soins de
santé
Ouanaminthe dispose d'un centre médical avec lits,
dispensant des services tels les soins pré et postnatals, la
planification familiale, la surveillance épidémiologique. Le
service d'hospitalisation du centre médical concerne les sections
principales : pédiatrie, médecine interne, maternité,
chirurgie et services de la section hospitalisation.
Il existe aussi dans la Commune des pharmacies, des
laboratoires d'analyses de routine et plus d'une dizaine de cliniques
privées, appartenant à des praticiens haïtiens ou
dominicains, qui reçoivent les patients de la région et des
médecins ambulants assurent les soins bucco-dentaires.
Au total, la Commune possède seize (16)
établissements. Quatre vingt onze (91) matrones, dix huit (18)
médecins, cinq (5) dentistes, vingt (20) auxiliaires, douze (12)
techniciens de laboratoire et dix sept (17) infirmières constituent le
personnel technique de ces établissements.
? Les activités culturelles et les loisirs
à Ouanaminthe
Ouanaminthe fête sa sainte patronne le 15 Août.
Au cours de ce mois les activités culturelles et mondaines
s'intensifient. Certaines périodes de l'année comme la Noël,
la Saint-Valentin, Les pâques, la fête des mères et les
vacances d'été sont marquées par des festivités
musicales et théâtrales (bal, kermesse, concert organisé
soit dans les night-clubs soit dans les auditoriums ou dans les
établissements scolaires) et des tournois ou championnats de basket, de
football et de volley-ball.
Les activités de jeunesse et de loisirs sont
très réduits et circonstanciels dans la Commune de Ouanaminthe.
Les infrastructures de jeunesse et de loisirs sont en nombre très
limité et les services offerts ne sont pas satisfaisants. La Commune
compte (2) bibliothèques, deux (2) auditoriums, quatre (4) salles de
cinéma, quatre (4) espaces pour pratiquer le football et quatre (4)
terrains de basketball et de volleyball, sept (7) night-clubs, quatorze (14)
gaguères, et quatre (4) places publiques. Les salles de cinéma
correspondent en général à des salles de vidéo
projection ou des espaces en plein air, munis d'une télévision,
d'un appareil vidéo et des bancs. Les terrains de jeux sont pour la
plupart non aménagés et pour d'autres mal entretenu.
Le Ministère de la Jeunesse des Sports et de l'Action
Civique a deux représentants dans la Commune mais en termes d'actions sa
présence est moins apparente. En ce qui concerne le Ministère de
la Culture, elle n'a aucun représentant dans la Commune de Ouanaminthe
où l'influence de la République voisine est très forte.
18
? Fonctionnement des infrastructures de
Ouanaminthe
19
Quoiqu'elle soit située à la frontière,
en face d'une ville dominicaine (Dajabon) dotée d'éléments
infrastructurels complets et en bon état, Ouanaminthe n'est objet
d'aucun souci pour les dirigeants haïtiens.
- Le réseau routier est en mauvais
état, la quasi-totalité est en terre battue. Mise à part
la route nationale numéro six reconstruite en 2008, qui relie le
Cap-Haïtien à Dajabon, les routes intérieures sont
impraticables surtout en période de pluie. Les autres moyens de
communication existants sont la radio, le téléphone et le
mégaphone.
- Le système d'adduction d'eau
potable de la ville est défaillant. Il ne dessert le plus souvent qu'une
infime portion de la population. Une large fraction consomme l'eau produite par
les usines d'eau portable de Ouanaminthe et de Dajabòn ou l'eau des
pompes. Dans les Sections Communales, l'eau consommée par la population
provient des puits et parfois de la rivière.
- La Commune de Ouanaminthe dispose de deux
groupes électrogènes fonctionnant à moins de 10% de leur
capacité. Gérés par la direction communale de l'EDH, ils
ne fournissent que 6 heures d'électricité par jour pour une
couverture limitée à quelques quartiers du centre ville. Les
banques, hôtels et certains particuliers contournent la difficulté
en se procurant des groupes électrogènes ou des matériels
comme panneau solaire, batteries et « inverters », pour capter et
conserver l'énergie solaire.
- Le système de drainage de la ville
de Ouanaminthe est inachevé. Les canaux longeant certaines rues du
centre ville sont pour la plupart à ciel ouvert et d'autres en terre
battue, sont obstrués par des sédiments ou par des déchets
domestiques (assiettes en carton, couverts, sachets et bouteilles en plastique,
etc.). Il en résulte l'inondation de la ville à la moindre averse
et l'embourbement des cités construites dans sa
périphérie. Le service voirie de la Mairie de Ouanaminthe ne
dispose pas de moyens pour assurer efficacement le nettoyage de la ville.
13
13 Plan d'Actions Départemental pour l'Environnement
et le Développement Durable du Nord-est. (2004).
http://www.gride.org/ pdf/plan%20d%E9veloppement%20ouanaminthe.pdf.
20
? Les atouts au développement des activités
de jeunesse à Ouanaminthe
Qu'il s'agisse d'activités de loisirs, touristiques,
culturelles et économiques la Commune de Ouanaminthe offre de nombreuses
opportunités aux jeunes. Sa position géographique, son climat,
ses ressources naturelles permettent le développement d'une multitude
d'activités socio culturelles et économiques très
bénéfiques pour le développement social de la
communauté et l'amélioration des conditions de vie de la
population et des jeunes en particulier.
Chapitre II. CADRE THEORIQUE :
2-1. Revue de littérature
2-2. Clarification des concepts
2-3. Modèle théorique
2-4. Problématique
2-5. Objectifs et hypothèse de
recherche
DEUXIEME PARTIE
21
22
Chapitre II. CADRE THEORIQUE 2-1. Revue de
littérature
Notre revue de littérature présente un ensemble
de travaux étrangers et haïtiens déjà
réalisés sur le développement social, ainsi que les
résultats auxquels ils sont parvenus.
Depuis quelques décennies, la lutte contre la
pauvreté constitue un souci majeur pour l'humanité. La recherche
des voies et moyens efficaces pour mener cette lutte a poussé les
nations, à travers des organisations comme le PNUD et l'UNESCO, vers
l'institutionnalisation du concept du développement humain. Cette
nouvelle approche du développement est prise en compte par le volet
social dont les conceptions en ce qui concerne les méthodes et le
contenu varient d'un auteur à un autre.
A cet effet, le sommet mondial pour le développement
social, organisé à Copenhague par les Nations Unies du 6 au 12
Mars 1995, s'est soldé par des prises de décisions très
importantes que des nations membres doivent respecter. Ce sont entre autres
:
o la protection d'un environnement favorable au
développement social ;
o l'éradication de la pauvreté ;
o l'expansion de l'emploi productif et réduction du
chômage ;
o l'intégration sociale ;
o la lutte contre la violence, les crimes, les trafics illicites
;
o les responsabilités familiales et communautaires ;
o l'activation du capital social.
Dans le même ordre d'idée, un forum
(VIème) des ministres du développement social de
l'Amérique latine s'organise à Buenos aires en République
d'Argentine les 7, 8 et 9 mai 2007, sous le thème : «en
construisant son chemin l'Amérique latine avance». Les Ministres
responsables des politiques de développement social et les Chefs de
délégation présents à ce forum, s'engagent à
poursuivre plusieurs objectifs pour favoriser le développement social de
la zone Amérique latine. Ils visent la promotion dans la région
des politiques sociales articulées et intégrales comme les
éléments de la construction de nouvelles propositions de
développement en tenant compte de la complexité des
réalités sociales et des particularités territoriales,
afin de dépasser les visions réductionnistes et
fragmentées. Aussi tendent-ils de renforcer l'intégration
régionale à partir des politiques d'éducation et de
création d'emploi et
23
de garantir la sécurité alimentaire et
nutritionnelle, la protection de la famille, la perspective des genres ainsi
que les autres droits sociaux des peuples impliqués dans le
processus.
En Haïti, la Secrétairerie d'Etat de la
Jeunesse du Sport et aux Services Civiques (SEJSSC) produit en 1997,
un livre intitulé « Diagnostic socio-économique de la
jeunesse haïtienne » dans lequel, elle pose le problème
de la jeunesse haïtienne et de son intégration
socio-économique dont les causes principales seraient la pauvreté
et le manque d'un modèle culturel authentique.
Kern Delince (2000) dans son livre «
l'insuffisance de développement en Haïti (blocage et solution)
», présente aussi une interprétation de l'insuffisance
de développement national, qui est fondée à la fois sur
les particularités nationales et les contraintes du contexte
international. Aussi, dégage-t-il dans cet ouvrage les perspectives qui
s'ouvrent au pays à l'aube du XXIème siècle en
terme d'hypothèse susceptible de concrétiser et présenter
les fondements essentiels d'un programme d'action considéré comme
celui de survie. Dans sa réflexion, il déduit que les choix
politiques, économiques et sociaux jouent un rôle
déterminant dans les orientations des stratégies de
développement et l'infrastructure des structures d'encadrement.
Quant à Fred Doura, dans «
Economie d'Haïti, dépendance, crise et développement
» tome I, II et III publiés en 2001, il analyse le secteur
agricole, les décisions étatiques et examine la
problématique du capital humain à travers ses composantes les
plus essentielles c'est-à-dire, l'éducation et la
santé.
Dans le tome I, l'auteur montre que les problèmes
d'Haïti ne sont pas l'expression d'un simple retard mais celle d'une
désarticulation induisant une économie dont les secteurs
d'activité sont juxtaposés. Par conséquent, il existe de
très faibles échanges entre eux. De plus, les dominations
internes et externes engendrent des blocages de croissance.
Dans le deuxième tome, il considère la
situation de dépendance comme une conséquence de la
pauvreté, du passé colonial, de la dette, de la mauvaise gestion
macroéconomique des dirigeants. De plus, du fait que cette situation
soit intériorisée par la société, elle
génère l'exclusion et la marginalisation de l'ensemble de la
population rurale et réduit l'économie à un appendice du
marché international notamment du marché américain.
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Dans le troisième tome, l'auteur démontre que,
la dégradation de l'économie et le manque de progrès
social, sont les conséquences de l'inadéquation des structures et
des décisions prises par les dirigeants de 1804 à nos jours.
Dans sa thèse: « Mondialisation,
Développement et Paysans en Haïti », paru en Septembre
2007, Yves Sainsine fait le point sur les différentes
pratiques mises en place par les paysans ces deux dernières
décennies, en mettant particulièrement l'accent sur leurs
diverses manifestations. L'auteur étudie les pratiques en rapport avec
les grands projets de développement tels qu'ils sont
véhiculés particulièrement par les institutions
internationales, étatiques ou privées. Il regarde les modes de
relation entre les pays et les acteurs extérieurs qui interviennent dans
les milieux ruraux haïtiens. Il montre aussi que ces pratiques
s'inscrivent dans la longue durée ou en d'autres termes, sont la
reproduction de celles rencontrées au cours de la période
coloniale et des derniers siècles de l'indépendance.
Finalement l'auteur parvient aux résultats selon
lesquels, les paysans livrés à eux-mêmes, affrontent la
rigueur de la vie, en mettant en oeuvre diverses formes de stratégies
(individuelle ou collective). Cela les entraîne à se replier de
plus en plus sur leurs localités respectives et les associations qu'ils
mettent progressivement en place. Heureusement aujourd'hui, ces lieux
s'affirment davantage comme des espaces communautaires ou comme des lieux de
sociabilité. Tout indique qu'elles puisent leurs racines et leurs
dynamiques dans une autre logique que celle prônée par les acteurs
extérieurs.
Evens Sylveste (2003) quant à lui,
dans sa réflexion sur la « Contribution des organisations
paysannes au développement social de Thomassique » vise
à apporter des connaissances relatives à la problématique
du développement social en Haïti et en particulier à
Thomassique de cette couche sociale rurale. Ses études montrent que les
organisations paysannes, malgré leur volonté
déclarée de travailler à l'amélioration des
conditions de vie des populations de leur zone d'évolution notamment la
construction d'école, n'ont pas la capacité d'atteindre les
objectifs qu'elles se fixent.
Au nombre de ces auteurs que nous venons de parcourir, il ne
fait l'ombre d'aucun doute que les différentes recherches qu'ils ont
menées sur le développement social d'Haïti prennent en
compte l'économie, la santé, l'éducation, la
pauvreté et le monde rural mais n'intègrent pas le
véritable rôle que les jeunes peuvent jouer en tant que forces
vives dans le
25
processus de développement social de leur pays,
Haïti. C'est ce que nous nous efforçons dans notre démarche
de proposer.