Une approche sociologique de la prise en charge de la malnutrition infantile sévère par l'ong BEFEN dans le département de Mirriah( Télécharger le fichier original )par Lamine KALLA ADAMOU Université Abdou Moumouni de Niamey - Maitrise en Sociologie 2011 |
5.3. Coordination des actions entre les acteursPour mieux atteindre leurs objectifs, tous les intervenants de la zone convergent vers une collaboration dans la coordination de leurs actions. Ainsi, la création d'un cadre de concertation entre les différents acteurs s'avère nécessaire. Rappelons que ce cadre de concertation est initié par les directions départementales et régionales de la santé. Ce qui conduit à l'efficacité des actions. « Nous nous sommes dit que, seul un cadre de concertation pourra mieux aider à avoir des bons résultats sur le terrain. L'objectif visé est ainsi de voir quels sont les différents objectifs atteints par chaque acteur et qu'est-ce qui reste à faire dans tel ou tel secteur d'intervention. Nous avons ainsi délégué l'ONG BEFEN comme leadership de ce cadre étant donné que c'est le plus grand partenaire du DS de Mirriah avec 17 CSI sur 36. Donc BEFEN est chargée de convoquer et de présider cette concertation... » (Médecin chef du district sanitaire de Mirriah). Néanmoins, ces cadres de concertation n'arrivent pas à perdurer à cause d'une faible participation des ONG(s) aux réunions périodiques : « ...Le cadre de concertation était pour un début hebdomadaire et maintenant il est devenu mensuel. Avec tout ça et malheureusement, beaucoup de partenaires n'arrivent pas à se présenter régulièrement aux réunions (...). Tout cela...euh pour moi, c'est une question de temps et surtout la disponibilité des administrateurs. Sinon pour ce qui était de l'objectif et de l'importance de ce cadre, on était tous d'accord...maintenant c'est la question de disponibilité qui se pose. » (O.M., Coordinateur général ONG BEFEN). En dépit de tout cela, les acteurs ont su s'entendre afin de mieux répondre aux exigences de leurs interventions. Il est difficile pour nous d'évaluer l'efficacité de cette initiative certes, mais on peut dire, sans risque de se tromper, qu'elle aide à montrer les capacités des acteurs à « combler » les biais institutionnels. · Activités des CRENAS et CRENI « Les activités intégrées de la prise en charge de la malnutrition ont débuté en 2009. Elles ont continué dès la semaine 1 de 2010, au niveau des 7 CSI et au CRENI de l'hôpital de district de Mirriah, puis en janvier (Semaine 3) au niveau de 11 CSI et à partir de la semaine 22, au niveau de 15 CSI. Une prise en charge au niveau de 5 cases de santé dans 3 aires de santé a débuté pendant la semaine 27 ». (I. A Responsable des hospitalisations ONG BEFEN) En 2010, « 23.640 enfants ont été admis dans les centres avec 20.095 sorties soit un taux de guérison de 82,7%. Le taux d'abandon est 8,5% et le taux de mortalité du programme est de 1,6% ». (Rapport d'activités BEFEN 2010). Il est à noter que les centres de prise en charge ambulatoire de la malnutrition référent à Zinder au niveau du CRENI MSF /CH ou à Mirriah au niveau du CRENI de l'hôpital du district. Le choix du lieu du transfert dépend de la position géographique des CSI. En 2010, le CRENI de Mirriah « a pris en charge, jusqu'à la semaine......, 2.069 enfants avec une durée moyenne de séjour de 9,25j et un gain de poids moyen de 22,61 g/kg/j ; la mortalité hospitalière est de 5,5% » (Rapport d'activité ONG BEFEN 2010). Le tableau suivant (tableau n°5) donne plus de détails sur les activités des CRENI et des CRENAS. Tableau n°5 : Indicateurs de prise en charge de la MAS (Malnutrition aiguë Sévère) en 2010.
Sources : Division de la Statistique BEFEN. Sur certains CRENAS d'intervention, la situation de crise, corrélée à un taux d'abandon, a marqué l'ONG BEFEN dans la prise en charge de la malnutrition. « De fois, les femmes admises dans nos CRENAS abandonnent le traitement de l'enfant du fait de la distance village - CSI... On était obligé de mettre en place des unités de prise en charge de la malnutrition aiguë modérée surtout avec l'allure de la crise. » (A, Médecin responsable des CRENAS de l'ONG BEFEN). Ainsi, avec un supplément alimentaire adapté et prêt à l'emploi (Supplementary plumpy32(*)) reçu de l'Unicef, BEFEN a mis en place des sites destinés à la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée. «...donc, avec l'appui de l'UNICEF, nous avons mis en place trois (3) CRENAM sur les CSI de Droum, Toumnia et Gouna. ». (A, Responsable des CRENAS de l'ONG BEFEN). Conformément au protocole défini par l'UNICEF : « ...la prise en charge consistait à donner, pour chaque enfant malnutri modéré, un (1) sachet/jour et un traitement systématique (Albendazole et vitamine A) après un examen médical conduit par un infirmier... ». (A, Responsable des CRENAS de l'ONG BEFEN). Le tableau suivant (tableau n°6) illustre les indicateurs des activités des CRENAM. Tableau n°6 : Indicateurs de prise en charge de la MAM (Malnutrition Aiguë Modérée) en 2010.
· Activités de prise en charge du paludisme : Au titre de l'année de 2010, 35.521 cas de paludisme ont été traités par l'ONG BEFEN, répartis comme suit : 1,18% (422 cas en hospitalisation de jour) dans les sites ``sentinelles'', 3,46% (1232 cas) en hospitalisation (Mirriah et Tirmini) et 95,36% de cas de paludisme simple (Rapport d'activités BEFEN 2010). Le taux de décès est passé de 6,17% à 3,17% à Tirmini de 2009 à 2010. Ceci est rendu possible grâce au rehaussement du plateau technique, à la dotation en personnel qualifié et à la mise en place des unités de stabilisation de jour sur trois (3) CSI de Toumnia, Takiéta et Dogo (op.cit). «...Ces unités de stabilisation de jour permettent entre autre la prise en charge de cas moins compliqués et le désengorgement des unités d'hospitalisation » (I. A Responsable des hospitalisations ONG BEFEN). L'objectif est donc de réduire la mortalité liée au paludisme tout en désengorgeant la pédiatrie de l'hôpital national de Zinder. Quatre approches ont été définies selon le rapport d'activité de l'ONG BEFEN : ü au niveau de seize (16) CSI : appui pour la prise en charge des cas simple et en test rapide. ü au niveau de trois (3) CSI (Toumnia, Takiéta et Dogo): renforcement du plateau technique de prise en charge avec la mise à disposition des outils de diagnostic rapide pour les critères de gravité : test glycémique, test hémoglobine... A ce niveau, des hospitalisations de jour sont faites. ü au niveau d'un (1) CSI (Tirmini) : mise en place d'une unité paludisme de 10 lits d'hospitalisation gérée par 1 médecin et 4 infirmiers. Des hospitalisations sont faites avec les capacités techniques sauf la transfusion qui se fait à Zinder. ü au niveau de l'hôpital de District de Mirriah : mise en place d'une unité paludisme de 30 lits (élargie en unité pédiatrique) dotée des médecins et infirmiers. Cette unité a la capacité de transfusion avec une banque de sang disponible et un laboratoire relativement équipé en outils de diagnostic. · Activités du volet communautaire : L'implication de la population bénéficiaire est essentielle pour comprendre ses besoins, permettre l'acceptation des activités et donc assurer la réussite et la pérennisation des activités du programme. L'ONG BEFEN s'appuie sur un réseau de travailleurs communautaires pour collecter des informations sur la sécurité alimentaire, sensibiliser la population au traitement de la malnutrition, assurer le dépistage précoce, référer les enfants mal nourris vers les centres de réhabilitation nutritionnelle et rechercher les abandons. Pour cela, « Soixante (60) agents communautaires (AC) étaient, dans un premier temps, sélectionnés au sein de la communauté pour mener ces activités. Euh, ce nombre est ensuite passé à 120 à partir du 2ème trimestre de 2010. » (M.K Responsable du Volet communautaire). Les activités relatives à la sécurité alimentaire sont aussi prises en compte dans le volet communautaire : elles consistent à relater le contexte alimentaire au niveau des villages d'intervention BEFEN et mesurer son impact sur l'état nutritionnel des populations cibles. « Le rôle des A.C dans ce domaine consiste à collecter des données qui permettent de suivre l'évolution des prix des céréales et celle de la campagne agricole ; recenser les réponses aux éventuelles crises alimentaires etc. » (M.K Responsable du Volet communautaire). A ces activités s'ajoutent des actions de sensibilisation, des débats communautaires dont les thèmes développés tournent autour de la fréquentation des centres de santé,( refus de transfert), hygiène, allaitement exclusif, lavage des mains, implication de la communauté dans les activités de prise en charge. Le volet communautaire étend ses activités sur le CRENI à travers une unité de sensibilisation/animation qui s'occupe entre autres de : ü la sensibilisation des mères accompagnantes à l'admission: conditions de séjour au CRENI, processus de transfert d'une phase à une autre etc. ; ü la démonstration culinaire à l'endroit des mères accompagnantes dont les enfants sont à la phase 2 ; ü gestion des tentatives d'évasion du CRENI ü suivi des mères accompagnantes ayant besoin des services de santé durant leur séjour au CRENI : consultation prénatale, accouchement ; ü encadrement des jeux des enfants du programme (4 séances par mois) et visionnement des films à caractère éducatif avec les mamans ; ü séances de démonstration de préparation de la bouillie légère à l'endroit spécifiquement des mères des enfants de moins de 6 mois, sorties du programme. * 32 PPN (Plumpy' Nut) adapté a la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée. |
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