VI. 2. 3. STATION DE KIKWIT
Kikwit est la station qui reçoit des pluies le plus
sporadiquement au regard de sa courbe annuelle. Les pluies sont en effet rares
à Kikwit, et leur chute survient souvent sous forme d'orage.
Le coefficient de variation de la station de Kikwit de 24%
explicite davantage la distribution pluviométrique peu changeante
à l'échelle inter- saisonnière. En fait, soit
près de 80% des pluies se déversent sous forme de trombes d'eau
orageuses à Kikwit. Ces fortes pluies gonflent la cote
udométrique saisonnière laquelle ne participe cependant pas
significativement à la recharge de l'écosystème.
Les évapotranspirations, quant à elles,
étaient en perpétuelle augmentation. Leur évolution
concomitante présente aussi une parfaite corrélation.
Les études menées sur le terrain ne corroborent
pas cette analyse. La région de Kikwit n'a plus
l'écosystème qu'elle avait il y a trente ans. La population
grandissante de cette région ne pratique que l'agriculture sur
brûlis. Il s'y développe même des érosions dans les
champs de culture parce que le sol n'est plus mis en jachère. Ce sol
restant nu sur un terrain en pente, à chaque saison des pluies, lorsque
les averses dégénèrent, il s'en suit des ravinements.
Sur ce, cet écosystème n'ayant rien
emmagasiné lors des pluies diluviennes - lesquelles favorisent plus le
ruissellement que l'infiltration - ne peut être en mesure
d'évaporer graduellement une grande quantité d'eau dans
l'atmosphère.
BAUMER (1987) avait déjà souligné que les
environs de Kikwit était menacés par une désertification,
qui est l'un des aspects de la dégradation
généralisée de ces écosystèmes sous la
pression combinée des conditions climatiques (averses capricieuses), et
d'une exploitation excessive de ces ressources naturelles.
La décimation de l'écosystème de la
région de Kikwit en particulier, et de la province du Bandundu en
général durant la dernière décennie, peut
être liée à la rupture des échanges entre la ville
province de Kinshasa avec certaines provinces pendant la guerre de triste
mémoire de 1996 à 2003. La province de Bandundu
était restée le seul grenier de la ville de Kinshasa. La
demande étant très grande sur les marchés Kinois, la
pression sur les ressources naturelles était aussi forte.
Cette pression sur la flore a eu des répercussions sur
la faune. Les environs de Kikwit abritaient plusieurs espèces animales
que l'on pouvait d'ailleurs apercevoir. Les observations de la faune
étaient fructueuses le matin, quelques heures avant le lever du soleil
et le soir avant le crépuscule. Actuellement, cette faune a sensiblement
diminué, et plusieurs espèces ont totalement disparu. C'est le
cas de l'éléphant, du lion, du porc-épic, et de certaines
espèces d'antilopes comme le colobe magistrat et le roseau (SEMEKI,
2002).
NGABULONGO (2005), l'avait aussi souligné en
disant : « dans le cadre de la lutte contre la pauvreté
et la survie, les populations de Kikwit et ses environs ont
dépouillé la terre de ses arbres et de ses arbustes pour en faire
les bois de chauffe, défrichent les terrains instables à forte
pente, surexploitent la faune locale ; et les écosystèmes
en payent le lourd tribu. Il s'en suit alors des érosions, disparition
des espèces, délabrement des routes, chute de rendement agricole
et la malnutrition s'installe ».
Sur ce, les organismes des Nations Unies (UICN, PNUE, WWF,
1980) ont même soulevé cet aspect des choses en disant : les
ressources naturelles indispensables à la survie de l'humanité et
au développement durable sont en train d'être détruites ou
épuisées à une cadence toujours accrue, alors que
parallèlement, la demande de ces ressources augmente rapidement. Sous
les tropiques par exemple, la dégradation des terres arables
s'accélère rapidement pendant que les populations y sont
confrontées à un problème alimentaire aigu. En outre, ces
régions sont plus exposées à l'érosion que celles
de la zone tempérée, par suite de la topographie et de la nature
des sols et des précipitations.
De ce qui précède, il est clair que
l'écosystème forestier actuel de Kikwit et ses environs lui prive
de son pouvoir d'évapotranspiration réelle et les pluies qui
s'abattent à Kikwit ne sont que l'oeuvre du phénomène de
convection extrêmement isolée.
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