VI. 2. 2. STATION D'INONGO
La station d'Inongo, située dans la grande forêt
équatoriale, bénéficie des lames d'eau importantes par
rapport aux autres stations. Son analyse a montré un maintien
d'équilibre de la pluviométrie en général, et
quelque tendance à la baisse des pluies au cours de la première
et de la troisième décennie de la série. Certaines baisses
décennales des pluies ont même dépassé la normale.
Il n'est pas exclu qu'on puisse lire les signes perceptibles de changement
climatique dans la grande forêt équatoriale.
Par contre, les lames d'eau importantes que cette station
reçoit ne profitent pas à la rivière Kasaï, parce que
la Fimi qui collecte les eaux de cette station les jette dans le Kwa.
La lecture sur l'évaporation des
évapotranspirations réelles à Inongo dénote une
situation particulière. Sa courbe annuelle marque un point d'inflexion
d'une hauteur de 1059mm en 1972-1973 qui est juste le milieu de la
série. Nous avons remarqué que la tendance générale
des évapotranspirations réelles était en baisse. Une
baisse très significative par rapport à la normale. Il y a eu
seulement une année qui a dépassé la normale, en
l'occurrence l'année du point d'inflexion.
Cette baisse de l'évapotranspiration réelle peut
s'expliquer dans le sens d'auto - conservation de la réserve pour le
maintien de l'équilibre écologique.
Les pluies ayant connu une augmentation, et par contre les
évapotranspirations s'étant contractées, il a
été constaté une divergence entre les deux
paramètres.
La forêt dense équatoriale et tropicale,
étant « un océan vert », et
de surcroît « une aire pluviogénétique par
excellence » pour le maintien de la pluviométrie et de
l'hydrométrie, subit actuellement une exploitation sérère
par la culture sur brûlis et l'exploitation du bois. Ces pratiques
privent la forêt de son pouvoir d'évapotranspiration.
Nul ne peut croire que les pluies commencent à se faire
rares à Inongo. Toutefois, leur tendance y a été à
la baisse au cours de certaines décennies. Cette réalité
se justifie encore par la mauvaise récolte répétée
des produits agricoles saisonniers dans le bassin du Kasaï. Les terres de
la R. D. Congo, naguère reconnues arables partout, se dégradent
au fil du temps.
La Convention des Nations Unies sur la lutte Contre la
Désertification (CCD) définit la dégradation des terres
comme étant « la diminution ou la disparition, dans les zones
arides, semi - arides, et subhumides sèches, de la productivité
biologique ou économique et de la complexité des terres
cultivées non irriguées, des terres cultivées
irriguées, des parcours, des pâturages, des forêts ou des
surfaces boisées du fait de l'utilisation des terres ou d'un ou
plusieurs phénomènes, notamment de phénomènes dus
à l'activité de l'homme et à ses modes de peuplement, tels
que :
- l'érosion des sols causée par l'eau et/ou le
vent ;
- la détérioration des propriétés
physiques, chimiques et biologiques ou économiques des sols ; et
- la disparition à long terme de la
végétation naturelle » (OMM, 2007).
L'agriculture en R. D. Congo étant pluviale et
caractérisée par des périodes de semence en fonction de la
saison des pluies, le maintien de son écosystème s'avère
indispensable. Lorsqu'il ne pleut pas à la période attendue, les
pluies vont revenir sous forme d'orage et favoriseront le ruissellement en lieu
et place de l'infiltration. Il s'en suit alors la dégradation des terres
cultivables et la chute de la production.
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