INTRODUCTION
La hernie est une pathologie bénigne et très
répandue dans le monde. En effet, il existe plusieurs types de hernies
à savoir : la hernie discale, la hernie crurale, la hernie
ombilicale, la hernie inguinale et bien d'autres. La hernie inguinale (HI) sur
laquelle porte notre étude, est la sortie des viscères abdominaux
à travers l'orifice naturel inguinal de la paroi abdominale
(dictionnaire médical, 2008). Elle constitue une pathologie chirurgicale
très fréquente dont le diagnostic est simple et le traitement
chirurgical ne doit souffrir d'aucun retard, du fait du risque de survenue de
complications redoutables pouvant être mortelles, justifiant d'envisager
systématiquement la cure chirurgicale préventive de toute hernie.
Il existe plusieurs facteurs favorisant leur apparition. Ces facteurs sont
essentiellement ceux qui font augmenter les pressions qui règnent dans
l'abdomen.
En Afrique, la hernie inguinale constitue un important
problème de santé publique, à cause de sa
prévalence élevé chez les hommes (Aschley, 1954) ;
Ces hernies sont la cause de souffrances, d'incapacités de travail, de
frais chirurgicaux. Elles peuvent apparaître à tout âge, y
compris chez le nouveau-né. Sa complication la plus grave étant
l'étranglement herniaire, constitue une urgence chirurgicale. En
l'absence de prise en charge, l'issue peut être fatale.
Au Cameroun, plus particulièrement à l'Est,
cette pathologie est fréquemment rencontrée en chirurgie, mais sa
prise en charge n'est pas évidente pour plusieurs raisons pouvant
être socioculturelles ou économiques. .
C'est ainsi que durant nos trois années de stages
hospitaliers, nous avons été marqués par le retard avec
lequel certains patients souffrant de HI arrivaient en consultation, et pire
encore, certains ne venaient qu'au stade de l'étranglement. Ce qui nous
a confrontés à mener une étude sur « les
causes pré hospitalières de la prise en charge tardive des
hernies inguinales ». Pour mener à bien ce travail, cette
étude s'est articulée en quatre (04) chapitres, à
savoir :
- Chapitre I : Problématique ;
- Chapitre II : Méthodologie ;
- Chapitre III : Présentation des résultats
de l'enquête ;
- Chapitre IV : Synthèse et discussion ;
Nous terminerons par des suggestions et conclusion.
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE
CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE
I-1 Contexte et
justification
Dans le monde, la hernie est une pathologie bénigne et
très fréquente. En effet plus de 20 millions de patients sont
opérés de hernies par an dans le monde. La hernie inguinale sur
laquelle porte notre étude, est une pathologie constituant les ¾
des hernies de l'abdomen. C'est l'une des pathologies les plus
fréquentes en chirurgie générale. Elle peut
étrangler une portion des intestins, bloquer le transit des
matières fécales et se compliquer en occlusion intestinale et le
seul traitement efficace est chirurgical. Elle touche 1 à 4 % des
enfants et majoritairement les garçons. Pr F.Varlet,
2004 dans C@mpus National de pédiatrie.
La hernie inguinale peut apparaitre à tout âge, y
compris chez les nouveaux nés. Sa fréquence s'accroit nettement
avec l'âge. L'incidence globale varie de 0,8 à 4,4 % chez l'enfant
tout âge confondu. Après intervention chirurgicale le taux de
récidive est inférieur à 2% chez l'adulte ; 0,5
à 1% chez le nourrisson et plus élevé en cas de
prématurité. Le risque d'étranglement herniaire dans la
première année de vie est estimé à 30%.
En Europe, elle est fréquente, concerne environ 3
à 4% des enfants et touche les patients dont l'âge moyen est
compris entre 30-60ans. Une hernie inguinale n'a aucune chance de guérir
spontanément et ne peut être traitée que par une
intervention chirurgicale. (Marie BAZET, 2008).
En France, ce sont environ 200000 adultes qui sont
opérés chaque année. Chez l'enfant on compte 8
garçons pour une fille. Docteur Patricia Grandcoin (2011) a
souligné que « la hernie inguinale est 7 fois plus
fréquente chez l'homme et, représente après
l'appendicectomie l'intervention la plus habituelle de chirurgie
générale ». En général, ces hernies que
nous décrivons sont en règles acquises. Leur négligence
entraine le plus souvent des complications graves dont le risque majeur est
l'étranglement. Son évolution se fait en quelques heures vers la
nécrose ischémique mettant en jeu le pronostic vital
(mortalité 15%).
Docteur Bruno Janssen(2011) énonce
que « la cure herniaire ne peut être que
chirurgicale ». L'évolution des hernies inguinales est
imprévisible. Certaines grossissent progressivement, d'autres ne
changent guère au fil du temps. Mais la hernie ne disparaît jamais
d'elle-même d'où la nécessité de se rendre
immédiatement à l'hôpital en cas d'une douleur ou d'une
masse grossissante au niveau de la zone inguinale.
Au Canada ce trouble touche 3 à 8% des personnes
(Canoë Santé, 1996-2013) et est 10 fois plus fréquente chez
l'homme que chez la femme. Elle survient souvent après 50 ans (sur un ou
deux côtés de l'aine) et entraine environ 10% de l'ensemble
d'hospitalisation en chirurgie.
Rien qu'en Allemagne, plus de 250 000 nouveaux cas de hernies
inguinales surviennent chaque année. Les hommes sont en particulier plus
frappés que la moyenne. Les hernies inguinales représentent 1/5
de toutes les opérations pratiquées et représentent
l'intervention chirurgicale la plus fréquente. (Dr. Muschaweck, 2012)
En Afrique, elle touche environ 4,6% de la population
(Harounay et al, 2009) et survient chez des patients plus jeunes par rapport
aux études européennes. Cette différence d'âge
réside dans le fait qu'en Afrique la population vit majoritairement des
travaux agricoles sollicitant beaucoup de muscles de la sangle abdominale. Elle
est la forme la plus fréquente à cause de la durée
d'évolution avant la consultation.
Une étude menée au CHU de Treichville
(Abidjan-Cote d'ivoire, 2008) précise que les complications des HI sont
graves et peuvent mettre en jeu le pronostic vital, d'où la
nécessité d'opérer celles du nouveau-né, du
nourrisson et de l'adulte en semi- urgence lorsqu'elle est vite
détectée afin d'éviter le risque d'étranglement. On
ignore la cause précise de certaines HI, mais dans beaucoup de cas elles
résultent d'une augmentation de la pression dans l'abdomen, d'un point
faible dans la paroi abdominale ou d'une combinaison des deux. Parlant des
conditions de vie du malade il peut s'agir d'un sujet âgé ou
inactif, ayant une vie sédentaire. Certaines hernies sont
observées chez les grabataires et souvent à l'occasion d'un
étranglement, mais il s'agit souvent aussi d'un sujet actif se livrant
à un travail de force ou des activités sportives.
En République du Niger, elle est d'une fréquence
importante dans le pays, puisqu'elle est encore considérée dans
certaines contrées comme une maladie honteuse. L'étranglement
constitue souvent le stade évolutif du diagnostic, initialement fait
dans les hôpitaux de district. Malheureusement, de nos jours encore
certaines pratiques traditionnelles, l'éloignement des centres de
références existent. L'incidence de la hernie inguinale chez
l'enfant est estimée entre 1 et 13% et atteint 30% chez les
prématurés.
Selon Lemelle et Coll (2008), elle touche beaucoup plus les
enfants avant l'âge de 12 mois et entre 2-10 ans. La hernie n'est pas une
maladie grave mais cependant, elle peut être invalidante en entrainant un
gène ou des douleurs à l'effort. La complication peut encore de
nos jours entrainer la mort si l'intervention n'est pas faite assez
rapidement.
Au Cameroun, la hernie est aussi un problème de
santé publique vue les circonstances d'apparition et de prise en charge
pas facile. Les types les plus fréquents sont la HI et la HIS. La HI
est plus fréquente chez les hommes et survient à tout
âge.
A Nanga-Eboko, 238 cas de hernies ont été
recensés à l'hôpital de district en 2011, donc plus de 195
étaient la hernie inguinale. (Cameroun tribune, 2011)
La Région de l'Est est aussi touchée par cette
pathologie vue les conditions de vie dans lesquelles certaines personnes se
trouvent. C'est ainsi qu'à travers les registres de chirurgie de l'HRB
nous avons pu ressortir les statistiques dans le tableau suivant ;
Tableau : statistiques des
patients souffrant de hernie inguinale à L'HRB
Date
|
Hernie
|
Hernie Inguinale
|
pourcentage
|
2011
|
32
|
25
|
78%
|
2012
|
40
|
29
|
72,5%
|
Total
|
72
|
54
|
75,25%
|
Cela montre une augmentation des personnes souffrant de
hernie inguinale en valeur absolue et il est à noter que, la plupart de
ces patients viennent à l'hôpital avec une HI ayant durée
au moins plus d'un an.(Registre de chirurgie de l'HRB).
Durant nos multiples stages hospitaliers à
l'hôpital régional plus précisément dans le service
de chirurgie, nous avons été marqués par une
fréquentation des personnes souffrant de HI depuis plus d'1 an. En effet
le cas qui nous a particulièrement touchés a été
celui d'un homme, reçu pour une hernie inguinale volumineuse depuis 4
ans. La prise en charge n'a pas été facile comme cela est le cas
pour toute pathologie au stade avancé. Face à cette situation
nous nous sommes proposés de mener une étude sur les
« causes pré-hospitalières de la
prise en charge tardive des hernies
inguinales » : cas du service de chirurgie de
l'HRB. D'où la question de recherche suivante:
Quelles sont les causes
pré-hospitalières qui entravent la prise en charge des hernies
inguinales?
Pour mener à bien notre recherche, nous avons mis sur
pied un certain nombre d'objectifs ci-dessous :
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