I.5. Revues de
littérature
Les problèmes environnementaux sont, par nature, des
problèmes qui font appel à des approches interdisciplinaires. Par
leurs problématiques souvent complexes, ils convoquent à la fois
les sciences naturelles et physiques (biologie, écologie, chimie,
physique...) pour l'explication des phénomènes, mais aussi les
sciences sociales (sociologie, psychologie sociale, économie...) pour
l'explication des interactions entre les activités humaines et ces
phénomènes. Le recours à des disciplines
complémentaires permet donc d'expliquer les différentes facettes
des problèmes (théories et méthodes
différentes).
Malheureusement, comme le déplore déjà
Cervais en 1991 et Reugota en 1990 cité par Sahani en 2012, que fort peu
de recherches ont été menées jusqu'ici sur les
représentations de l'environnement. Mais, nous passons en revue quelques
travaux (sujets) déjà traités en rapport avec le
présent travail pour ressortir l'originalité de celui-ci.
« Les Français et
l'environnement : l'enquête Populations - Espaces de vie -
Environnements » présenté par P. Collomb & F.
Guérin-Pace en 1998.
Dans son chapitre I, l'univers des représentations
associées au mot environnement, P. Collomb détaille que les
Français ne sont pas spontanément sensibles à la dimension
planétaire de l'environnement. De manière générale,
ils limitent même le champ de l'environnement à un
« autour », ou une
« proximité », à une maison, voire à
leur maison. Cela peut paraître anachronique dans un monde où
l'information circule à la vitesse des électrons, abolissant les
distances et modifiant sensiblement le temps.
Les grands ensembles de représentations que les
Français construisent sur l'environnement ne sont pas totalement
indépendants de leurs appartenances sociales, démographiques,
géographiques et professionnelles. Les femmes livrent des
représentations plus riches que celles apportées par les hommes,
plus précises, plus concrètes, qui relèvent plus de la vie
au quotidien ; elles s'impliquent plus que les hommes dans leur propos.
Quant aux hommes, ils s'expriment plus dans des domaines relevant des
activités humaines, y compris des vacances, et apportent, beaucoup plus
fréquemment que les femmes, des propositions de nature politique.
Mais en fait, c'est l'âge qui différencie
essentiellement des représentations de Français associées
à l'environnement, en particulier pour l'évocation de la nature.
Si le lien entre l'environnement et la vie est mis en avant, ce sont surtout
les populations les plus instruites du pays qui se font les avocats de cette
thèse. Mais, excepté ces exemples, l'appartenance sociale ne
conditionne que peu leurs représentations. Ainsi, la genèse de
ces visions de l'environnement apparaît-elle assez fortement
consensuelle.
Qu'elle se rapporte à l'environnement social,
géographique, professionnel, ou économique des populations,
« l'imagerie mentale » des Français associée
à l'environnement est plus particulièrement composée de
bonnes sensations apportées par leur univers domestique et par le monde
qui leur est proche ou habituel. Construisant ainsi leur vision de
l'environnement, les Français peuvent réduire leurs enjeux
politiques à la satisfaction de valeurs telles que la propreté,
la tranquillité, la beauté, etc.
Compte tenu de la vision catastrophiste de
« l'environnement » diffusée par les medias, on
s'attendait à constater de nombreuses associations entre les mots
« environnement » et « maladie » ou
« perturbations de la santé ». Or, les
Français lient davantage l'environnement à la santé
(près de 60%) qu'à la maladie (près de 30%).
L'interprétation de ces « oublis » est probablement
aussi complexe que celle de l'association entre
« environnement » et « nature ».
Il y a longtemps déjà que Sigmund Freud (1929),
cité par le même auteur, a montré la multiplicité
des stratagèmes que l'homme utilise pour faire face aux
« malaises dans la civilisation ». Parmi ceux-ci figure
l'oubli. Or, les Français ont peut-être tendance à oublier
trop facilement ce qui les inquiète dans le domaine qui intéresse
l'environnement. Ainsi les résistances qu'opposent les Français
à aborder spontanément des sujets d'inquiétude, en
particulier celle engendrée par l'état de l'environnement ou par
son évolution, et leurs propensions à idéaliser
l'environnement ne peuvent nous surprendre totalement. La
« nature » qui constitue l'un des thèmes majeurs de
l'imaginaire humain et traverse les siècles comme les cultures vient
alors se substituer à la litanie des risques majeurs qu'encourent les
Français.
Aujourd'hui, les sociétés françaises sont
confrontées à des problèmes d'environnement dont la
gravité ne fait aucun doute, et dont on retrouve le caractère
d'urgence dès lors que l'on pose aux Français des questions
directes. Pourtant, ces problèmes semblent exclure l'univers mental des
Français en matière d'environnement. Ils ne semblent pas
spontanément faire le lien entre le local et le global. En cette
matière délicate qu'est ce tout interactif que l'on appelle
environnement, les Français semblent éprouver de grandes
difficultés à passer de la chose au mot. Or, les mutations
sociales, économiques et politiques qu'implique la réponse
à ces défis planétaires exigent une véritable
sensibilisation du public pour aboutir à une réelle prise en
compte de ce que recouvre la notion de l'environnement.
« Les français face au
changement climatique : paradoxe entre sensibilité avouée et
pratiques », mémoire de Master en études du
développement développé par Chloé Zambeaux
(2006).
Dans la conclusion, l'auteur de ce mémoire a
constaté que si les Français se disent sensibles au
problème du changement climatique, cette sensibilité ne se
reflète pas dans les pratiques. Il a vu que cet écart entre
sensibilité et pratiques peut s'expliquer d'une part, par le fait que
malgré la médiatisation croissante de la thématique du
changement climatique, il existe un problème important de connaissance
de ce phénomène dans l'opinion publique. D'autre part, il a mis
en évidence l'existence d'autres facteurs, internes ou externes aux
individus, qui constituent des contraintes, des obstacles au changement de
comportement en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Les résultats de ce travail ont conduits l'auteur du
travail à se poser la question suivante : quels sont les moyens dont
disposent les pouvoirs publics, mais aussi les autres acteurs de la
société française (associations, médias,
entreprises), pour favoriser les pratiques de lutte contre le changement
climatique ?
Pour lui, il aboutit en disant qu'il n'existe pas, à sa
connaissance, de solution miracle qui inciterait les Français à
s'engager dans la lutte contre l'effet de serre. Pourtant, selon lui, les
pouvoirs publics peuvent largement contribuer à créer une
nouvelle orientation des comportements individuels. Il pense qu'il existe trois
axes complémentaires d'action pour les pouvoirs publics. Il s'agit
d'informer et sensibiliser l'opinion, de créer un contexte favorable
pour le développement d'actions individuelles en faveur de la lutte
contre l'effet de serre, et de réussir à provoquer l'engagement
des citoyens grâce à des techniques de « manipulation
».
Perception des problèmes
environnementaux ; mise en évidence des indicateurs utilisés
par différents acteurs en Cité de Bunia : cas de quartiers
Lumumba, Bankoko, Salongo et Nyakasanza. Mémoire de licence en
aménagement et gestion des ressources naturelles abordé par
Bosomi Timbili Junior (2012).
Ses investigations ont été menées dans la
Cité de Bunia, plus spécifiquement dans les quartiers Bankoko,
Lumumba, Salongo et Nyankasanza d'où il a repéré certains
indicateurs que les élèves et les autres groupes sociaux
utilisent pour repérer un problème environnemental local. Ces
indicateurs s'apparentent probablement à ceux que les adultes non
spécialistes emploient pour décrire la santé de leur
milieu. Les indicateurs des élèves se limitent principalement
à l'observation sensorielle et ne sont pas tous nécessairement
scientifiques. Ils se rattachent principalement à l'apparence, à
la couleur et au mouvement des objets observés. De même, lors de
leur description d'un problème environnemental, les élèves
notent aussi des indices identifiables à l'oeil nu, c'est-à-dire
les déchets au sol et dans l'eau et les érosions.
L'auteur poursuit en disant qu'à Bunia, toutefois,
plusieurs problèmes environnementaux ont été
recensés, dont la présence des déchets au niveau des
avenues et des cours d'eau, la pollution de l'air par la poussière, les
inondations provoquées par les débordements des eaux dus aux
embâcles qui bouchent les buses et empêchent l'eau de passer
à travers ainsi que d'autres impacts de l'urbanisation. Il estime que
les élèves et même d'autres enquêtés
reconnaissent la présence de quelques-uns de ces problèmes. Les
cas de la qualité de l'eau et de la présence de déchets
à Bunia sont des exemples de problèmes dont ils sont sommairement
conscients. Cependant, les élèves ne remarquent pas le
problème de l'urbanisation qui occasionne la perte des espaces verts et
celui de la défectuosité des fosses septiques ainsi que leur
position en amont des sources et d'autres cours d'eau qui affectent ainsi la
qualité de l'eau.
En effet, dans les eaux polluées par des
matières fécales provenant d'eaux usées ou d'eaux de
ruissellement, le risque de contamination est élevé. Dans les
quartiers dans lesquels nous avons mené nos investigations, la
santé des citoyens se trouve menacée lorsque ces eaux qu'elle
utilise sont polluées. De même, les élèves semblent
ignorer les impacts environnementaux des pratiques forestières
inadéquates pourtant pratiquées dans les environs proches de la
Cité. Ainsi, les coupes abusives des forêts aux environs de Bunia
peuvent être à la base de beaucoup de problèmes
environnementaux notamment l'élévation de la température
et d'autres problèmes liées à la concentration de la
fumée dans l'air ainsi que les poussières qui peuvent irriter
certains organes humains.
Il aboutit en disant que les résultats de cette
recherche invitent la réflexion par rapport à des
stratégies pédagogiques qui permettraient d'améliorer,
chez les élèves et les autres habitants des quartiers
enquêtés, les capacités d'analyse de
l'état de leur environnement et de sa vulnérabilité. Le
renforcement de leurs connaissances environnementales et de leurs
compétences d'observation critique et de perception des risques
permettrait aux élèves de mieux prédire et gérer
les dangers ou nuisances présents dans leur milieu et s'avérerait
nécessaire pour amorcer avec eux un processus de résolution de
problèmes.
Quant à ce qui concerne ce travail, les
investigations abordent l'aspect de typologie de perception des
problèmes environnementaux par la population de Bunia, Mongbwalu et
Kasenyi. Elles essaient d'aborder aussi bien de représentation de
l'environnement par la population d'après leurs différents types
de ressources. Les problèmes environnementaux sont connus dans le
domaine scientifique, mais ce travail veut retracer le sens commun de la
population face aux problèmes environnementaux et à la
représentation de l'environnement.
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