B- La mise en place d'un gouvernement de
transition basé sur le partage de pouvoir
Au regard de la persistance de la crise à Madagascar,
il s'avère que la médiation de la Francophonie et de ses
partenaires internationaux est peu appropriée au cas malgache.
Après plusieurs tentatives, le manque de stratégie et de
pressions cohérentes, associé à l'absence d'une
réelle volonté de la part de plusieurs acteurs dans la
résolution de la crise, a une fois de plus conduit à un
échec de la médiation de la crise malgache. L'intervention de la
Francophonie à Madagascar n'a pas été très active.
La Francophonie a plus joué un rôle secondaire dans la
médiation de la crise. L'échec de la mise en oeuvre des accords
de Maputo et d'Addis-Abeba a amené les acteurs politiques malgaches
à chercher d'autres moyens alternatifs et à trouver une solution
à la crise malgache. Les acteurs politiques malgaches ont pris sur eux
la responsabilité de rechercher une solution à la crise et ont
lancé le dialogue inter malgaches. Ce dialogue a modifié les
circonstances et la dimension dans laquelle les accords de Maputo et
d'Addis-Abeba ont été négociés ce qui montre une
fois de plus que la stratégie de la Francophonie et de ses partenaires
internationaux était peu adaptée au cas malgache.
Aucour du processus de négociation, il y a eu beaucoup
de confusion quant à la signification réelle de la
consensualité. Certains acteurs politiques ont perçu la
consensualité comme l'unanimité parce qu'ils pensent qu'aucun
consensus ne pourrait être atteint s'ils étaient contre quelque
chose. A cet égard, le consensus a fini par être un blocage dans
le processus de négociation. L'équipe de médiation a
dû préciser dans la feuille de route qu'aucun parti politique
n'avait le droit de veto dans les négociations et que le consensus
pourrait être atteint lorsque la majorité des acteurs politiques
étaient d'accord. L'une des faiblesses de la Francophonie et ses
partenaires c'est d'avoir mis en place à Madagascar un gouvernement de
transition basé sur le partage de pouvoir entre les mouvances
politiques. Quand nous savons que les gouvernements basés sur un partage
de pouvoir manquent souvent de cohésion et de discipline.
Les gouvernements de ce type restent parfois en place pendant
plusieurs années et prennent des engagements à longue
échéance. Le fait de tenir uniquement de discussions
fermées entre élites et la restriction à la
participation politique des autres partis « petits partis
politiques » peut avec le temps devenir une forte
préoccupation étant donné que ces acteurs politiques
pourront exiger que leurs intérêts soient
représentés.
A ceci, il faut ajouter la non prise en compte dans les
négociations du rôle des corps de défense et de
sécurité, quand nous savons que les différents pays
où les processus électoraux ont été entachés
de fraudes massives, généralement au profit des pouvoirs
sortants, ces dérapages se sont faits sous l'oeil complice, voire avec
le concours des forces de l'ordre.
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